Les relations bilatérales algéro-britanniques peinent à connaître leur essor malgré tous les accords signés entre les deux pays pour l'instauration d'une véritable coopération, notamment dans le domaine de la justice. D'aucuns se souviennent qu'Alger et Londres ont signé récemment des conventions pour faciliter les procédures d'extradition des personnes recherchées par la justice algérienne pour leur implication dans des délits criminels, qu'ils soient économiques ou terroristes. Mais ces accords se sont avérés une véritable illusion dans la mesure où le gouvernement britannique ne dispose pas de la marge de manœuvre nécessaire lui permettant de mettre à exécution les engagements qu'il a pris devant l'un de ses partenaires étrangers qu'est l'Algérie. En effet, cette semaine, au moment où le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, rappelle que "la balle est désormais dans le camp britannique concernant l'extradition de Moumène Khalifa", le gouvernement du Royaume-Uni a fait part d'un groupe d'Algériens arrêtés pour leur implication dans des affaires terroristes et qui sont mis en prison à Londres depuis plusieurs mois. Le gouvernement de Gordon Brown a affiché une volonté réelle de remettre ces mis en cause, dont le nombre se chiffrerait en dizaines, à la justice algérienne. Le successeur de Tony Blair a déclaré ouvertement que la situation de ces Algériens devient de plus en plus encombrante et c'est la raison pour laquelle l'exécutif a jugé utile d'entamer les procédures nécessaires pour leur extradition. Mais la démarche du gouvernement britannique demeure à présent confrontée à une opposition farouche de la part de la Chambre des communes et des ONG londoniennes de défense des droits de l'homme. Ces derniers contestent la démarche du gouvernement en avertissant quant à la remise de ces prisonniers à la justice algérienne. Leur refus de cette extradition est motivé par ce qu'ils qualifient de manque de respect des droits de l'homme en Algérie. En conséquence, toutes les assurances présentées par le gouvernement britannique quant à l'engagement des autorités algériennes à réserver un traitement correct aux personnes extradées n'ont pas pu convaincre les députés et les membres des ONG en question. Certains d'entre eux sont allés jusqu'à affirmer que des dépassements et des mauvais traitements auraient été infligés à des personnes que la Grande-Bretagne a eu à extrader par le passé. Ces divergences n'ont pas manqué de mettre le gouvernement du Royaume-Uni dans une position embarrassante sachant qu'il a pris des engagements vis-à-vis d'Alger pour la levée de toutes les contraintes concernant le transfert des personnes soupçonnées ou recherchées par les instances judiciaires nationales. Cette situation, en revanche, risquerait de remettre en cause tous les progrès réalisés par la coopération bilatérale algéro-britannique lorsque l'on sait que récemment le gouvernement algérien, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a fait remarquer ouvertement à Londres que toute coopération dans les autres domaines, économique, culturel ou autres, passera inévitablement par le règlement définitif de cet épineux dossier de transfert des prisonniers et de tous les individus suspects ou recherchés, à commencer par Moumène Khalifa que le tribunal criminel de Blida a condamné à la prison à vie et dont Alger a mené moult démarches pour son extradition à partir de son exil londonien. Mais, à voir la tournure prise par le traitement de ce dossier, il est clair que la mise en application des accords signés entre Alger et Londres dans le domaine de la justice n'est pas pour demain.