Le rapport officiel sur l'emploi aux Etats-Unis a créé une double surprise vendredi en révélant une baisse du chômage à son niveau le plus faible depuis l'entrée en fonction du président Barack Obama en janvier 2009, et des embauches poussives. A un mois et un jour de l'élection présidentielle américaine qui opposera le président sortant au représentant du Parti républicain, Mitt Romney, les chiffres du département du travail apportent à chacun des deux camps de quoi alimenter sa rhétorique contre l'autre. Selon le ministère, le taux de chômage américain a connu en septembre sa baisse la plus forte en 21 mois: il a reculé de 0,3 point par rapport à août pour tomber à 7,8%, alors que la prévision médiane des analystes le donnait stable. Les créations d'emploi nettes ont cependant reculé de 20% par rapport à août pour s'établir à 114 000 en septembre, leur niveau le plus faible en trois mois. Les embauches du secteur privé ont certes augmenté de 7%, mais à 104'000, leur niveau de septembre apparaît nettement inférieur à ce sur quoi tablaient les analystes (130 000). Les chiffres du gouvernement interdisent au Parti républicain de continuer à accuser M. Obama d'être responsable du maintien d'un chômage supérieur à 8% depuis le mois ayant suivi son entrée à la Maison Blanche, mais M. Romney a réagi rapidement à leur publication en affirmant qu'ils ne témoignaient "pas d'une vraie reprise". "Nous avons créé moins d'emplois en septembre qu'en août, et moins d'emplois en août qu'en juillet", a-t-il déclaré, insistant sur la baisse de l'emploi dans le secteur manufacturier "depuis le début du mandat du président Obama". La Maison Blanche a tenu pour sa part le même discours que le mois précédent: la tâche n'est pas accomplie mais "les chiffres d'aujourd'hui apportent des preuves supplémentaires" du rétablissement de l'économie après la récession terrible de 2007-2009. Des millions de chômeurs cachés Le pays est effectivement encore loin de s'être remis de la crise. Les chiffres officiels montrent que le taux d'activité (mesurant le nombre des personnes employées ou cherchant activement du travail par rapport à l'ensemble de la population) était en septembre à peine supérieur à ce qu'il était en août, où il avait touché son niveau le plus faible depuis 1981. Plusieurs économistes notaient vendredi que cet indicateur explique et relativise le reflux du taux de chômage officiel depuis son pic de 10,0% atteint en octobre 2009. Harm Bandholz de la banque UniCredit note ainsi que pour obtenir la baisse de 1,3 point annoncée pour les douze derniers mois, le pays aurait dû créer 250 000 emplois par mois en moyenne, alors qu'il n'en a créé que 150 000. L'amélioration du taux de chômage résulte en fait essentiellement de la non-comptabilisation de millions de chômeurs. Pour avoir une idée réelle du fléau, il faut ajouter aux 12,1 millions de chômeurs "officiels" 6,4 millions de personnes désirant un emploi mais que le ministère exclut de ses calculs car elles ont cessé de chercher, ne cherchent pas activement, ou pour d'autres raisons encore. Selon Peter Morici, professeur d'économie à l'Université du Maryland, le taux de chômage serait en fait de 9,8% "si le taux d'activité était le même aujourd'hui" qu'en octobre 2009. La Fed envisage de lier le relèvement de son taux à des critères précis La banque centrale américaine (Fed) a indiqué qu'elle envisageait de lier le relèvement de son taux directeur, quasi nul depuis bientôt quatre ans, à la réalisation de critères économiques précis relatifs au niveau de l'emploi et de l'inflation. Son Comité de politique monétaire (FOMC) a débattu de cette possibilité les 12 et 13 septembre, sans parvenir à un accord sur sa mise en oeuvre, indiquent les minutes de cette réunion publiées jeudi. Néanmoins, "la plupart des participants sont convenus que l'utilisation de seuils chiffrés pourrait être utile pour rendre plus clair le caractère