Le groupe allemand Lufthansa a annoncé cette semaine le lancement d'une nouvelle compagnie, destinée à assurer une partie de ses vols en Allemagne et en Europe, dans une tentative de contrer la concurrence sans merci que lui livrent les compagnies low-cost comme Ryanair ou Easyjet. A partir de janvier 2013, ses filiales Direct Services, qui gère tous les vols intérieurs et vers l'Europe de Lufthansa ne passant pas par ses plateformes de Francfort et de Munich, et la compagnie à bas-coûts Germanwings seront regroupées sous une même bannière. Cette entité, dont le nom doit être dévoilé ultérieurement, offrira ainsi "un potentiel énorme d'amélioration de notre efficacité", s'est félicité son patron Christoph Franz. Les avions de la compagnie régionale Eurowings voleront également pour la nouvelle compagnie, qui disposera au total de 90 appareils à destination de l'Allemagne et de l'Europe. "Notre objectif est de faire voler ces services de manière rentable", a encore expliqué M. Franz. Si le premier vol n'est pas prévu avant quelques mois, cette annonce a fait décoller le cours de bourse de Lufthansa, en hausse de près de 1,50%, jeudi, en deuxième position des progressions sur l'indice Dax. Cela ne peut faire de mal au marché Planifiée de longue date sous le nom de code "Direkt4U", cette nouvelle entité s'appuiera sur la base juridique de Germanwings GmbH et vise à transporter près de 18 millions de passagers au cours de la première année. "Cette décision ne peut pas faire de mal au marché", estimait Sebastian Hein, analyste pour la banque Bankhaus Lampe. "Cette nouvelle entité va permettre de redessiner l'activité continentale de Lufthansa et ainsi améliorer sa rentabilité. C'est une mesure importante", ajoutait cet analyste. C'est finalement l'aéroport de Cologne (ouest) qui a été choisi pour accueillir le siège, les structures commerciales et la logistique de la nouvelle compagnie, alors que les noms de Berlin et de Düsseldorf avaient également été évoqués. Une décision qui sonne comme un nouveau revers pour la capitale allemande, qui avait un temps fait figure de favorite, mais est empêtrée depuis plusieurs années dans des retards et des couacs à répétition concernant la construction de son nouvel aéroport BER. Il reste désormais à savoir quel sera l'effet de cette annonce sur les négociations salariales très compliquées que mènent actuellement la direction de Lufthansa avec ses personnels navigants. Salariés "totalement déconcertés" La compagnie aérienne et le syndicat des stewards et hôtesses de l'air Ufo se sont accordés la semaine dernière sur le nom du médiateur appelé à résoudre un conflit qui a déjà entraîné trois arrêts de travail. L'un d'eux, national et de 24 heures, avait entraîné l'annulation d'environ la moitié des 1800 vols quotidiens de Lufthansa. Selon Ufo, cité par l'agence allemande dpa, les salariés de la compagnie "sont totalement déconcertés" par cette annonce et ne sont pas prêts à accepter des salaires au rabais. Malmenée par la concurrence des compagnies à bas-coûts telles que Ryanair ou Easyjet, Lufthansa a engagé depuis plusieurs mois une restructuration de son activité en vue de réduire ses charges. En outre, la compagnie allemande doit également faire face à la concurrence des compagnies du Golfe sur ses vols long courriers et à une baisse de son activité fret, conséquence directe du ralentissement de la conjoncture mondiale. Selon les derniers chiffres publiés, sa filiale Lufthansa Cargo a enregistré en août un recul de 7% sur un an de son tonnage de biens convoyés, malgré des capacités ajustées en baisse de 10,6% sur un an. Sur les huit premiers mois, l'activité fret a chuté de 9,2% sur un an. "Nous saluons le lancement de cette nouvelle compagnie qui a le potentiel pour réduire significativement les coûts structurels" de Lufthansa, réagissaient les analystes de la banque Equinet.