Les compagnies nationales ne parlent que de cela. Cardif, vient d'obtenir un agrément pour ouvrir une filiale, baptisée Cardif El Djazaïr (Algérie). Une arrivée saluée par le secteur comme un véritable événement. " C'est un signal fort qui confirme les potentialités de notre marché ", se réjouit Abdelmadjid Messaoudi, le secrétaire général du Conseil national des assurances (CNA). Serge Ribes, directeur de FSA Re, courtier en réassurance, invite au constat : " Regardez, les hôtels d'Alger sont pleins. Les hommes d'affaires se succèdent, prêts à se placer sur un marché en pleine expansion. " Lui qui, depuis 1998, parcourt l'Algérie, parie sans la moindre hésitation sur l'arrivée prochaine d'autres opérateurs européens. Et d'énumérer volontiers tous les facteurs qui, selon lui, lui donneront prochainement raison. À commencer par les richesses pétrolières, qui créent un contexte économique favorable. Le taux d'épargne des ménages (17 %) n'a jamais été aussi élevé. Le parc automobile est en plein renouvellement - on estime à 200 000 le nombre de véhicules immatriculés cette année -, dopé par un large accès au crédit à la consommation. Dans le cadre d'un programme d'investissements de plus de 100 milliards d'euros, de vastes chantiers sont lancés, notamment la construction d'un million de logements. Sans compter l'arrivée des entreprises étrangères - depuis le début l'année, 300 entreprises françaises se sont installées en Algérie -, qui apportent avec elles leur culture dans le domaine de la prévoyance collective. " Toute cette activité va dynamiser le marché des assurances en général et des assurances de personnes en particulier ", insiste Serge Ribes. Un vent de changement qui ne saurait échapper à Cardif. Dans l'immédiat, l'assureur-vie n'en reste pas moins discret sur sa stratégie et ses objectifs. Il devrait, conformément à son modèle de développement, distribuer ses produits d'assurance-vie et d'assurance emprunteurs par l'intermédiaire des agences BNP Paribas déjà implantées à Alger . Treize se sont ouvertes depuis quatre ans. Dirigée par Olivier Cortes, la filiale algérienne est en train de constituer ses équipes et attend surtout les décrets d'application de la loi du 17 janvier 2006, dont l'une des priorités, outre le renforcement de la sécurité financière et de la gouvernance des entreprises, est justement de soutenir le développement des assurances de personnes. Plusieurs mesures doivent y contribuer, dont la plus importante pour Cardif est d'autoriser les guichets bancaires à en vendre. " C'est une question de semaines ", insiste Mohamed Sebaa, directeur des assurances au ministère des Finances. Le marché des assurances de personnes ne représente que 6 % du chiffre d'affaires du secteur. " La distribution des produits par le canal bancaire va permettre de capter une clientèle plus large ", poursuit Mohamed Sebaa.Un intérêt bien compris, semble-t-il, par les grandes banques françaises (BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale) et, plus largement, anglo-saxonnes (Citigroup, HSBC), qui n'ont pas manqué d'examiner le dossier de privatisation du Crédit populaire d'Algérie. Le passé rattrape les Français " Les banques européennes, notamment françaises, n'observent pas la même distance par rapport au marché de l'assurance algérien que les assureurs eux-mêmes ", fait remarquer Mohamed Sebaa. Une distance qui est imposée en grande partie par le fameux contentieux franco-algérien qui, plus de quarante ans après l'indépendance de l'Algérie, n'est toujours pas réglé (lire l'encadré " le Contentieux laissé par la guerre "). Un dossier suivi attentivement par les sociétés françaises d'assurances, dont la plupart sont concernées. À commencer par Axa, qui ne cache pas son intérêt pour le marché algérien. " Nous observons, cependant un certain décalage entre le discours prôné par les autorités algériennes sur l'ouverture du marché et les conditions pour s'y développer ", résume Jacques Maire, directeur des affaires institutionnelles et européennes pour le groupe Axa.En attendant, certains opérateurs qui ne sont pas concernés par ce contentieux (les sociétés d'assurances étrangères et les banques) n'hésitent pas à prendre une longueur d'avance… Enfin, le marché des assurances vit actuellement, de grandes mutations qui seront sûrement bénéfiques pour les prestations de services qui enregistre en ce moment un grand retard .