Le premier fabricant mondial d'ordinateurs personnels, Hewlett-Packard (HP), va toucher le fond en 2013 avant d'amorcer sa remontée, a assuré, avant-hier, sa P-DG Meg Whitman, qui avait donné la veille des prévisions de résultats ayant fait plonger l'action du groupe de 10%. "Je suis convaincue que 2013 verra le fond du processus de redressement" d'HP, a-t-elle affirmé sur la chaîne CNBC, soulignant qu'il lui avait fallu un an pour comprendre toutes les activités de cette grande entreprise. "J'étais la troisième dirigeante en trois ans, c'est une énorme entreprise, j'avais besoin de m'immerger dans chacune de ses activités", s'est-elle justifiée. Elle s'est maintenant dite en mesure de "dire dans quelles activités" le groupe va s'inscrire sur le long terme et a annoncé son intention de "fournir des produits" nouveaux. Elle a noté avoir décrit la veille son "plan de redressement" pour le groupe, insistant sur le fait qu'elle avait "dit depuis le départ que cela serait un plan à 4 ou 5 ans". Réduction des prévisions de bénéfices L'action Hewlett Packard a plongé cette semaine pour toucher un plus bas depuis dix ans après l'annonce de prévisions très décevantes pour l'année prochaine, où la situation financière du groupe informatique ne va pas s'améliorer malgré sa restructuration en cours. "HP a lâché une bombe", ont commenté les analystes de Topeka Capital Market: le premier fabricant mondial de PC a annoncé lors d'une conférence avec des analystes qu'il s'attendait à enregistrer sur son exercice fiscal 2013 (qui débutera en novembre) un bénéfice par action entre 3,40 et 3,60 dollars. Cela représente un recul par rapport à sa prévision pour l'exercice en cours (entre 4,05 et 4,07 dollars), et c'est très décevant pour les analystes dont la prévision moyenne était jusqu'ici de 4,18 dollars. A la Bourse de New York, l'action HP s'est effondrée, mercredi soir, après cette annonce et a clôturé sur une baisse de 12,96% à 14,91 dollars. Il faut remonter au 11 novembre 2002 pour trouver plus bas avec 14,85 dollars. HP a entraîné dans sa chute l'action de son grand concurrent Dell, qui a perdu 4,75% à 9,43 dollars. Les autres groupes informatiques américains ont mieux résisté, IBM progressant de 0,32% à 210,51 dollars et Apple gagnant 1,53% à 671,45 dollars. HP connaît une descente aux enfers depuis le départ en 2010 de son P-DG Mark Hurd, poussé à la démission à la suite d'une enquête pour harcèlement sexuel et notes de frais abusives. L'action du groupe a depuis perdu près de 70% de sa valeur, et se rapproche même désormais du plus bas niveau enregistré depuis l'éclatement de la bulle internet: 11,16 dollars le 9 octobre 2002. Le successeur de Mark Hurd, Leo Apotheker, est resté en fonctions moins d'un an, mais cela lui a suffi pour faire tanguer le cours en suggérant d'abandonner les ordinateurs pour se concentrer sur les logiciels. La remplaçante Meg Whitman, arrivée aux commandes l'année dernière, a pour sa part lancé une importante restructuration, annonçant en mai la suppression de 27 000 emplois, soit 8% des effectifs, un chiffre depuis relevé à 29 000. Le plan de restructuration est "un pas dans la bonne direction pour rendre l'entreprise plus concurrentielle", mais "cela va prendre du temps pour avoir un effet", ont souligné les experts de Topeka Capital Market. HP a encore annoncé en août une perte trimestrielle historique de près de 9 milliards de dollars, Mme Whitman prévenant à l'époque que "les vents contraires perdureraient au quatrième trimestre et durant l'exercice 2013". Mme Whitman a décrit l'exercice 2012/13 comme une année pour "réparer et reconstruire", avec en toile de fond un "environnement économique qui se dégrade". Elle a assuré que la restructuration devrait être terminée d'ici fin octobre 2014, estimant que le chiffre d'affaires devrait recommencer à progresser plus vite que les coûts l'année suivante, puis évoluer d'ici 2016 en ligne avec la croissance économique, "avec un bénéfice d'exploitation augmentant plus vite que le chiffre d'affaires". Des perspectives pas vraiment de nature à enthousiasmer les analystes, dont beaucoup parient sur une poursuite du recul de l'action en Bourse. "HP est déjà en restructuration depuis plus d'un an" et "cela va prendre encore deux ans. Ou trois ans", notent ceux du site internet 247Wallst.com. "Restructurer une entreprise pour viser une croissance similaire à celle du PIB, et encore pas avant 2016: où est l'incitation pour les investisseurs là-dedans?"