Les cours du cacao ont bondi de 6% la semaine dernière, s'installant à des sommets jamais atteints depuis novembre dernier, dans un marché dopé par les incertitudes sur l'offre ivoirienne, tandis que café et sucre se reprenaient légèrement, malgré la perspective de meilleures conditions météo. Cacao Après le repli des dernières semaines, les cours du cacao ont nettement rebondi, engrangeant 5% sur la seule journée de mardi dernier, avant de se hisser vendredi matin à des sommets depuis novembre 2011, à 1.720 livres la tonne à Londres et 2.624 dollars à New York. Les prix étaient revigorés par un regain d'inquiétudes sur la production en Côte d'Ivoire (35% de l'offre mondiale), après un rapport décevant de l'Organisation internationale du cacao (ICCO), qui rassemble les principaux pays producteurs et consommateurs. Les analystes de l'ICCO ont abaissé sensiblement mardi dernier, leurs prévisions de récolte mondiale pour la saison 2011-2012, qui s'achève en septembre, à 3,96 millions de tonnes contre 3,99 millions précédemment, ce qui devrait représenter un recul de 8,1% par rapport à la récolte record de 2010-2011. "Cet abaissement s'explique principalement par des mois de sécheresse en Afrique de l'Ouest, où la récolte devrait ressortir en baisse de 14% sur un an", a commenté Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank. L'harmattan, un vent sec et violent, avait notamment frappé la Côte d'Ivoire début 2012. Les analystes s'inquiètent aussi de la possible réapparition dans les prochains mois du phénomène climatique El Nino, de nature à entretenir une chaleur excessive défavorable aux récoltes dans la région ce qui a amené l'ICCO à se montrer très prudente pour la saison 2012-2013. Selon les experts, les prix sont par ailleurs tirés vers le haut par le nouveau système de vente aux enchères mis en place cette année en Côte d'Ivoire. Dans ce système, une grande partie de la récolte a été vendue par avance au printemps mais à des prix inférieurs aux cours actuels, ce qui fait redouter aux opérateurs que les agriculteurs soient tentés de revendre leurs fèves sur un marché parallèle plutôt que de les livrer comme prévu aux cours convenus. "Malgré tout, le déficit de production sur le marché mondial devrait être plus limité que prévu cette année, la demande de cacao ayant chuté fortement en Europe et Amérique du Nord" dans un contexte économique morose, a tempéré M. Fritsch. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en décembre valait 1.704 livres sterling vendredi dernier, vers 12H00 GMT contre 1 580 livres une semaine plutôt. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en décembre valait 2.607 dollars la tonne contre 2.382 dollars une semaine plus tôt. Café Les prix du café ont légèrement monté cette semaine, certains investisseurs réalisant des achats à bon compte après le net repli enregistré sur le marché depuis début août. Les cours avaient en effet pâti ces dernières semaines d'une embellie des conditions météorologiques au Brésil, premier exportateur mondial. De plus, les opérateurs commencent à s'interroger sur les possibles conséquences d'El Nino, qui pourrait provoquer au Brésil une humidité excessive. Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en novembre valait 2.069 dollars vendredi vers 12H00 GMT contre 2.030 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en décembre valait 165 cents contre 162,15 cents sept jours auparavant. Sucre Après avoir glissé mardi à 544,50 dollars la tonne à Londres, un plus bas depuis mi-août 2010, les cours du sucre se sont ressaisis et ont terminé la semaine dernière en petite hausse. Le marché restait cependant sur la défensive, "confronté à une offre mondiale suffisante et une demande morose", et digérant l'amélioration des conditions météo au Brésil, premier producteur mondial, ont noté les experts de la revue spécialisée Public Ledger. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en octobre valait 547,80 dollars vendredi contre 558,20 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en octobre cotait 19,65 cents contre 20,20 cents sept jours auparavant. Nouveaux records pour le soja, recul du maïs et du blé Les cours du soja ont de nouveau atteint des records la semaine dernière à Chicago, portés par une demande toujours soutenue et des craintes pour la qualité des récoltes, alors que le maïs et le blé reculaient. Le prix du boisseau de soja pour livraison en novembre, le contrat de référence, est monté jusqu'à 17,71 dollars en cours d'échanges jeudi dernier. L'oléagineux, dont le rendement est très affecté par la sécheresse historique qui a frappé les Etats-Unis cet été, profite d'une demande qui ne faiblit pas. La récente flambée des prix "n'a clairement encore aucun impact sur la demande", les exportations américaines de cette graine restant très élevées, ont noté les experts de Commerbank. "Nous avons déjà vendu 58% du soja de l'année alors qu'habituellement à cette époque, nous en sommes à 26%", a relevé Don Roose, de US Commodities. Les prix du soja ont par ailleurs monté en même temps que les températures cette semaine, le temps étant "redevenu chaud et sec alors même qu'on s'approche de la fin de la période de maturation", a ajouté l'analyste. Et le passage de l'ouragan Isaac a participé aux craintes "d'une plus forte détérioration des rendements des récoltes", ont souligné les experts de Commerzbank. Quoique rétrogradée jeudi au rang de simple dépression, Isaac, qui a touché les terres américaines mardi, déversait encore des trombes d'eau vendredi en Louisiane. Le recul enregistré par les cours du maïs, céréale également très affectée par la sécheresse estivale, est lié à une baisse de la demande. Les exportations américaines de maïs sont descendues la semaine dernière à 168'400 tonnes sur la campagne 2012/13 contre 425'400 la semaine précédente. "Nous sommes à des niveaux de prix tellement élevés" que cela entraîne une baisse" de la demande, et le maïs "perd sa capacité à monter plus haut", a expliqué M. Roose. Les prix du blé ont quant à eux été fortement influencés par la situation en Russie. Soutenus en début de semaine par la persistance de craintes sur l'annonce d'un embargo ou des restrictions à l'exportation par les dirigeants russes, les cours se sont relâchés vendredi dernier, après l'annonce par le ministère de l'Agriculture "qu'il ne considérait pas que la Russie avait un problème à l'exportation", a indiqué M. Roose. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre évoluait en mi-séance à 7,9559 dollars contre 8,0850 dollars la semaine précédente à la clôture. Le boisseau de blé à même échéance s'échangeait à 8,8150 dollars contre 8,8850 dollars vendredi dernier. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en novembre s'établissait à 17,5000 dollars contre 17,3150 dollars.