Les Bourses européennes restaient sous tension, hier matin, après une forte chute la veille et la décision de l'agence de notation Moody's d'abaisser la perspective de la dette de trois pays européens dont l'Allemagne, pilier jusqu'ici inébranlable de la zone euro. Après avoir prudemment redressé la tête à l'ouverture, Paris gagnant 0,42%, Londres 0,38% et Francfort de 0,02%, les Bourses européennes n'ont pas tardé à fléchir mais sans décrocher. Peu après l'ouverture, Paris reculait ainsi de 0,20%, Londres de 0,23%, Francfort de 0,58%, Milan de 0,92% et Madrid de 0,84%. Après une journée marquée par une envolée record des taux d'emprunt de l'Espagne et le retour en force des inquiétudes pour la Grèce, Moody's a annoncé dans la nuit de, lundi à mardi, qu'elle abaissait de stable à négative la perspective de la dette de l'Allemagne, des Pays-Bas et du Luxembourg, trois pays qui jouissent de la note AAA, la meilleure possible. Le signal est fort car l'agence de notation rappelle à tous les pays européens que leurs liens sont aujourd'hui trop étroits pour permettre à certains d'être épargnés en cas de nouveau choc. Les Européens n'ont plus le choix, ils doivent avancer et rapidement, ont estimé les analystes du Crédit Mutuel-CIC. Cette décision ne peut qu'alimenter l'inquiétude et la volatilité des marchés, ont souligné pour leur part les analystes de BNP Paribas. Les marchés asiatiques ont trouvé de leur côté un peu de réconfort dans la publication d'un indicateur meilleur que prévu de l'activité manufacturière en Chine, mais Tokyo a quand même fini sur une baisse de 0,24%. Paris autour de l'équilibre après Moody's Après un lundi noir, la Bourse de Paris s'inscrivait à l'équilibre, hier, en début de matinée, dans un marché fragile et confronté à un nouveau choc avec l'abaissement par Moody's des perspectives de dette sur trois pays européens dont l'Allemagne. Dans les premiers échanges, le CAC 40 prenait 2,86 points pour s'inscrire à 3 108,73 points. La veille, le marché avait perdu près de 3%, inquiet de l'aggravation de la situation financière de l'Espagne et des risques accrus de sortie de la zone euro de la Grèce. Faurecia perdait 3,57% à 12,28 euros après l'annonce d'un recul de ses résultats au premier semestre. STMicroelectronics abandonnait 2,05% à 3,84 euros après que sa maison mère américaine a annoncé être tombée dans le rouge au deuxième trimestre. Après leur baisse de 4 à 5% la veille, les trois grandes banques françaises se reprenaient prudemment : la BNP Paribas continuait à céder 1,11% à 26,64 euros, mais la Société Générale s'inscrivait à l'équilibre (+0,03% à 15,67 euros) tout comme le Crédit Agricole (+0,13% à 3,03 euros). En hausse, on note TF1 (+5,79% à 6,69 euros), Publicis (+1,76% à 39,62 euros) soutenu par un relèvement de sa recommandation à "surpondérer" par Barclays. Londres : le Footsie (+0,07%) stable après l'ouverture La Bourse de Londres était stable, hier, après l'ouverture, sur fond de craintes d'une escalade de la crise dans la zone euro qui pourraient être partiellement apaisées par une contraction moins vite que prévu de l'activité manufacturière en Chine en juillet. L'indice vedette de la Bourse de Londres FTSE-100 gagnait 4,32 points (+0,07%) à 5 537,58 points, peu après l'ouverture. Les valeurs bancaires étaient une nouvelle fois malmenées à la Bourse de Londres: Royal Bank of Scotland (RBS) perdait 1,04% à 195,85 pence, devant Standard Chartered -0,96% à 1 443,5 pence, Barclays -0,62% à 151,6 pence et Lloyds Banking Group -0,72% à 29,08 pence. Le fabricant britannique de cigarettes Imperial Tobacco, qui détient, entre autres, les marques Gauloises et Gitanes, perdait 1,39% à 2 415 pence. Il a annoncé une hausse de 3% de son chiffre d'affaires sur les neuf premiers mois de son exercice décalé. Mais les ventes en volumes (équivalent cigarettes) ont baissé de 3%. Le titre du fonds d'investissement britannique Man Group bondissait de 10,63% à 76,5 pence. Il a annoncé une perte avant impôts de 164 millions de dollars au premier semestre, affecté par une révision à la baisse de la valeur de plusieurs acquisitions tandis que ses actifs sous gestion ont diminué de 58,4 milliards de dollars au 31 décembre 2011 à 52,7 milliards au 30 juin. Francfort : le Dax à l'équilibre (+0,02%) après Moody's L'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort était à l'équilibre, hier, après un avertissement surprise de l'agence Moody's sur la solvabilité de trois pays dont l'Allemagne. Il évoluait en baisse de 0,02% à 6 418,01 points dans les premiers échanges, après avoir subi une forte baisse de plus de 3% la veille, tandis que le MDax des valeurs moyennes reculait de 0,08% à 10 418,68 points. En l'absence de publication d'indicateurs de référence, le marché devait donc garder les yeux braqués sur une rencontre, hier, "dans la soirée" entre le ministre espagnol de l'Economie Luis de Guindos et le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, alors que les taux d'emprunts espagnols battaient de nouveaux records à la hausse la veille. Sur le Dax, le titre SAP, qui a confirmé, hier, ses bons résultats semestriels, prenait la tête des valeurs, s'affichant