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Fed: Nouveau plan de soutien massif à l'économie américaine
Publié dans Le Maghreb le 15 - 09 - 2012

La Réserve fédérale a lancé, avant-hier, un nouveau plan de soutien à l'économie en annonçant qu'elle achèterait désormais pour 40 milliards de dollars (31 milliards d'euros) de dette immobilière par mois et qu'elle poursuivrait ses achats de titres sur les marchés jusqu'à ce que le marché du travail s'améliore nettement et sous réserve que l'inflation reste contenue Le lien direct établi par la Fed entre ce troisième plan d'"assouplissement quantitatif" (QE3) et l'évolution de la situation économique marque une inflexion marquante de la politique monétaire américaine qui pourrait lui valoir des critiques de ses détracteurs. "Si les perspectives du marché du travail ne s'améliorent pas de manière significative, le comité continuera ses achats de prêts immobiliers titrisés (MBS), entreprendra des achats d'actifs supplémentaires et emploiera tous les instruments de politique monétaire appropriés jusqu'à ce qu'une telle amélioration soit obtenue dans un contexte de stabilité des prix", dit le communiqué de la Fed. "Nous voulons voir plus d'emplois créés, un taux de chômage plus bas, une économie plus forte pour que l'amélioration soit durable dans le temps", a déclaré Ben Bernanke, président de la Fed, lors de la conférence de presse qui a suivi les décisions de politique monétaire. Il a, également, réaffirmé que la "situation de l'emploi restait un grave sujet de préoccupation".
Pas de limite dans le temps
Autre évolution de la politique monétaire: la banque centrale précise qu'elle ne relèvera pas ses taux d'intérêt avant la mi-2015 au plus tôt, alors qu'elle évoquait jusqu'à présent l'échéance de la fin 2014. Ces décisions interviennent alors que la politique de la Fed suscite un débat animé sur l'efficacité des mesures non-conventionnelles, critiquées entre autres par le candidat républicain à la présidence américaine, Mitt Romney. "(...) Nous prenons nos décisions en nous fondant uniquement sur l'état de l'économie et la nécessité pour l'économie d'une politique accommodante, donc nous ne prenons pas en compte des facteurs politiques. Nous pensons qu'il s'agit là de la meilleure manière de préserver notre indépendance et la confiance du public", a déclaré Ben Bernanke. Il a également répété que les mesures de la Fed, tout en ayant représenté un vrai soutien pour l'économie, ne sont pas la "panacée (...) pour résoudre les problèmes" de cette dernière. La Fed a déjà consacré 2 300 milliards de dollars (1 800 milliards d'euros) aux deux premiers plans d'assouplissement quantitatif (QE), ce qui s'est traduit par un gonflement de son bilan. Le plan annoncé, avant-hier, diffère des précédents notamment car la Fed ne s'est fixé aucune limite de temps, optant au contraire pour un objectif en termes de niveau de chômage. L'économie américaine n'a créé que 96 000 emplois le mois dernier, un chiffre bien inférieur au niveau nécessaire pour faire baisser le taux de chômage, qui atteint encore 8,1%. Après les "QE" et "QE2" et avant le "QE3" annoncé, avant-hier, la Fed avait mis en place une opération "Twist", un programme de 400 milliards de dollars, visant à renforcer la part des titres à long terme dans le portefeuille d'actifs de la banque centrale. Ben Bernanke a précise que, une fois que ce programme arrivera à son terme, la Fed examinera "toute la gamme des achats d'actifs afin de prendre une décision".
La Fed plus optimiste pour 2013 et 2014
La Réserve fédérale américaine a également annoncé avoir abaissé sa prévision de croissance pour 2012 tout en relevant celles de 2013 et de 2014. La banque centrale américaine s'est également montrée un peu plus optimiste en matière d'emploi et n'a guère modifié ses anticipations en termes d'évolution des prix à la consommation, qui ne devraient pas, selon elle, augmenter de plus de 2,0% dans les trois années qui viennent. Pour cette année, la Fed voit un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 1,7% à 2,0% contre une fourchette d'estimations de 1,9%-2,4% fournie en juin. En revanche le PIB devrait augmenter de 2,5% à 3,0% en 2013 puis de 3,0% à 3,8% en 2014 contre des fourchettes de prévisions précédentes de respectivement 2,2%-2,8% et 3,0%-3,5%. La Fed voit toujours un taux de chômage compris entre 8,0% et 8,2% en 2012. Ce taux devrait ensuite revenir, selon elle, à 7,6%-7,9% en 2013 puis à 6,7%-7,3% en 2014 alors qu'elle attendait auparavant pour ces deux années 7,5%-8,0% et 7,0%-7,7%. Un seul membre du comité de politique monétaire de la Fed, le président de la Réserve fédérale de Richmond Jeffrey Lacker, a voté contre les décisions de ce jour, comme il l'a fait à chaque réunion du comité.
