Le cours de l'or s'est hissé cette semaine à des niveaux plus vus depuis fin février, tutoyant les 1 800 dollars l'once après l'arsenal de mesures exceptionnelles dégainé par la Fed, tandis que les platinoïdes restaient tirés vers la haut par les grèves en Afrique du Sud. Or Après avoir fait du surplace entre juin et la mi-août, le prix du métal jaune "s'est mis à grimper résolument grâce aux perspectives grandissantes d'un nouvel assouplissement monétaire" de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui s'est finalement concrétisé ce jeudi, a observé Anne-Laure Tremblay, analyste de BNP Paribas. Les courtiers en métaux précieux n'auront pas été déçus, car la banque centrale a sorti l'artillerie lourde pour relancer une économie défaillante. La Fed va ainsi racheter certains titres adossés à des créances immobilières, à raison de 40 milliards de dollars par mois, et ce jusqu'à une amélioration significative du marché du travail. L'institution s'est de plus engagée à maintenir son taux directeur quasi nul jusqu'à mi-2015 au moins. Alors que l'or est déjà "soutenu par le ton accommodant des banques centrales européenne et chinoise", les injections de liquidités "illimitées" de la Fed sont de nature à diluer la valeur du dollar et renforcer les tendances inflationnistes --des facteurs alimentant habituellement une hausse des cours du métal jaune, a souligné Mme Tremblay. Par ailleurs, les taux extrêmement bas de la Fed sont de nature à inciter certains investisseurs à se tourner vers l'or, s'ils sont "désireux de trouver des actifs capables de préserver leur richesse sur le long terme", ont renchéri les experts de Deutsche Bank. Le cours de l'or a ainsi bondi après la décision de la Réserve fédérale, se hissant, vendredi, à 1 778 dollars l'once, au plus haut depuis le 29 février. Pour autant, les mesures de la Fed avaient été "largement anticipées" par les opérateurs, et le cours pourrait être sous pression (à court terme) une fois que les investisseurs auront digéré ces annonces" et en attendant les prochains développements macroéconomiques dans la zone euro et en Chine, tempérait-on chez Deutsche Bank. Sur le moyen terme, comme "la Fed va faire marcher la planche à billets de façon illimitée, cela va profiter aux prix des métaux précieux, mais je pense que le facteur essentiel susceptible de propulser l'or à de nouveaux sommets serait plutôt un regain d'incertitudes dans la zone euro", a souligné de son côté Julian Jessop, analyste du cabinet Capital Economics. Selon lui, l'or pourrait retrouver sous peu le pic historique de 1 921 dollars l'once qu'il avait atteint en septembre 2011. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé la semaine à 1 775,50 dollars au fixing du soir contre 1 728 dollars la semaine précédente. Argent L'argent a accompagné l'or dans son ascension, grimpant à 34,94 dollars l'once, un sommet plus atteint depuis le 2 mars. Métal à usage industriel, l'argent profitait, comme les métaux de base, d'un regain d'appétit pour les actifs risqués après le stimulus de la Fed. Le métal gris a terminé la semaine à 34,71 dollars l'once contre 32,22 dollars sept jours auparavant. Platine/Palladium A l'instar de l'or et de l'argent, les cours des métaux platinoïdes ont conforté leur hausse cette semaine, le platine se hissant à 1 715,12 dollars l'once et le palladium à 705,25 dollars l'once, leurs plus haut niveaux depuis six mois. Le cours du platine a engrangé près de 25% en l'espace d'un mois, dopé par les perturbations de la production en Afrique du Sud (premier pays exportateur), en raison des grèves et violences qui continuent de paralyser le secteur minier. Le numéro un mondial du secteur, Amplats, a annoncé cette semaine suspendre l'activité dans ses mines de la région de Rustenburg. Au total, l'ensemble des mines actuellement arrêtées avait représenté en 2011, avec environ 1,15 millions d'onces, près du quart de la production sud-africaine de platine, soit 18% de la production mondiale de ce métal. Cependant, "on s'attend toujours à ce que le marché mondial du platine reste excédentaire en 2012 et en 2013", a tempéré Anne-Laure Tremblay, de BNP Paribas, notant que "les stocks mondiaux ont été gonflés par trois années successives de surplus de production". "Le marché est loin d'être tendu" et "il faudrait une perturbation encore plus sévère ou prolongée de l'offre" pour menacer cette situation, a-t-elle ajouté. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé la semaine à 1 697 dollars contre 1 593 dollars une semaine auparavant. L'once de palladium a fini à 702 dollars contre 647 dollars sept jours auparavant.