La zone euro a sans surprise vu son activité légèrement se contracter au deuxième trimestre et se rapproche de la récession, qu'elle a jusqu'ici évitée de justesse depuis le début de la crise de la dette. Selon une première estimation publiée, hier, par l'office européen de statistiques Eurostat, le Produit intérieur brut de la zone euro a reculé de 0,2% au deuxième trimestre après avoir stagné au trimestre précédent (0%). En comparaison avec le même trimestre de l'année précédente, le PIB a enregistré une baisse de 0,4% dans la zone euro. Ces chiffres sont conformes aux attentes des analystes mais révèlent des grandes disparités entre pays, certains s'enfonçant dans la récession comme l'Espagne (-0,4% au deuxième trimestre), l'Italie (-0,7%) et Chypre (-0,8%) tandis que d'autres se montrent résistants, comme l'Allemagne ,dont l'économie a crû de 0,3% au deuxième trimestre malgré un léger ralentissement. La principale surprise est la croissance de 0,3% de l'économie allemande mais la France, qui a vu son activité stagner, et les Pays-Bas (+0,2%) ont également fait un peu mieux que prévu, souligne Jonathan Loynes de Capital Economics. Du côté des points négatifs: l'économie s'est fortement contractée en Belgique (-0,6% au deuxième trimestre) et en Finlande (-1,0%), deux pays qui s'étaient jusqu'ici montré résistants, preuve que la crise de la dette continue de s'étendre au sein des 17 pays de la zone euro. La situation ne devrait guère s'améliorer: les analystes s'attendent tous à un nouveau recul du PIB au troisième trimestre, autour de -0,3%, qui signerait officiellement l'entrée de la zone euro en récession. Pour l'Union monétaire, il s'agirait du deuxième épisode de récession en trois ans, après être revenue à la croissance au troisième trimestre 2009. Une période de récession est constatée lorsque le PIB se contracte pendant deux trimestres consécutifs. La zone euro l'a jusqu'ici évitée de justesse car elle avait enregistré un recul de son PIB au quatrième trimestre (-0,3%) mais avait ensuite vu son activité stagner au premier trimestre 2012. Le tableau d'ensemble n'a pas changé: le manque de croissance dans la zone euro et la profonde récession des pays de la périphérie (les plus faibles de la zone euro, ndlr) entravent les efforts de consolidation budgétaire et font durer la crise de la dette, estime l'économiste de Capital Economics. Même si le ralentissement de l'inflation et une certaine accalmie des tensions sur le marché de la dette permettent à l'économie de la zone euro de se stabiliser au quatrième trimestre, l'activité devrait se contracter de 0,5% sur l'ensemble de l'année 2012, avance Howard Archer de IHS Global Insight. Seules lueurs d'espoir, selon l'économiste: la baisse des prix du pétrole et le repli de l'euro pourraient favoriser la consommation et stimuler la compétitivité de la zone euro, mais pas suffisamment pour inverser la tendance. Concernant l'ensemble de l'Union européenne, le PIB s'est replié de 0,2% au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent et par rapport à la même période un an plus tôt. La zone euro et l'Union européenne restent à la traîne: au deuxième trimestre, le PIB des Etats-Unis a progressé de 0,4% (après +0,5% au premier trimestre). Au Japon, le PIB a augmenté de 0,3% (après +1,3%). La production industrielle en baisse de 0,6% en juin La production industrielle a reculé de 0,6% en juin dans la zone euro, après avoir augmenté de 0,9% en mai, a indiqué, hier, l'office européen des statistiques Eurostat. Le chiffre du mois de mai a été révisé à la hausse: selon une première estimation, la production industrielle avait progressé de 0,6% sur la période. Le recul constaté en juin tient à la forte baisse de la production des biens d'investissement (-1,3%), des biens de consommation non durables (-0,7%) et dans une moindre mesure, au recul de la production de biens intermédiaires (-0,4%). En revanche, les biens de consommation durables ont progressé de 0,2% et la production d'énergie s'est accrue de 0,4%. Parmi les Etats de la zone euro pour lesquels des données sont disponibles, les baisses les plus importantes ont été enregistrées en Estonie (-1,7%) et en Italie (-1,4%). A l'inverse, les plus fortes hausses ont été recensées en Slovénie (+2,9%) et en Irlande (+2,7%). Dans l'ensemble de l'Union européenne, la production industrielle a diminué de 0,9% en juin. Sur un an, elle a baissé de 2,1% dans la zone euro et de 2,2% dans l'Union européenne.