GDF Suez, qui exploite les sept réacteurs nucléaires belges via sa filiale Electrabel, a dit attendre de connaître les conditions économiques d'exploitation de ces centrales résultant des dernières décisions du royaume, avant de décider des mesures à prendre. Le gouvernement belge a annoncé un aménagement de son plan de sortie du nucléaire, en décidant de prolonger de dix ans l'un de ses sept réacteurs, qui devait fermer en 2015, tout en accroissant la concurrence entre fournisseurs. Cette décision se fait au détriment d'Electrabel qui va devoir mettre une partie de sa production nucléaire à disposition de ses rivaux. Une porte-parole de GDF Suez a indiqué prendre acte de la décision et regretter qu'elle ne respecte pas les engagements pris dans le protocole d'accord conclu en octobre 2009 entre l'Etat belge et le groupe. Ce protocole prévoyait une prolongation des réacteurs belges les plus anciens en échange du paiement par leur exploitant d'une rente nucléaire de plus de 200 millions d'euros par an. GDF Suez attend les conditions économiques précises qui découleront de cette décision pour étudier son impact sur les clients, les collaborateurs et les actionnaires du groupe, et il décidera des mesures à prendre à l'issue de l'étude de ces impacts, a ajouté la porte-parole de GDF Suez. La Belgique va réaménager son plan de sortie du nucléaire Le gouvernement belge a annoncé un aménagement de son plan de sortie du nucléaire en décidant de prolonger de dix ans l'un de ses sept réacteurs et en accroissant la concurrence entre fournisseurs dont le plus important est Electrabel, filiale du Français GDF Suez. Le gouvernement choisit la clarté et la sécurité, a déclaré le Premier ministre, Elio Di Rupo (PS), à l'issue d'un conseil des ministres restreint consacré au dossier très sensible du nucléaire. Avant d'être avalisées, ces propositions vont être débattues au sein de la coalition au pouvoir, qui rassemble six partis de gauche, du centre et de droite de Flandre et de Wallonie. Elles adaptent la décision stratégique prise en 2003 de sortir à terme du nucléaire, qui fournit environ 52% de l'électricité du pays. La Belgique compte actuellement sept réacteurs: quatre sur le site de la centrale de Doel, en Flandre, et trois sur celui de Tihange en Wallonie. Le plan présenté par le secrétaire d'Etat à l'Energie, Melchior Wathelet, prévoit la fermeture en 2015 de deux réacteurs de Doel ouverts en 1975. En revanche, le plus vieux de Tihange, datant également de 1975, sera prolongé de dix ans, ce qui devrait porter sa durée de vie à 50 ans. Cette décision a été prise afin d'éviter le risque que 500 000 à 1 million d'habitants ne soient plongés dans le noir à certains moments pendant l'hiver, a expliqué le gouvernement. Les quatre autres réacteurs belges, mis en service entre 1982 et 1985, devraient être fermés entre 2022 et 2025. Ces nouvelles dispositions ont été vivement critiquées par les écologistes, qui siègent dans l'opposition. Absolument rien n'imposait une telle prolongation d'un des trois plus vieux réacteurs, à part le montant de la rémunération des actionnaires du secteur, a dénoncé le parti Ecolo. Electrabel dicte trop la politique de l'énergie en Belgique, a ajouté le co-président du parti, Olivier Deleuze. Le gouvernement a par ailleurs décidé de mettre 1 000 mw nucléaires à la disposition du marché pour accroître la concurrence entre les fournisseurs et permettre les prix les plus bas possibles aux consommateurs et aux entreprises. Il s'attaque ainsi à la prédominance d'Electrabel, l'ancien monopole, qui exploite tous les sites nucléaires du royaume et contrôle environ 60% du marché de l'énergie, une part en recul en raison de la concurrence de sociétés privées comme EDF Luminus, Nuon ou Essent. Le P-DG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, avait prévenu, lundi dernier, que son groupe ne consentirait à faire les investissements nécessaires à une prolongation de la durée de vie de réacteurs que s'ils étaient rentables.