conditionnel" des renseignements que donne la Fed sur l'évolution probable de son taux directeur, ajoute le document. La Réserve fédérale a repoussé le 13 septembre à "mi-2015", au lieu de "fin 2014" la date jusqu'à laquelle elle s'engage à maintenir son taux directeur "exceptionnellement bas" si la situation l'impose. Les minutes montrent que la banque centrale envisage de lier le relèvement de ce taux (bloqué entre 0 et 0,25% depuis décembre 2008) non plus à une date, mais "à des seuils chiffrés pour des indicateurs du marché de l'emploi et de l'inflation", "un grand nombre de participants" jugeant que cela contribuerait à rendre "plus efficace" la communication de la Fed, perçue de plus en plus comme un vecteur extrêmement important de la politique monétaire. Les minutes notent ainsi que changer la communication du FOMC pourrait "renforcer le concours financier fourni" par la Fed à travers ses opérations d'achat et de vente de titres sur les marchés, destinés à faire baisser les taux d'intérêt à long terme. Jugeant néanmoins que cela entraînerait un certain nombre de "défis en matière de communication", justement, les membres du FOMC sont convenus qu'il était "nécessaire de travailler davantage" sur le sujet. Pluralité d'opinions Changer de formule ne va en effet pas de soi. La Fed note "la diversité des points de vue" sur les mesures qu'il conviendrait alors de retenir et voit un risque que la définition de tels seuils soit trop restrictive pour bien appréhender la complexité de l'économie dans son ensemble, ou qu'elle entretienne une confusion - nuisible à sa crédibilité - sur ses objectifs à plus long terme, notamment celui d'ancrer la hausse des prix à 2,0% par an. Deux membres du Comité ont illustré récemment les différences qui s'expriment en son sein sur ce point. Narayana Kocherlakota a proposé que le FOMC s'engage ouvertement "à maintenir son taux directeur extrêmement bas tant que le taux de chômage n'est pas tombé sous 5,5%", que les attentes d'inflation à long terme restent stables et que le Comité estime que l'inflation à moyen terme ne risque pas de s'écarter de plus d'un quart de point au-dessus de son objectif de 2,0%. Son confrère Charles Evans a répété de son côté son souhait de voir la banque centrale promettre le maintien d'un taux quasi nul tant que le chômage ne serait pas descendu sous 7% et que la perspective d'inflation à moyen terme resterait inférieure à 3%. La Fed a pour mission d'assurer le plein emploi (qui correspond selon elle à un taux de chômage compris entre 5,2 et 6,0%) et la stabilité des prix. Fort rebond du crédit à la consommation en août Le crédit à la consommation aux Etats-Unis a fortement rebondi en août aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés par la banque centrale américaine (Fed). L'encours des crédits à la consommation dans le pays (2 725,6 milliards de dollars) a progressé de 8,0% par rapport à juillet, en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières, indique la Réserve fédérale sur son site internet. Selon les chiffres de la Fed, il s'agit de la hausse du crédit à la consommation la plus forte en neuf mois. Ce rebond est survenu après un recul de 1,1% (chiffre révisé en baisse de 0,4 point) en juillet, consécutif à dix mois de hausse ininterrompue. En volume, l'encours des crédits à la consommation a bondi de 18,1 milliards de dollars en août, indique la banque centrale, alors que la prévision médiane des analystes le donnait en hausse de 5,0 milliards seulement. Selon la Réserve fédérale, cette poussée a résulté d'un bond de 9,0% des crédits non renouvelables (prêts étudiants ou à l'achat d'une automobile principalement), en hausse pour le douzième mois d'affilée, et d'un rebond de 5,9% des crédits renouvelables (essentiellement ceux contractés en payant par carte de crédit). Depuis sa reprise en septembre 2010, le crédit à la consommation n'a connu que trois mois de baisse aux Etats-Unis.