Le film "Ce que le jour doit à la nuit", une adaptation éponyme du roman de l'écrivain Yasmina Khadra, réalisée par le cinéaste français Alexandre Arcady a été projeté, vendredi dernier, à Alger. D'une durée de 2h39mn, cette fiction relate la vie de Younes Mahieddine, incarné par le mannequin et acteur français Fu'ad Aït Aattou, à partir son enfance dans l'Algérie des années 1930. Confié à son oncle, pharmacien à Oran, après que sa famille ait perdu ses terres, Younes grandit parmi les jeunes du village colonial de Rio Salado (El Mallah dans l'Oranie), où son oncle trouve refuge après son incarcération. Timide et introverti, le petit garçon, "enlevé" à son milieu rural pour être installé en ville où il intègre l'école française, ne pouvait trouver ses repères entre le peuple colonisé dont il est issu et l'environnement colonial dans lequel il évolue. En prenant de l'âge, Younes, rebaptisé Jonas, assiste impuissant à l'oppression d'Algériens, venus de villages voisins pour se retrouver domestiques chez ses amis d'enfance à Rio Saldo, en même temps qu'il retrouve son amour d'enfance, Emilie, joué par Nora Arnezeder. Le déclenchement de la guerre de Libération ravive le conflit intérieur que vit Younès (Jonas) depuis toujours et contribue davantage à rendre impossible l'amour d'Emilie et de ce dernier. La bande de jeunes inséparables (à laquelle appartient Jonas-Younès) de Rio Salado, prise dans le tourbillon de la guerre et des déchirements amoureux, finit, elle même, par se disloquer dans le sang et la douleur. Au lendemain de l'Indépendance Younes se retrouve seul dans son village qu'il n'a pas quitté, sans pouvoir oublier son amour de jeunesse. Emilie qui a quitté le pays et qu'il continue à chercher. Parmi le casting, quelques figures connues du cinéma algérien ont été distribués, à l'exemple de Mohamed Fellag dans le rôle de l'oncle ou Hassan Benzerari dans celui du Caïd qui font des apparitions à l'écran. Tourné en Tunisie, "Ce que le jour doit à la nuit" est resté fidèle au décor ainsi qu'à certaines scènes, décrites avec minutie dans le roman, une œuvre qui semble avoir été conçue pour le cinéma. Après quelques projections, en France, à l'attention de la presse, le film d'Alexandre Arcady, lui même natif d'Algérie qu'il avait quittée à l'adolescence après 1962, a été projeté à la presse algéroise, dans la matinée de vendredi dernier, tandis que son avant-première mondiale a eu lieu, dans la soirée du même jour, en présence du ministre de la Culture, Khalida Toumi, et d'autres membres du gouvernement et du corps diplomatique. La ministre déléguée auprès du ministre français des Affaires étrangères, chargée de la Francophonie, Yamina Benguigui, en visite de travail à Alger, a elle aussi assisté à la présentation du film. En effet, ce film adapté au cinéma par Daniel Saint-Amont et Blandine Stintzy représente pour son réalisateur, Alexandre Arcady, "une œuvre sur l'histoire de l'Algérie avec des regards croisés" qu'il souhaitait offrir au public à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'Indépendance. De sa rencontre avec l'œuvre de Yasmina Khadra, le réalisateur dit avoir tiré un récit de l'histoire de l'Algérie qui se veut "apaisant, avec un message de réconciliation et de fraternité". Pour sa part l'auteur du best seller "Ce que le jour doit à la nuit" confie avoir écrit ce roman pour raconter l'Algérie mais aussi "montrer les hommes face à l'adversité et à l'échec de l'amour". Il y a lieu de noter que le film ne sera disponible en salle en Algérie qu'au mois d'octobre prochain.