Le directeur de l'Agence fédérale belge de contrôle nucléaire (AFCN) Willy de Roovere s'est déclaré sceptique cette semaine quant à la possibilité de relancer le réacteur numéro 3 de la centrale nucléaire belge de Doel, près d'Anvers, à l'arrêt depuis la découverte d'anomalies dans sa cuve. Je suis assez sceptique pour le moment, a-t-il déclaré à la radio publique RTBF en réponse à une question sur la possibilité de réutiliser la cuve du réacteur après la découverte d'anomalies. Il reste quand même la possibilité de prouver que je me trompe, a-t-il toutefois précisé. Mais il y a un peu trop de défectuosités à notre goût, a-t-il averti. Selon, les médias, une fissure de 15 à 20 millimètres a été décelée dans la cuve lors d'un contrôle de routine. Cette information n'a pas été démentie. Une éventuelle réparation de la cuve est pratiquement impossible et n'est pas l'option à retenir, parce qu'il est à craindre qu'une telle opération fasse apparaître de nouvelles tensions dans la paroi de la cuve, ce qu'il faut absolument éviter, soutient l'AFCN. Un remplacement de la cuve est extrêmement difficile (dose élevée de rayonnements) et n'a jamais eu lieu où que ce soit dans le monde, précise l'AFCN. Les contrôles ont montré des défauts dans le matériau de base en acier de la cuve. Le fabriquant, le groupe néerlandais Rotterdamsche Droogdok Maatschappij (RDM), qui a depuis cessé ses activités, a équipé une dizaine de réacteurs en Europe. La centrale belge de Tihange, près de Liège, est ainsi concernée. L'autorité espagnole a pour sa part indiqué que les réacteurs de Garona et Cofrentes avaient des installations similaires. L'autorité suisse a confirmé que la firme néerlandaise avait équipé le réacteur de Mühleberg et son homologue suédoise a précisé que le réacteur numéro 2 de la centrale Ringhals avait le même type de cuve. L'autorité des Pays-Bas a pour sa part précisé que la firme RDM avait fourni la cuve du réacteur de Borssele, mais qu'elle ne l'avait pas fabriqué. Le groupe néerlandais est également intervenu en Allemagne, a-t-on appris de source informée. Mais les deux réacteurs concernés ne sont plus en activité, a précisé un porte-parole du ministère allemand de l'Environnement. Le pays compte neuf réacteurs en activité et aucun n'est équipé avec ces cuves, a souligné ce porte-parole. Des représentants des autorités chargées de la sécurité nucléaire des pays concernés se réuniront le 16 août à Bruxelles pour un échange d'informations, a indiqué l'AFCN. Il s'agira d'une réunion technique, a insisté l'agence belge. Chaque pays est responsable de ses centrales. Une inspection de routine est programmée en septembre pour le réacteur numéro de 2 de la centrale belge de Tihange. La Suisse a également prévu un contrôle à Mühleberg. Les Néerlandais en revanche n'ont pas encore décidé si une inspection du réacteur de Borssele s'avérait nécessaire, a indiqué cette semaine une porte-parole du ministère de l'Economie. La Commission européenne plaide pour de telles inspections, mais n'a pas le pouvoir de les imposer. Elles devraient permettre de déterminer si les défectuosités décelées dans le réacteur de la centrale belge de Doel sont propres à cette cuve ou s'il s'agit de défaut de fabrication. L'enjeu est lourd, car la mise à l'arrêt de Doel 3 et de Tihange 2 va priver la Belgique d'un tiers de sa production d'électricité. Si les deux réacteurs devaient être arrêtés définitivement, une possibilité envisagée par l'AFCN, le groupe Electrabel (filiale du français GDF-Suez) qui exploite les sept réacteurs nucléaire en activité dans le royaume a assuré que le nécessaire serait fait pour assurer les approvisionnements via les autres centrales du groupe en France et des achats sur le marché.