L'emploi reste un motif de grande inquiétude
La situation du marché de l'emploi aux Etats-Unis reste un motif de grande inquiétude, a déclaré le président de la banque centrale américaine (Fed). Les dernières données économiques confirment que le rythme modeste de la croissance continue d'être insuffisant pour entraîner des progrès sensibles sur le front du chômage, qui atteignait officiellement 8,1% en août, a déclaré M. Bernanke, lors d'une conférence de presse. Cette appréciation sur l'évolution de l'emploi, et le fait que la Fed table à moyen terme sur une inflation inférieure à son objectif de 2,0% sont à l'origine de la décision annoncée un peu plus tôt par la Réserve fédérale d'augmenter son soutien à l'économie en rachetant de nouveaux titres sur les marchés, a expliqué M. Bernanke. La Fed n'a pas fixé de date pour la fin de ce nouveau programme, mais M. Bernanke, a indiqué que son institution ne serait pas capable de soutenir des rachats comme ceux qui ont été annoncés, au rythme de 40 milliards de dollars par mois, jusqu'au retour du plein emploi, qui correspond pour la Fed à un taux de chômage compris entre 5,2 et 6,0%. Le but de la Fed est d'obtenir une amélioration continue et soutenue du marché du travail, a encore dit M. Bernanke. Les membres du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) n'ont pas un chiffre spécifique à l'esprit qui, une fois atteint, les conduirait à mettre fin à sa nouvelle opération, a-t-il précisé. Mais ce que nous avons vu au cours des derniers mois ne fait pas le compte. Alors que de nombreuses voix doutaient de l'efficacité d'un nouveau programme de rachat de titres avant même que la Fed ne l'annonce, M. Bernanke a assuré que les nouvelles mesures auraient un effet sur le marché du travail qu'il a décrit comme significatif, important, mais pas comme une panacée ou une solution à tous les problèmes de l'économie américaine. Il appelait ainsi une nouvelle fois le Congrès à se mettre d'accord pour lever les incertitudes relatives à l'évolution de la politique fiscale et budgétaire des Etats-Unis, qui entravent la croissance en maintenant investisseurs et entreprises dans le flou. Le président de la Fed est notamment revenu sur le mur budgétaire, fait de hausse des impôts et de contraction des dépenses publiques, auquel l'économie américaine risque de se heurter dès janvier si le Congrès ne change rien aux lois existantes. Un tel scénario risquerait fort de faire replonger l'économie dans la récession. Si le mur budgétaire se concrétise, je pense et j'espère que cela n'arrivera pas, mais si c'est le cas, je ne pense pas que la Réserve fédérale aura les instruments permettant d'en compenser les effets, a-t-il dit confirmant l'avertissement qu'il avait lancé en juillet aux élus. M. Bernanke, a répondu également à un journaliste de la chaîne de télévision Fox Business News, proche du parti républicain, qui lui demandait si les actions annoncées par la Fed ne risquaient pas d'aider à la réélection du président sortant Barack Obama, face à son rival républicain Mitt Romney, en novembre, en contribuant à améliorer l'état de l'économie. A la Réserve fédérale, a-t-il dit, nous avons su rester non-partisans et apolitiques. Nous prenons nos décisions sur la seule base de l'état de l'économie et des besoins de celle-ci en matière d'assouplissement monétaire, donc pour dire les choses simplement, nous ne prenons pas en compte les facteurs de ce genre.
