Les prix du pétrole progressaient, hier, en cours d'échanges européens, soutenus par le dossier iranien, après un incident impliquant un navire militaire américain dans le golfe d'Ormuz, dans un marché qui attendait par ailleurs une intervention du président de la Fed Ben Bernanke. A la mi-journée le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, échangé sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, et dont, hier, était le premier jour comme contrat de référence, valait 103,99 dollars, en hausse de 62 cents par rapport à la clôture de la veille. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août gagnait 11 cents à 88,54 dollars. "Le Brent est aidé par le regain des tensions géopolitique" au Moyen-Orient, soulignait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital, rappelant que des parlementaires iraniens avaient débattu ce week-end d'une loi visant à fermer le détroit d'Ormuz, en réaction aux sanctions internationales contre Téhéran. Alors que quelque 35% du trafic maritime pétrolier mondial transitent par ce détroit stratégique contrôlé par l'Iran, "cette rhétorique hostile ne contribue pas à la stabilité dans la région", et la nervosité du marché était renforcée par un incident impliquant, avant-hier, un navire américain dans le Golfe, poursuivait M. Kryuchenkov. Un pétrolier-ravitailleur américain a ouvert le feu, au large des côtes des Emirats arabes unis, sur un petit bateau à moteur jugé menaçant. La marine américaine a renforcé sa présence ces derniers mois dans le Golfe, en raison des tensions croissantes entre les pays occidentaux et l'Iran. "Ce type d'incident conforte la position des responsables iraniens plus conservateurs qui veulent que le pays adopte une position plus offensive contre les pays occidentaux", notamment la flotte américaine dans la région qu'ils jugent source d'insécurité, et contribue donc à attiser les tensions et à doper les cours du baril, observaient les experts du cabinet viennois JBC Energy. Par ailleurs, le marché du brut était soutenu par la perspective de voir les Etats-Unis et la Chine, les deux principaux pays consommateurs de brut de la planète, adopter de nouvelles mesures pour soutenir leurs économies à la peine. "Il semble que les commentaires dimanche du Premier ministre chinois Wen Jiabao", qui a averti que l'économie chinoise devrait faire face à des difficultés pendant encore un moment, "a alimenté les attentes de nouvelles mesures de relance et d'assouplissement monétaire" dans le pays, indiquait M. Kryuchenkov. De plus, les investisseurs seront attentifs au début, hier, d'une audition devant le Congrès américain du président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke. Il pourrait en effet distiller des indices sur de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire. Ces mesures, qui se traduisent habituellement par des injections de liquidités destinées à aider l'économie, sont susceptibles d'alimenter les investissements dans les matières premières mais aussi de diluer la valeur du dollar, ce qui rend encore plus attractifs, pour les investisseurs munis d'autres devises, les achats de brut libellés dans la monnaie américaine. "Beaucoup d'opérateurs considèrent déjà que c'est déjà acquis, et que la Fed annoncera en août sa troisième phase d'assouplissement monétaire", notait Andrey Kryuchenkov. En Asie, les cours du pétrole s'affichaient en hausse, dans les échanges matinaux, le marché tablant sur l'annonce de mesures de relance en Chine et sur fond de tensions au Moyen-Orient après un incident impliquant un navire militaire américain au large de Dubai. Lors des échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août, gagnait 17 cents à 88,60 dollars, et le baril de Brent de la mer du Nord échéance septembre (premier jour de cotation) prenait 30 cents à 103,67 dollars. Dans une note, les analystes de Phillip Futures à Singapour expliquent la hausse des cours par "les espoirs que les signes de ralentissement économique provoqueront de nouvelles mesures de relance, notamment en Chine". Pékin a enregistré au deuxième trimestre sa croissance la plus faible depuis plus de trois ans, à 7,6% sur un an, selon les chiffres publiés vendredi.