L'activité économique de l'Espagne, entrée en récession au premier trimestre, a diminué à un rythme plus intense entre avril et juin que les deux trimestres précédents, selon des estimations de la Banque d'Espagne publiées, hier, dans son bulletin mensuel. L'activité économique a reculé de 0,4%, par rapport au premier trimestre 2012 et au dernier trimestre 2011 qui avaient déjà enregistré chacun une baisse du PIB de 0,3%. Le gouvernement prévoit une contraction de l'activité de 1,5% sur l'ensemble de l'année. Les prévisions de la Banque d'Espagne sont généralement vérifiées ensuite par les chiffres officiels. Durant les derniers mois, et particulièrement en mai, l'économie espagnole a été fortement touchée par une recrudescence des tensions financières dans la zone euro, souligne la banque d'Espagne. Parmi les facteurs qui ont participé à l'aggravation de la crise de la dette souveraine figurent les doutes suscités par l'économie espagnole, en particulier sur la nécessité de recapitalisation de son système financier et sa capacité à achever son processus de consolidation fiscale selon les règles européennes, poursuit-elle. Le ministre du Budget Cristobal Montoro, a annoncé que l'économie espagnole devrait se contracter en 2012 de 1,5%, contre 1,7% prévu auparavant mais que la récession devrait se poursuivre en 2013, avec un recul du PIB de 0,5%. Le gouvernement prévoit que le pays renoue avec la croissance en 2014 avec une économie à nouveau en progression de 1,2%. Le taux à 10 ans de dépasse largement 7% . Le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne se tendait nettement, hier matin, dépassant largement les 7% pour atteindre un nouveau record, dans un marché dominé par la méfiance envers le pays qui fait face à une crise économique et financière sans précédent. Dans les premiers échanges matinaux, le rendement espagnol qui évolue en sens inverse de la demande, atteignait 7,466% (après avoir touché 7,5%), contre 7,226% vendredi en clôture, signant un nouveau plus haut depuis la création de la zone euro en 1999. Du coup, le spread, ou écart du taux à 10 ans avec l'Allemagne, établissait un record, à 643 points de base, soit 6,43 points de pourcentage. La situation de l'Espagne est au cœur des préoccupations des investisseurs qui craignent que la quatrième économie de la zone euro soit dans l'obligation de demander une aide financière globale et non plus seulement pour ses banques. Les spéculations progressent sur un plan de soutien à grande échelle, résument les économistes de Crédit Agricole CIB. Le fait que deux régions espagnoles aient demandé de l'aide au gouvernement, avec d'autres en perspectives, n'a fait que renforcer de telles inquiétudes, selon eux. Loin d'être rassurés par l'approbation des modalités du plan de secours aux banques espagnoles jusqu'à 100 milliards d'euros par la zone euro, les investisseurs se sont surtout inquiétés de la demande d'aide de la région de Valence, une des plus importantes du pays. En dehors de l'Espagne, la capacité de la Grèce à respecter ses engagements financiers est un autre facteur de crainte. Les experts de la troïka sont attendus à Athènes cette semaine alors que leur rapport déterminera si le pays recevra le nouveau prêt prévu d'ici septembre. Dans le sillage de l'Espagne, le taux long italien dépassait largement les 6% à 6,377% contre 6,150% vendredi soir. Désormais, les taux à 10 ans de l'Espagne et de l'Italie évoluent au-dessus de ceux de l'Irlande, pourtant sous assistance financière internationale. Selon les analystes, le seul espoir de court terme réside dans une intervention de la Banque centrale européenne (BCE). La préservation de l'euro fait partie de notre mandat, et pour y parvenir, nous sommes très ouverts et n'avons pas de tabous, a affirmé Mario Draghi, président de la BCE, dans un entretien au Monde.