L'annonce d'une baisse improbable du taux de chômage aux Etats-Unis vendredi a fortement déçu, et le recul des embauches d'août repose avec une acuité nouvelle la question de la persistance du ralentissement de l'économie américaine. Après un trimestre de hausse, le taux de chômage officiel des Etats-Unis est revenu en août à 8,1%, retrouvant ainsi son niveau d'avril, où il était tombé au plus bas depuis l'arrivée au pouvoir du président Barack Obama en janvier 2009, Mais cette baisse inattendue est le fruit d'une diminution de la population active: selon le département du Travail, le nombre de personnes sans emploi est resté peu ou prou le même qu'en juillet (12,5 millions), tout comme le chômage de longue durée, qui touche 40% des chômeurs. L'économie américaine n'a créé que 96 000 emplois nets en août, indique le ministère, soit 32% de moins qu'en juillet, et 22% de moins que ce que donnait la prévision médiane des analystes. Or, le président de la banque centrale (Fed), Ben Bernanke, estime que les Etats-Unis ont besoin de 100 000 à 110 000 nouveaux emplois par mois pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail et empêcher ainsi le chômage de monter. De plus, la révision à la baisse des créations d'emplois de juin et juillet indique que le ralentissement du dynamisme de l'économie américaine, patent depuis la fin de l'hiver, persiste: le pays a créé 94 000 emplois en moyenne chaque mois depuis juin, contre 99 000 de mars à mai et 252 000 de décembre à février. Suscité il y a un mois par le rebond des embauches de juillet, l'espoir de voir la reprise économique s'accélérer à court terme risque de faire long feu. La Fed à la rescousse Le candidat du parti républicain à la Maison-Blanche, Mitt Romnney a réagi très vite à la publication du rapport sur l'emploi: "ce matin c'est la gueule de bois", ces chiffres sont la preuve que "les promesses et la politique du président Barack Obama n'ont pas fonctionné", a-t-il dit. Interrogé sur la chaîne CNBC, Alan Krueger, conseiller économique de M. Obama a appelé à prendre du recul et à considérer les progrès réalisés depuis trois ans par l'économie américaine. "Nous aimerions voir l'emploi croître plus vite", a-t-il reconnu, mais "l'économie continue de se rétablir (...) et de croître". Résumant la déception de nombreux économistes, Sal Guatieri, de BMO Marchés des capitaux, estime que le rapport sur l'emploi "semble indiquer que la reprise du marché du travail reste 'd'une lenteur accablante'", reprenant une expression récente de M. Bernanke. Pour Harm Bandholz, d'UniCredit, la baisse de la population active d'août résulte du départ à la retraite d'enfants du boum de la natalité d'après-guerre et de l'augmentation du nombre de chômeurs ayant abandonné l'espoir de retrouver un emploi. Sans cela, estime-t-il, "le taux de chômage serait en fait monté à 8,4%". Comme Jim O'Sullivan, du cabinet HFE, M. Bandholz s'accroche néanmoins au fait que jusqu'à présent, l'emploi a crû, certes faiblement, mais plus rapidement au troisième trimestre qu'au deuxième. Néanmoins, la stagnation des heures travaillées et la baisse du salaire hebdomadaire moyen révélées par les chiffres du ministère ne sont pas de bon augure, et les analystes semblent s'accorder pour dire que le rapport sur l'emploi devrait pousser la Fed à annoncer un nouvel assouplissement de sa politique monétaire déjà ultra-accommodante à l'issue de sa réunion des 12 et 13 septembre.