Un sommet de l'Union africaine (UA) a débuté, hier, à Addis Abeba pour trancher un différend qui empoisonne depuis des mois l'organisation, sur le choix du président de la Commission, son organe-clé. Les chefs d'Etat, réunis pour deux jours dans la capitale éthiopienne, vont également tenter de désamorcer les principales crises du continent, au Mali, en République démocratique du Congo (RDC) et entre les Soudans. Les présidents sud-soudanais et soudanais Salva Kiir et Omar el-Béchir se sont serrés chaleureusement la main, hier matin, à leur arrivée dans la salle de réunion .Les deux chefs d'Etat s'étaient déjà rencontrés dans la soirée d'avant-hier, pour leur première discussion directe depuis les combats frontaliers ayant mis leur pays au bord d'une guerre ouverte en mars et avril derniers. MM. Kiir et Béchir s'étaient alors serré la main, tout sourire, sans faire de déclaration à la presse. Ils se sont rencontrés et ça a été un bon entretien, avait commenté le négociateur en chef du Soudan du Sud Pagan Amum, après la rencontre. Le sommet, le deuxième à se tenir dans un nouveau siège de l'UA construit et offert cette année par la Chine, doit départager le président sortant de la Commission, le Gabonais Jean Ping, et la ministre sud-africaine de l'Intérieur Nkosazana Dlamini-Zuma, après un premier échec il y a six mois. Lors du précédent sommet, en janvier, le scrutin avait tourné au psychodrame, Jean Ping était arrivé en tête mais il avait échoué à réunir les deux-tiers des suffrages, bien que resté seul en lice au quatrième tour du scrutin l'opposant à Mme Dlamini-Zuma, ancienne chef de la diplomatie sud-africaine et ex-épouse du président sud-africain Jacob Zuma. Certains des chefs d'Etat ont déjà participé, avant-hier, à une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, afin d'examiner les principales crises en cours sur le continent. Une force de paix régionale contre les rebelles en RDC L'Union africaine est disposée à contribuer à la constitution d'une force régionale pour mettre un terme définitif aux agissements des groupes armés dans l'est de la République démocratique du Congo, a affirmé le président de la Commission de l'UA Jean Ping. M. Ping s'exprimait, hier, à l'ouverture d'un sommet de l'UA à Addis Abeba, alors que des mutins se revendiquant d'un Mouvement du 23 mars (M23) ont repoussé ces derniers mois les forces régulières de la RDC dans l'est du pays. Un rapport de l'ONU accuse le Rwanda voisin de soutenir ces rebelles, ce que Kigali dément catégoriquement. Les chefs des Etats membres de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL), une organisation régionale, ont discut,hier, de cette crise en marge du Sommet de l'UA. Ils ont notamment étudié une proposition de leurs ministres des Affaires étrangères de travailler avec l'UA (Union africaine) et l'ONU pour la mise en place immédiate d'une force internationale neutre pour éradiquer le M23 et toutes autres forces négatives dans la région des Grands lacs. M. Ping a également insisté dans son discours sur le rôle crucial des pays de la région à travers les mécanismes de paix qu'ils ont mis en place. Les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame participent au sommet de l'UA, et une rencontre entre eux n'est pas exclue afin de tenter de contribuer à mettre fin à la crise. Le CPS demande une dissolution effective de l'ex-junte au Mali Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) a réclamé, avant-hier, à Addis Abeba la dissolution effective de l'ex-junte au Mali, en dénonçant ses interférences inacceptables dans le processus de transition en cours. Le CPS demande la fin des interférences inacceptables de la junte militaire et de ses soutiens civils dans la gestion de la transition et la dissolution effective du CNRDRE (Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l'Etat ) qui avait pris le pouvoir le 22 mars à Bamako, selon les conclusions de la réunion, lues par le commissaire de l'UA à la paix et à la sécurité, Ramdhane Lamamra devant la presse. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA appelle également à la finalisation rapide de la liste des individus dont l'action entrave la transition afin de permettre l'imposition immédiate de sanctions par l'UA et la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) contre ces individus, poursuit le texte. Le CPS a également demandé au président malien de transition Diancouta Traoré et au Premier ministre Cheick Modibo Diarra d'entamer les consultations nécessaires avec les partis politiques maliens et la société civile afin de former un gouvernement élargi d'unité nationale demandé par l'UA, la Cédéao et les Nations unies. La formation de ce gouvernement marquera l'achèvement de la normalisation institutionnelle et ouvrira la voie à la levée des mesures de suspension prises par l'UA contre le Mali. Les chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest avaient déjà exigé samedi dernier un gouvernement d'union nationale au Mali d'ici au 31 juillet, sous peine de sanctions. Réuni à la veille du 19e sommet de l'UA, le CPS organe de l'UA compétent dans la réponse aux crises et conflits sur le continent - réclame également la mise en place d'une commission d'enquête sur l'agression au cours de laquelle Diancouta Traoré a été blessé le 21 mai par des manifestants hostiles à son maintien comme chef de la transition.