Les prix des métaux industriels échangés au London Metal Exchange (LME) ont terminé en baisse une semaine en dents de scie, déstabilisés par les nouvelles turbulences de la zone euro, dans un marché s'interrogeant sur de possibles interventions des banques centrales. Les cours des métaux industriels ont nettement piqué du nez en début de semaine, à l'unisson des autres marchés des matières premières, ébranlés par un nouveau regain d'inquiétude pour la zone euro, et en particulier sur l'Espagne, dont les taux d'emprunt à 10 ans se sont envolés à des niveaux records. Alors que des régions espagnoles appellent désormais à l'aide le gouvernement espagnol, les investisseurs redoutent de voir Madrid, qui a de plus en plus de mal à se financer sur les marchés, contraint de demander un plan de secours extérieur. Le renforcement du dollar, tombé mardi à son plus bas niveau depuis deux ans face à un euro sous pression, rendait d'autant moins attractifs les achats de métaux, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. Publié mardi, "un indicateur manufacturier chinois meilleur que prévu pour juin suggère que l'activité économique dans le pays (premier consommateur mondial de métaux de base) a continué de s'amélioré", mais le marché n'en a guère profité, a observé Gayle Berry, analyste de Barclays Capital. En effet, l'activité manufacturière a continué de se contracter en juin, même si moins fortement que les mois précédents, et "les inquiétudes persistantes sur la crise espagnole ont continué de tirer les prix vers le bas", a noté Mme Berry. "Le spectre d'une aggravation de la crise de la zone euro reste important, alors que s'accroissent les dangers d'une possible sortie de la Grèce et un plan d'aide total de l'Espagne. Ces risques sont clairement une menace pesant sur les prix des métaux de base", a souligné Nic Brown, expert de Natixis. Mais un environnement économique morose "peut aussi renforcer la perspective de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire par la Réserve fédérale américaine (Fed)" pour soutenir la croissance, ce qui serait de nature à stimuler les investissements dans les matières premières, a-t-il ajouté. Alors que les marchés s'interrogent sur de possibles mesures de la Fed lors de sa réunion de politique monétaire mardi et mercredi, les investisseurs ont décortiqué cette semaine l'annonce du Produit intérieur brut (PIB) américain au deuxième trimestre, meilleur que prévu, mais marquant un net ralentissement. En revanche, des propos encourageants du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, qui a déclaré jeudi que son institution était "prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro", ne sont pas parvenus à soutenir durablement les prix des métaux. "Malgré un sursaut après ces commentaires, les prix ont rapidement effacé leurs gains, pâtissant de prises de bénéfices", ce qui témoigne de la défiance persistante des investisseurs envers la zone euro, a indiqué James Moore, analyste du cabinet Fast Markets. Le CUIVRE parvenait à limiter son repli grâce aux tensions persistantes sur l'offre de métal rouge, "les stocks mondiaux sur les marchés des métaux (de Londres et de Shanghai, ndlr) équivalant actuellement à tout juste une semaine de la consommation mondiale", a relevé Nic Brown. Le NICKEL a glissé mardi à 15'470 dollars la tonne, son plus bas niveau depuis juillet 2009. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 7 537 dollars la semaine contre 7 603 dollars une semaine plus tôt vers la même heure. L'aluminium valait 1 888 dollars la tonne contre 1 912 dollars. Le plomb valait 1 900 dollars la tonne contre 1 901 dollars. L'étain valait 18 035 dollars la tonne contre 19 050 dollars. Le nickel valait 15 930 dollars la tonne contre 15 953 dollars. Le zinc valait 1 840 dollars la tonne contre 1 852 dollars.