Dans une allocution, devant les chefs d'Etat et de gouvernement présents au premier sommet Afrique-Amérique du Sud, ce jeudi à Abudja , le président Bouteflika a affirmé que cette première rencontre marquera le point de départ d'un partenariat rénové sur lequel “nous pouvons fonder les plus grandes espérances”. Les interpellations pressantes du monde actuel " nous imposent de renforcer et d'élargir notre concertation " pour adapter nos démarches et nos réactions aux défis et aux menaces auxquels nous sommes tous exposés. Il a exprimé son souhait et urgent, d'établir entre les deux continents une coopération de type nouveau, sur la base d'un partenariat élargi et équilibré. Toutefois , même si les situations économiques de chaque pays sont différentes , "elles présentent, néanmoins, d'importantes similitudes tant au niveau des problèmes structurels qu'en ce qui concerne nos performances économiques ", a-t- il souligné. En précisant que le continent africain dispose d'atouts "non négligeables" qui constituent autant de créneaux porteurs de coopération et qui sont valorisés par les réformes, tant politiques qu'économiques, engagées par les pays africains, plus d'importantes ressources naturelles, le dynamisme de ses cadres, ses potentialités et son positionnement stratégique. Pour l'Amérique du Sud , elle dispose d'un potentiel économique appréciable et "dont les résultats positifs constituent une véritable source d'inspiration pour nous, Africains". Il a précisé dans se sens que ce partenariat pourrait, dans un premier temps, prendre la forme d'un axe de développement centré sur les relations économiques et les échanges commerciaux, qui pourrait, ensuite, se développer et s'étendre à d'autres sphères d'activités et reposer, dans tous les cas, sur le postulat de l'intérêt mutuel. Ainsi, la promotion de la transformation sur place des matières premières africaines et l'encouragement au transfert des technologies nécessaires à cette fin, pourraient constituer un axe de coopération intéressant pour les économies africaines. Par ailleurs, il a rappelé que l'Afrique souffre de la grande insuffisance des investissements étrangers dans les économies africaines. En se basant sur le dernier rapport de la Cnuced, il relève sur l'investissement dans le monde que, pour la période 2002-2004, les flux totaux d'investissements entre l'Amérique latine et l'Afrique ont été négligeables. Elle note aussi que l'essor de l'investissement étranger direct Sud-Sud constitue "une importante filière supplémentaire de coopération économique Sud-Sud". Il a affirmé que le domaine de l'investissement s'offre tout naturellement au partenariat entre l'Afrique et l'Amérique du Sud , et cela, en encourageant leurs hommes d'affaires et les détenteurs de capitaux à privilégier les investissements dans leurs régions, en les convainquant qu'ils y trouveraient leur propre intérêt tout en aidant au développement des pays de ces deux continents. Par ailleurs, selon le chef de l'Etat , il serait utile que les milieux économiques et d'affaires de pays africains et d'Amérique du Sud accompagnent efficacement cette démarche et aillent au-delà des échanges exclusivement commerciaux par des opérations d'association dans les domaines les plus variés de nos économies dont ils pourraient devenir un moteur efficace et dynamique. Il a noté qu'un forum du secteur privé se tient parallèlement aux travaux de ce sommet, "cette rencontre entre professionnels me paraît propice à des initiatives concrètes et audacieuses". Il a salué, par la même occasion, l'organisation d'une réunion de sociétés civiles qui ne manquent ni de maturité, ni de sens des responsabilités, ni d'engagement et de dynamisme. Selon le président Bouteflika, les deux régions sont exposées aux " convulsions d'un ordre international fortement perturbé par des turbulences et des problèmes aussi cruciaux pour le devenir de l'humanité que la sécurité collective, le terrorisme et les dysfonctionnements du système économique et financier international, sans compter les menaces qui pèsent sur notre environnement et sur la santé de nos populations". Dans ce cadre , il a souligné que loin de revêtir le visage humain "qui aurait dû constituer sa marque distinctive", la mondialisation "aggrave nos difficultés économiques" ainsi que "le fossé qui nous sépare du monde développé". a cet effet le chef de l'Etat a appelé pour continuer et se mobiliser pour que "ce phénomène soit mieux équilibré", et que le système économique global "qui doit en résulter rassemble plutôt qu'il ne divise, enrichisse plutôt qu'il n'appauvrisse". Devant cette situation , M. Bouteflika a affirmé que c'est essentiellement par le biais d'un consensus sur les objectifs communs de l'Afrique et l'Amérique de sud ainsi par le recours constant au dialogue, à la concertation et à la solidarité, que ses deux continents pourrons renforcer leur capacité de négociation et affirmer leur position d'acteurs significatifs dans les processus de prise de décision sur les grandes problématiques internationales. Il "s'agit - là des premières pierres de l'édifice que nous devrions nous engager à mettre en place, pour une meilleure coordination de nos efforts et de nos ressources, mais également pour une répartition équitable des bénéfices que nous pourrons conjointement en tire", a-t- il dit. Dans ce cadre, il a rappelé, également la proposition du président Hugo Chavez au cours du dernier sommet de l'Union africaine, à Banjul en juillet dernier, d'institution d'un partenariat stratégique entre les pays du Sud à travers la création d'une commission du pétrole (PETROSUR), d'une compagnie de télévision du Sud (TELESUR) et d'une banque et d'une université du Sud. Il faut dire que pendant de longue date, les deux continents étaient confrontés à des défis similaires et poursuivent des buts conformes à la charte des Nations unies visant leur développement et le renforcement de la paix et de la compréhension dans le monde.