La frontière aérienne entre la Côte d'Ivoire et le Ghana, fermée depuis vendredi dernier, a été rouvert hier, mais les frontières terrestres et maritimes restent fermées entre les deux pays, pour des raisons de sécurité, a annoncé la présidence ivoirienne. Le président Alassane Ouattara avait ordonné, vendredi, la fermeture de toutes les frontières avec le Ghana, après l'attaque d'un poste-frontière ivoirien par des assaillants qui venaient du Ghana et qui s'y sont repliés, selon les autorités ivoiriennes. Après 48 heures d'observation des mouvements des personnes et des biens entre les deux pays, il a été décidé que seules les frontières aériennes seront rouvertes à compter du lundi 24 septembre à minuit, a indiqué, avant-hier, la présidence dans un communiqué. Les contrôles des personnes et des biens seront renforcés sur les vols entre les deux pays, a précisé la présidence. La décision de fermer les frontières, engageant un bras de fer entre Abidjan et Accra, avait été prise après l'attaque dans la nuit de jeudi à vendredi du poste-frontière de Noé, à environ 170 km à l'est d'Abidjan. Les autorités ghanéennes avaient assuré ce week-end travailler étroitement avec la Côte d'Ivoire pour répondre aux problèmes de sécurité soulevés par Abidjan. La Côte d'Ivoire a subi depuis août une série d'attaques visant les forces de sécurité, attribuées par le pouvoir à des partisans de l'ancien président Laurent Gbagbo, ce que ceux-ci ont démenti. De nombreux responsables politiques et militaires du régime Gbagbo ont trouvé refuge au Ghana, qui partage une frontière de près de 700 km avec la Côte d'Ivoire, provoquant la colère d'Abidjan. Dans le collimateur figure notamment le porte-parole en exil de Laurent Gbagbo, Justin Koné Katinan, adversaire virulent du nouveau pouvoir, accusé de crimes économiques par Abidjan, qui a été arrêté le 24 août à Accra. La justice ghanéenne examine depuis cette date son extradition vers la Côte d'Ivoire, suscitant l'impatience au sein du pouvoir ivoirien. Sur place, plusieurs centaines d'Ivoiriens, en provenance du Ghana, du Togo ou du Bénin, sont bloquées dans la ville frontière ghanéenne d'Elubo, en face de Noé. Vendredi soir, le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi avait jugé inacceptable le fait que les assaillants soient venus du Ghana et s'y soient repliés, en toute impunité. Le nouveau président ghanéen John Dramani Mahama avait promis, lors d'une visite à Abidjan le 5 septembre, qu'il ne permettrait pas que son pays serve de base arrière pour déstabiliser la Côte d'Ivoire. Cinq assaillants ont été tués et cinq arrêtés dans les combats autour du poste de Noé, selon les autorités, qui ont fait état d'un blessé parmi les militaires ivoiriens. Ces attaques, survenant après un mois d'accalmie, se sont produites le jour même où une cérémonie a rendu hommage à quinze militaires victimes de précédents assauts en août, marquant le plus grave regain de tension en Côte d'Ivoire depuis la fin de la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3 000 morts.