Hausse du déficit budgétaire en août
Le déficit budgétaire des Etats-Unis a augmenté en août sous l'effet d'une hausse des dépenses supérieure à celle des recettes, selon des chiffres publiés, avant-hier, à Washington par le département du Trésor. Le déficit mensuel de l'Etat fédéral s'est établi à 190,5 milliards de dollars, soit 42% de plus qu'en août 2011, indique le Trésor. La prévision médiane des analystes donnait un solde négatif légèrement plus élevé de 192,0 milliards de dollars. Selon le gouvernement, les recettes de l'Etat ont progressé de 6%, sur un an en août, pour s'établir à 178,9 milliards de dollars tandis que les dépenses bondissaient de 22% à 369,4 milliards. Août est le onzième mois de l'année budgétaire aux Etats-Unis. En données cumulées depuis le début de l'exercice 2011-2012, le déficit des Etats-Unis a reculé officiellement de 6% sur un an et atteignait 1164,3 milliards de dollars fin août. Selon les dernières prévisions de la Maison Blanche, publiées fin juillet, le trou des finances publiques devrait atteindre au total 1211 milliards de dollars pour l'année en cours, ce qui ramènerait le ratio du déficit au PIB à 7,8% soit près d'un point de moins qu'en 2011.
Hausse des nouvelles inscriptions au chômage, plus que prévu
Les nouvelles inscriptions au chômage ont augmenté aux Etats-Unis dans les premiers jours de septembre, notamment à cause du passage de l'ouragan Isaac dans le Sud du pays, selon des chiffres publiés, avant-hier, à Washington par le département du Travail. Le ministère a recensé le dépôt de 382 000 demandes d'allocations de chômage dans le pays du 2 au 8 septembre, soit 4% de plus que la semaine précédente. Son indicateur, publié en données corrigées des variations saisonnières, est remonté ainsi à son niveau le plus élevé depuis la mi-juillet, alors que la prévision médiane des analystes le donnait à 369 000. "Plusieurs Etats ont fait part d'une hausse des nouvelles inscriptions (environ 9 000 au total, en données brutes) pour la semaine qui s'est achevée le 8 septembre 2012, à cause de la tempête tropicale Isaac", indique le ministère dans un communiqué. Les installations pétrolières du golfe du Mexique notamment avaient dû fermer temporairement au moment du passage de cet ouragan qui a fini sa course fin août en tempête tropicale provoquant un certain nombre de dégâts en Louisiane, où plusieurs zones avaient dû être évacuées. Compte tenu du facteur saisonnier appliqué aux derniers chiffres hebdomadaires, l'indicateur du ministère aurait néanmoins augmenté sans ce "facteur spécial", mais dans des proportions nettement moins fortes. Selon les derniers chiffres officiels publiés, le taux de chômage des Etats-Unis a reculé de 0,2 point en août, pour s'établir à 8,1%, mais ce recul a été provoqué par une baisse de la population active, le nombre de chômeurs étant resté peu ou prou le même qu'en juillet.
Poussée des prix à la production en août de 1,7% sur un mois
Les prix à la production ont bondi en août aux Etats-Unis, sous l'effet d'un renchérissement de la fabrication de l'ensemble des marchandises, et en particulier des produits énergétiques, selon des données publiées, avant-hier, à Washington par le département du Travail. Le prix des produits finis a progressé de 1,7% par rapport au mois précédent, en données corrigées des variations saisonnières, après avoir augmenté de 0,3% en juillet, indique le ministère. C'est l'augmentation la plus forte relevée depuis le mois de juin 2009. La prévision médiane des analystes donnait l'indice des prix à la production en hausse de 1,2%. Le ministère précise que 80% de la hausse de juillet provient des produits énergétiques, dont les prix de fabrique ont progressé pour la première fois en six mois, de 6,4%, leur hausse la plus forte depuis août 2009. Les autres secteurs n'ont pas été en reste: les prix des produits alimentaire ont progressé officiellement de 0,9%, et ceux du reste des produits de 0,2%. En glissement annuel, la hausse des prix à la sortie des usines s'est accélérée pour la première fois en un an. Elle a gagné 1,5 point pour s'établir à 2,0%, son niveau le plus élevé depuis mars. En amont de la chaîne de la production, les prix des produits semi-finis ont augmenté en août pour la première fois en cinq mois, de 1,1%, indique le gouvernement. En glissement annuel, leur baisse a ralenti à -1,1%, contre -2,6% en juillet. Selon le ministère, les prix de production des matières premières ont progressé de 5,8% sur un mois en août, ce qui correspond à leur hausse la plus forte depuis décembre 2010, et leur baisse en glissement annuel a continué pour le cinquième mois d'affilée, mais a nettement ralenti (-3,5%, contre -9,6% en juillet).


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