L'activité du secteur privé dans la zone euro s'est encore contractée en août, pour le septième mois consécutif, signe d'une probable récession au 3e trimestre, selon une première estimation de l'indice PMI publiée cette semaine. L'indice PMI composite s'inscrit à 46,6, quasiment inchangé par rapport à juillet (46,5) et le repli de l'activité touche l'ensemble de la zone euro, notamment ses deux principales économies, l'Allemagne et la France, selon le cabinet Markit qui le publie. Lorsque l'indice PMI dépasse 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se contracte s'il est inférieur à ce seuil. L'indice "reflète la thèse dominante selon laquelle l'économie s'enfonce dans une nouvelle récession au cours du 3e trimestre 2012", note Rob Dobson, économiste à Markit. "Ensemble, les indices de juillet et août semblent conformes à une baisse trimestrielle du PIB de l'ordre de 0,5 ou 0,6%", selon lui, et "il faudrait donc un rebond substantiel en septembre pour contredire ces prévisions". Cet indice "ne fait rien pour démentir l'idée que la zone euro est désormais fermement ancrée en récession", abonde Jonathan Loynes, de Capital Economics. Markit relève que l'activité recule aussi bien dans le secteur manufacturier que dans celui des services, même si la contraction ralentit légèrement par rapport à juillet dans le secteur manufacturier, atteignant un plus haut de quatre mois, alors qu'elle s'accélère dans les services. De même, si l'activité recule dans les deux principales économies de la zone euro, la contraction ralentit en France tandis qu'elle s'accélère en Allemagne. "Les espoirs selon lesquels la puissance économique allemande pourrait participer à la reprise de la zone euro ont été anéantis par l'accélération de sa contraction économique et par de nouveaux signes d'un recul des exportations, traditionnel moteur de la croissance outre-Rhin", pointe M. Dobson. Le tableau général présente cependant quelques notes positives: sur le marché du travail allemand, les effectifs progressent légèrement après un faible recul en juillet. Et en France, la confiance des prestataires de services s'améliore, signe d'un "fort regain d'optimisme", selon Markit. Pour Jonathan Loynes, cependant, l'indice d'août "rappelle une fois de plus que le manque chronique de croissance économique dans la zone euro va continuer à entraver les efforts entrepris pour mettre fin à la crise de la dette". "La combinaison entre tensions sur les marchés financiers et austérité budgétaire demeure un frein important à la demande intérieure dans la zone euro, et la demande extérieure est trop faible pour avoir un effet compensateur", souligne Julien Manceaux, analyste d'ING, pour qui "le seul acteur capable de contrer ces tensions sur les marchés à court terme reste la BCE". Il s'attend à ce que celle-ci, outre des interventions sur le marché obligataire, baisse ses taux de 25 points de base avant la fin de l'année.