Pour sa première grande sortie hors du monde arabe, le président égyptien Mohamed Morsi a souhaité à Pékin développer les échanges avec la Chine, espérant relancer les investissements dans son pays confronté à une situation économique préoccupante. Investi le 30 juin, M. Morsi a été accueilli au grand palais du peuple par son homologue chinois Hu Jintao. La presse officielle chinoise a relevé le fait que le nouveau leader égyptien avait choisi la Chine pour sa première visite d'Etat hors de sa région, estimant que cela marquait une volonté du Caire de rééquilibrer ses relations diplomatiques. Une attention également notée par M. Hu. «Le fait que vous ayez choisi la Chine parmi vos premiers pays à visiter montre que vous attachez une grande importance au développement des relations sino-égyptiennes», a déclaré le chef de l'Etat chinois. «L'Egypte et la Chine ont toutes deux une civilisation ancienne, ce qui forme un bon socle pour nos échanges», a répondu le premier président civil d'Egypte. Les deux dirigeants ont ensuite présidé la signature d'accords concernant notamment les secteurs de l'agriculture, des télécommunications, du tourisme et de la recherche scientifique. La Chine a promis de fournir à l'Egypte des véhicules de police. La visite de Mohamed Morsi en Chine démontre que l'Egypte «entend faire comprendre qu'elle va diversifier son portefeuille de relations (diplomatiques)», a commenté le professeur Peter Mandaville, de l'université George Mason (Etats-Unis). «Sur le court terme, il me semble évident que l'Egypte, vu sa situation économique, a désespérément besoin d'investissements chinois consistants», a ajouté cet expert de l'Egypte. Lors de sa visite en Chine jusqu'à jeudi, Mohamed Morsi aura des entretiens avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao, le président de l'Assemblée nationale populaire Wu Bangguo, et le vice-président Xi Jinping, qui devrait très vraisemblablement succéder à Hu Jintao au tournant 2012-2013. Selon Nabil Abel Hamid, assistant du ministre égyptien du Plan, des accords doivent aussi être signés pour sept grands projets dont une centrale électrique à Kom Ombo, en Haute-Egypte, 27 silos à grains, une usine de dessalement de l'eau de mer à Marsa Matrouh (nord), des boulangeries industrielles, ou encore le développement de l'internet haut débit. L'Egypte va d'après lui également proposer à la Chine d'étudier la réalisation d'un train à grande vitesse qui porterait Le Caire à 40 minutes d'Alexandrie (nord), la deuxième ville du pays, et pourrait se prolonger en Haute-Egypte. Les entreprises chinoises, d'Etat ou privées, ont considérablement accru ces dernières années leur présence sur le continent africain, que ce soit pour extraire du pétrole ou des matières premières, construire des stades, des hôpitaux, des routes ou des barrages. Le porte-parole de M. Morsi, Yasser Ali, a déclaré que l'objectif était «d'attirer davantage d'investissements chinois en Egypte, car ils ne correspondent pas aux excédents» dégagés par l'économie chinoise. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s'est élevé en 2011 à 9 milliards de dollars, l'Egypte exportant pour 1,5 milliard vers la Chine et important pour 7,5 milliards depuis ce pays, selon des chiffres gouvernementaux égyptiens. Le développement des échanges avec la Chine était déjà un axe prioritaire durant les dernières années au pouvoir du président Hosni Moubarak, renversé en février 2011. Les échanges entre les deux pays étaient ainsi passés de 610 millions de dollars en 1998 à quelque 6,2 milliards dix ans plus tard. M. Morsi, issu du mouvement des Frères musulmans, est confronté à une situation économique préoccupante depuis la révolte anti-Moubarak, avec notamment une chute des investissements étrangers. Le président égyptien doit poursuivre son voyage avec une brève escale demain à Téhéran pour le sommet du mouvement des non-alignés.