L'organisation onusienne pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) invitent, instamment, tous les pays à renforcer leurs systèmes de sécurité sanitaire des aliments et à se montrer beaucoup plus vigilants à l'égard des producteurs de denrées alimentaires et de ceux qui en font le commerce. Des incidents récents en matière de sécurité sanitaire des aliments, tels que le découverte de mélamine, une substance chimique à usage industriel, dans des aliments pour animaux et des farines pour poissons, ou l'utilisation non autorisée de certains médicaments vétérinaires en aquaculture intensive, peuvent avoir des effets sur la santé et conduisent souvent au retrait de certains produits alimentaires du commerce international.De tels incidents sont souvent dus à un manque de connaissances sur les exigences de la sécurité sanitaire des aliments et de leurs répercussions, ou à l'usage illégal ou frauduleux d'ingrédients, y compris des additifs alimentaires non autorisés ou des médicaments à usage vétérinaire. Au cours des 12 derniers mois, jusqu'à 200 incidents de sécurité sanitaire des aliments en moyenne par mois ont fait l'objet d'enquêtes de l'OMS et de la FAO afin d'en déterminer l'impact sur la santé publique. Les informations relatives aux incidents de portée internationale ont été communiquées aux pays par l'intermédiaire du Réseau international des autorités de sécurité sanitaire des aliments (INFOSAN). Sous l'impulsion du G8 de Cologne (octobre 1999) et d'Okinawa (juillet 2000), différentes initiatives ont été prises pour établir un dialogue entre "détenteurs du pouvoir" (scientifiques et décideurs publics) et société civile d'une part, pays industrialisés et pays en voie de développement (PED) d'autre part, afin de réduire progressivement les divergences culturelles et politiques qui entravent le bon déroulement des discussions d'experts. Dans cette optique, deux démarches apparemment concurrentes étaient apparues celle, d'origine britannique, qui s'était focalisée sur la promotion des biotechnologies (OGM) et qui s'était traduite par les conférences d'Edimbourg (mars 2000) et de Bangkok (juillet 2001) et celle de l'OAA et de l'OMS, qui est plus large car elle embrasse la sécurité sanitaire des aliments en général ; elle s'est concrétisée avec le Forum global de Marrakech (28-30 janvier 2002), une deuxième édition s'est déroulée à Bangkok du 12 au 14 octobre 2004. En matière d'avantages du dispositif de gouvernance actuel, il y a les bénéfices du dialogue, qu'il soit focalisé sur les OGM ou élargi à la sécurité sanitaire des aliments mais il est difficile à évaluer à court terme. Les OGM restent contestés et l'atmosphère assez houleuse qui a entouré la conférence de Bangkok en 2001 n'a pas contribué à améliorer l'image des biotechnologies dans le grand public. Quant au Forum global, il avait pour but non affiché de désamorcer les critiques de protectionnisme que les PED formulent à l'encontre du Codex alimentarius , il convient donc d'attendre pour savoir si ces espoirs seront ou non déçus. En dépit de la difficulté d'identifier des avantages à court terme, le dialogue demeure, en lui-même, un instrument indispensable pour faire progresser la régulation de la sécurité sanitaire des aliments à l'échelle mondiale. Les consommateurs ont le droit d'être informés des dangers potentiels dans l'alimentation et d'en être protégés.