Le développement des investissements chinois et plusieurs grands projets industriels et technologiques sont au coeur d'une visite du président égyptien Mohamed Morsi en Chine à partir d'aujourd'hui, selon la presse et des officiels. M.Morsi devait quitter le Caire hier soir pour entamer le lendemain cette visite de trois jours, sa première en dehors du monde arabe depuis sa prise de fonctions fin juin, qui le conduira également en Iran. Selon Nabil Abdel Hamid, assistant du ministre du Plan, des mémorandums doivent être signés pour sept grands projets dont une centrale électrique à Kom Ombo, en Haute-Egypte, 27 silos à grains, une usine de dessalement de l'eau de mer à Marsa Matrouh (nord), des boulangeries industrielles, ou encore le développement de l'Internet haut débit. L'Egypte va également proposer à la Chine d'étudier la réalisation d'un train à grande vitesse qui mettrait Le Caire à 40 mn d'Alexandrie (nord), la deuxième ville du pays, et pourrait se prolonger en Haute-Egypte, a-t-il ajouté dans le quotidien gouvernemental Al-Ahram. Le porte-parole de M. Morsi, Yasser Ali, a quant à lui déclaré que l'objectif était «d'attirer davantage d'investissements chinois en Egypte, car ils ne correspondent pas aux excédents» dégagés par l'économie chinoise. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s'est élevé en 2011 à 9 milliards de dollars, l'Egypte exportant pour 1,5 milliard vers la Chine, et important pour 7,5 milliards depuis ce pays, selon des chiffres gouvernementaux. Le développement des échanges avec la Chine était déjà un axe prioritaire durant les dernières années au pouvoir du président Hosni Moubarak, renversé en février 2011. Les échanges entre les deux pays étaient ainsi passés de 610 millions de dollars en 1998 à quelque 6,2 milliards dix ans plus tard. M.Morsi, issu du mouvement des Frères musulmans, est confronté à une situation économique préoccupante depuis la révolte anti-Moubarak de l'an dernier, avec notamment une chute des investissements étrangers. Le président égyptien doit poursuivre sa visite avec une brève escale jeudi à Téhéran pour le sommet du mouvement des Non-alignés, où l'Egypte passera la présidence de cette organisation à l'Iran. Il s'agira de la première visite d'un président égyptien en Iran depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays il y a 32 ans, au cours de la révolution islamique iranienne. Le Caire a toutefois fait savoir que la visite de M.Morsi serait uniquement consacrée au sommet des Non-alignés. Par ailleurs, avant son départ pour la Chine, le président Morsi, a nommé hier un intellectuel chrétien copte et une femme professeur d'université comme «assistants présidentiels», a annoncé son porte-parole, Yasser Ali. Samir Morcos, écrivain copte libéral, engagé dans le dialogue entre islam et chrétienté, a été nommé «assistant pour la transition démocratique», tandis que Pakinam al-Charkaoui, professeur de sciences politiques à l'université du Caire, sera «assistante pour les affaires politiques». Deux autres personnalités ont été choisies dans le camp islamiste: le dirigeant du parti salafiste al-Nour, Emad Abdel Ghafour, sera «assistant chargé des relations avec la société civile», et un responsable du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation des Frères musulmans, Essam al-Haddad, sera chargé des «relations extérieures et de la coopération internationale». M.Morcos appartient à une communauté, les chrétiens d'Egypte, qui représente 6 à 10% de la population, largement hostile aux Frères musulmans dont vient M.Morsi. Mme Charkaoui porte le voile et, sans être affiliée à un parti islamiste, affirme dans un entretien hier au journal indépendant al-Masri al-Youm que les Frères musulmans «sont l'une des expressions d'un islam modéré». Le parti salafiste al-Nour (la Lumière) de M. Ghafour avait quant à lui créé la surprise en remportant près de 20% des sièges lors des législatives de l'hiver dernier. M.Haddad vient quant à lui de la formation - le PLJ - que dirigeait M.Morsi avant son élection à la présidence.