Les résultats d'un audit indépendant du secteur bancaire espagnol et qui servira de base au versement de l'aide européenne de jusqu'à 100 milliards concédée aux banques seront publiés le 28 septembre, ont indiqué, avant-hier, des sources du gouvernement espagnol. Le cabinet américain Oliver Wyman, présentera les résultats banque par banque, ont précisé ces sources. Ce test de résistance porte "sur chacun des 14 groupes bancaires qui constituent 90% du système bancaire espagnol pour déterminer ses besoins en capitaux", a indiqué par la suite le ministère de l'Economie dans un communiqué. "Les besoins ne seront cependant pas équivalents au soutien public dont aura besoin chaque banque", a précisé le ministère. Parmi les banques fragilisées par leur exposition au secteur immobilier, sinistré depuis l'éclatement de la bulle du secteur en 2008, certaines pourront notamment renflouer leurs bilans en captant des capitaux privés. Elles pourront également transférer les actifs les plus toxiques, surtout des biens immobiliers, auprès d'une structure de défaisance ou "bad bank" qui devrait être opérationnelle en décembre. 100 milliards promis Le travail d'Oliver Wyman, servira en grande partie à l'évaluation du prix de ces actifs toxiques, ont précisé les sources gouvernementales. Selon l'accord établi avec ses partenaires de la zone euro pour obtenir l'aide de 100 milliards maximum promise en juin, l'Espagne s'est engagée à avoir complètement assaini son secteur bancaire d'ici le 30 juin 2013. Un premier groupe de banques (groupe 1), en grandes difficultés et déjà nationalisées, dont les besoins de capitaux devraient être confirmés par l'audit, recevra les fonds public dès novembre, explique le ministère. On vérifiera si les conditions d'aide sont remplies Parmi elles figurent Bankia, quatrième banque espagnole dont la demande de sauvetage de plus de 20 milliards d'euros avait poussé l'Espagne à recourir à l'aide financière européenne.Pour les plus fragiles (groupe 2), les autorités espagnoles devront présenter à la Commission européenne des plans de restructuration ou de mise sous tutelle, voire de démantèlement, d'ici à octobre. Ils devraient être finalisés d'ici la fin de l'année, selon le ministère. La Commission européenne vérifiera alors si les conditions de l'aide sont remplies "dans la deuxième quinzaine d'octobre" et l'aide sera alors versée par les fonds d'aides européens via le fonds public espagnol de soutien au secteur bancaire (Frob), a précisé le ministère. Les banques qui espèrent pouvoir renforcer leurs bilans sans aide (groupe 3) auront jusqu'au 30 juin pour mener à bien leurs opérations de capitalisation, sous peine d'être forcées de recevoir elles aussi des aides contre un plan de restructuration. Un dernier groupe (groupe 0) est lui composé des banques en bonne santé et capables de résister à un environnement économique très difficile. Proche du sauvetage, profite de la détente pour lever 4,6 milliards L'Espagne a payé moins cher, hier, pour lever 4,576 milliards d'euros, profitant d'un marché détendu par les annonces de soutien de la Banque centrale européenne (BCE), mais les investisseurs sont désormais impatients que le pays demande son sauvetage financier. Les taux ont baissé à la fois sur l'échéance à 12 mois (2,835% contre 3,070% lors de la dernière émission similaire, le 21 août) et sur celle à 18 mois (3,072% contre 3,335% le 21 août), avec une demande soutenue pour la dette espagnole (10,9 milliards). Le succès de cette émission était prévisible, alors que le nouveau programme de la BCE doit consister en des achats d'obligations d'échéances courtes (3 ans maximum) sur le marché secondaire. Le vrai test sera donc, demain, quand l'Espagne tentera d'emprunter 3,5 à 4,5 milliards d'euros en obligations à trois et dix ans, cette dernière échéance étant considérée comme un baromètre de la confiance du marché. Le pays, quatrième économie de la zone euro, est étroitement surveillé par les investisseurs, alors qu'il bénéficie depuis juin d'une promesse d'aide de jusqu'à 100 milliards d'euros pour renflouer ses banques, fragilisées depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008. Il est désormais sous pression, à la fois du marché et de certains de ses partenaires européens, pour demander un sauvetage plus large de son économie, mais assure n'avoir pas encore pris de décision à ce sujet. Dans ce contexte, chaque émission du Trésor espagnol sera une épreuve du feu pour mesurer le degré de confiance des investisseurs dans la dette espagnole et la nécessité de demander un sauvetage financier, soulignent les analystes de la maison de courtage Renta4. Signe sans doute d'une certaine impatience, les taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne sont repassés, avant-hier, au-dessus des 6%, tandis qu'hier dans les premières cotations, la Bourse madrilène reculait de 1,69%. Les doutes que semble avoir le gouvernement espagnol sur l'intérêt ou non de demander l'aide de la BCE et des fonds de secours européens commencent à générer une certaine inquiétude sur les marchés, relèvent les analystes de Link Securities.