en hausse de 1,28% à 49,685 euros. Derrière lui, le groupe allemand spécialisé dans la santé Fresenius Kabi caracolait à la hausse, de +1,09% à 84,35 euros, soutenu par son acquisition annoncée vendredi de l'américain Fenwal, l'un des leaders mondiaux dans la technologie de transfusion de sang. Les valeurs bancaires Commerzbank et Deutsche Bank réussissaient à se maintenir dans le vert, en hausse modérée. A l'inverse, les assureurs, très exposés à la crise en zone euro chutaient. Allianz terminait bon dernier, en repli de 2,74% à 73,82 euros et Münchener Rückversicherung reculait de 0,73% à 108,75 euros. Les valeurs automobiles étaient également toutes orientées à la baisse après une forte hausse la semaine précédente. Suisse : ouverture plus ferme, données chinoises bien accueillies La Bourse suisse a ouvert, hier, sur une note positive, corrigeant les pertes des deux précédentes séances. Dans les premiers échanges, le SMI gagnait 0,23% à 6 194,76 points. Le SLI montait de 0,20% à 910,52 points et le SPI de 0,35% à 5 743,95 points. Swatch montait de 2,6% à 371,00 francs, plus bas du jour, après un plus haut à 376,30 francs. Les investisseurs ont été convaincus par des résultats meilleurs que prévu au 1er semestre et par les prévisions du géant horloger. Le groupe offre clairement plus de chances que de risques. Dans leurs premiers commentaires, les analystes parlent de bons résultats, mais pas surprenants. Ils saluent les progrès réalisés au niveau des coûts par rapport au 2e semestre 2011. Dans le sillage de Swatch, Richemont gagnait 1,1%. Les valeurs sensibles à la conjoncture profitaient des données en provenance de Chine et effaçaient une partie des pertes de la veille. Givaudan gagnait 0,8%, Kühne+Nagel 0,8% aussi, Schindler 0,7% et ABB 0,5%. Clariant gagnait 0,2% et Logitech 0,4%. A part Julius Bär (+0,1%), les financières évoluaient dans le rouge. Deutsche Bank et Nomura ont légèrement relevé l'objectif de cours de Julius Bär après les chiffres. CS perdait 0,9%. CS a publié son rapport trimestriel, où il a notamment fait état de provisions de 29 millions de francs pour les affaires juridiques, après 68 millions de francs au 1er trimestre. Actuellement, la banque n'a aucune raison matérielle de croire qu'elle est impliquée dans le scandale du libor, a-t-elle encore précisé. UBS cédait 0,3%. Swiss Re (-0,7%) était également dans le rouge. Le français Scor a publié de bons chiffres semestriels. Swiss Re publiera pour sa part ses chiffres du 2e trimestre le 9 août prochain. Swiss Life reculai de 0,1%, Zurich de 1,3% à 210,50 francs. CS a réduit l'objectif de cours de Zurich à 247 de 255 francs. Les poids lourds Nestlé (+0,6%), Novartis (+0,2%) et Roche (+0,5%) soutenaient bien l'indice. Sur le marché élargi, Also-Actebis (inchangé) a publié ses chiffres intermédiaires, tout comme Micronas (+3,3%). Austriamicrosystems (+7,3% à 79,05 francs) a présenté ses chiffres pour le 2e trimestre la veille. Dans la foulée, Vontobel a relevé l'objectif de cours à 94 de 84 francs. Tokyo perd 0,24%, toujours inquiète de la crise en Europe La Bourse de Tokyo a terminé, hier, en léger recul de 0,24%, sur un marché toujours miné par la force du yen liée aux incertitudes concernant la crise de la dette en Europe.L'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a perdu 20,23 points (-0,24%) à 8 488,09 points, son plus bas niveau en six semaines. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part cédé 2,95 points (-0,41%) à 717,67 points. L'activité a été plutôt faible avec 1,54 milliard de titres échangés sur le premier marché. "C'est clairement l'Europe qui pèse le plus sur les marchés", a commenté Hideyuki Ishiguro, un trader d'Okasan Securities. Le yen, qui avait atteint la veille son plus haut niveau en près de douze ans face à la monnaie européenne, s'est légèrement replié mais restait sous la barre des 95 yens pour un euro au moment de la clôture de la Bourse, un niveau très pénalisant pour les exportateurs japonais. L'euro pâtit de la dégradation de la situation financière de l'Espagne, où les taux d'emprunt atteignent des sommets. L'agence de notation Moody's a aggravé le pessimisme des investisseurs en abaissant à "négative" la perspective de la note de l'Allemagne, premier pas vers la perte du triple A dont jouit actuellement la première économie européenne. Les actions des groupes japonais dépendants du marché européen ont connu une nouvelle mauvaise journée. Canon a perdu 1,46% à 2 702 yens, Olympus 2,82% à 1 309 yens, Nintendo 2,13% à 8 280 yens. L'indice PMI des directeurs d'achat en Chine, qui a montré que l'activité manufacturière a subi en juillet sa plus faible contraction en cinq mois, n'a pas suffi à redonner du tonus au marché nippon. L'annonce a toutefois permis aux titres de quelques entreprises japonaises très liées au marché chinois d'échapper à la morosité ambiante: Komatsu a gagné 0,97% à 1 671 yens, et Kawasaki Heavy Industries 2,19% à 187 yens. Toshiba a chuté de 5,43% à 261 yens après avoir annoncé une réduction de 30% de sa production de mémoires NAND dans une de ses usines, en raison de la saturation du marché et des prix de vente en baisse.
