Pour sa première grande sortie hors du Monde arabe, le président égyptien Mohamed Morsi a souhaité, hier, à Pékin, développer les échanges avec la Chine, espérant relancer les investissements dans son pays confronté à une situation économique préoccupante. Investi le 30 juin, M. Morsi a été accueilli au Grand palais du peuple par son homologue chinois Hu Jintao. La presse officielle chinoise a relevé le fait que le nouveau leader égyptien a choisi la Chine pour sa première visite d'Etat hors de sa région, estimant que cela marquait une volonté du Caire de rééquilibrer ses relations diplomatiques. Une attention également notée par M. Hu. Le fait que vous ayez choisi la Chine parmi vos tout premiers pays à visiter montre que vous attachez une grande importance au développement des relations sino-égyptiennes, a déclaré le chef de l'Etat chinois. L'Egypte et la Chine ont toutes deux une civilisation ancienne, ce qui forme un bon socle pour nos échanges, a répondu le premier président civil d'Egypte. Lors de sa visite en Chine qui se poursuivra jusqu'à demain, Mohamed Morsi aura des entretiens avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao, le président de l'Assemblée nationale populaire Wu Bangguo, et le vice-président Xi Jinping. Plusieurs grands projets industriels et technologiques doivent être discutés lors de la visite de M. Morsi en Chine. Selon Nabil Abel Hamid, assistant du ministre égyptien du Plan, des mémorandums doivent être signés pour sept grands projets dont une centrale électrique à Kom Ombo, en Haute-Egypte, 27 silos à grains, une usine de dessalement de l'eau de mer à Marsa Matrouh (nord), des boulangeries industrielles, ou encore le développement de l'internet haut débit. L'Egypte va d'après lui également proposer à la Chine d'étudier la réalisation d'un train à grande vitesse qui mettrait Le Caire à 40 mn d'Alexandrie (Nord), la deuxième ville du pays, et pourrait se prolonger en Haute-Egypte. Les entreprises chinoises, d'Etat ou privées, ont considérablement accru ces dernières années leur présence sur le continent africain, que ce soit pour extraire du pétrole ou des matières premières, construire des stades, des hôpitaux, des routes ou des barrages. Le porte-parole de M. Morsi, Yasser Ali, a déclaré que l'objectif était d'attirer davantage d'investissements chinois en Egypte, car ils ne correspondent pas aux excédents dégagés par l'économie chinoise. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s'est élevé en 2011 à 9 milliards de dollars, l'Egypte a exporté pour 1,5 milliard vers la Chine, et importé pour 7,5 milliards depuis ce pays, selon des chiffres gouvernementaux égyptiens. Le développement des échanges avec la Chine était déjà un axe prioritaire durant les dernières années au pouvoir du président Hosni Moubarak, renversé en février 2011. Les échanges entre les deux pays étaient ainsi passés de 610 millions de dollars en 1998 à quelque 6,2 milliards dix ans plus tard. Le président égyptien doit poursuivre son voyage avec une brève escale, demain, à Téhéran pour le sommet du mouvement des Non-Alignés. Il s'agira de la première visite d'un président égyptien en Iran depuis la rupture diplomatique entre les deux pays il y a 32 ans.