Le climat des affaires en Allemagne s'est dégradé en septembre pour le cinquième mois consécutif, reculant à son plus bas niveau depuis février 2010 en dépit des initiatives prises en début de mois par la BCE pour régler la crise de la dette dans la zone euro. L'indice du climat des affaires calculé par l'institut de conjoncture Ifo a reculé à 101,4 en septembre contre 102,3 en août, alors que l'amélioration de deux autres indicateurs la semaine dernière -le ZEW et le PMI manufacturier- laissait au contraire espérer une progression. L'indice Ifo est établi à partir d'un questionnaire adressé à quelque 7 000 entreprises. "La baisse de l'indice Ifo en septembre vient nous rappeler que les poids lourds de l'Europe souffrent d'un sévère retournement conjoncturel", déclare Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics. "L'Allemagne a peut-être évité une récession au troisième trimestre mais cela ne semble être qu'une question de temps avant que son économie ne commence à se contracter. Et cela rendra encore plus difficile le soutien aux économies périphériques de la zone euro." Le climat des affaires s'est également détérioré aux Pays-Bas en septembre, avec un indice à -6,7 points contre -4,6 en août, selon la statistique publiée, hier. L'indicateur pour la France sera publié aujourd'hui. Mauvaise passe pour les exportateurs En Allemagne, la baisse du climat des affaires a surtout concerné l'industrie manufacturière, alors que le sentiment des distributeurs et grossistes s'est légèrement amélioré. Les mesures d'austérité dans nombre de pays européens ont réduit la demande pour les exportations allemandes et le ralentissement redouté de l'économie mondiale risque d'impacter celle des pays émergents. Signe des temps, le groupe industriel Bosch et le sidérurgiste ThyssenKrupp viennent d'annoncer des mesures de chômage partiel ("Kurzarbeit") dans leurs usines allemandes. L'économie allemande a affiché au premier trimestre 2012 une croissance plus qu'honorable de 0,5%, sauvant la zone euro de la récession, mais elle a ralenti à +0,3% au deuxième trimestre et la plupart des économistes anticipent désormais une contraction pour le trimestre qui s'achève. Dans l'enquête Ifo, la composante des conditions actuelles a reculé à 110,3 contre 111,1 en août et celle des anticipations à 93,2 contre 94,2. La semaine dernière, l'enquête Markit auprès des directeurs d'achat a dénoté un cinquième mois consécutif de baisse de l'activité dans le secteur privé, même si l'indice PMI manufacturier est remonté de 44,7 en août à 47,3 en septembre -restant sous la barre des 50 au-delà de laquelle il rend compte d'une expansion. Ces enquêtes montrent que le nouveau programme de rachat d'obligations souveraines de la Banque centrale européenne et le feu vert de la Cour constitutionnelle allemande au fonds de sauvetage européen n'ont pas encore eu d'effet sur le climat des affaires dans la zone euro, malgré le bon accueil que leur ont fait les marchés. Klaus Wohlrabe, économiste de l'institut Ifo, a indiqué que 50% des réponses à l'enquête avaient été reçues avant l'avis de la cour de Karlsruhe et que, sans ce coup de pouce, l'indice aurait été plus bas encore. "La dynamique a fléchi, les perspectives se sont assombries et sont les plus mauvaises depuis mai 2009", a-t-il dit, tout en jugeant qu'une nouvelle baisse de taux n'était pas nécessaire.