Les prix moyens du pétrole devraient se situer à 65,6 dollars par baril cette année, puis augmenter à 66,3 dollars l'an prochain et 68,0 dollars en 2008, selon les prévisions économiques de la Commission européenne publiées lundi. Ils avaient atteint un record historique à environ 80 dollars par baril début août. Prudente, la Commission estime les risques de hausse ou de baisse des prix équilibrés. , indique-t-elle dans un communiqué. Les tensions géopolitiques, résultant notamment du Moyen-Orient (Israël, Iran...) ont diminué depuis le pic du mois d'août mais pourraient reprendre. Cependant, la demande de pétrole baisse, en raison notamment du ralentissement économique américain, compensant les risques politiques, note Bruxelles. Il reste, néanmoins, que sur le marché, les prix du pétrole baissaient hier matin, le marché ayant déjà absorbé les risques d'attaques contre des installations pétrolières au Nigeria ou de dégradation de la situation en Irak après la condamnation à mort de Saddam Hussein. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre baissait de 24 cents à 58,90 dollars lors des échanges électroniques vers 11h30 GMT (12h30 à Paris). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord perdait 18 cents à 58,97 dollars sur l'échéance de décembre. Les cours avaient fini en hausse de plus d'un dollar vendredi après que le gouvernement américain eut averti qu'un groupe armé du delta du Niger (sud du Nigeria) s'apprêtait à lancer des attaques contre des installations pétrolières dans la région. "Tout le monde a été un peu surexcité par l'alerte des Etats-Unis vendredi sur ce qui pourrait se passer au Nigeria et rien ne s'est produit pendant le week-end. Bien que la menace persiste, il n'y a pas eu d'action immédiate, donc les cours tendent à reculer", a expliqué Simon Wardell, analyste à Global Insight. "De la même manière, l'inquiétude est montée sur ce qui pourrait se passer en Irak après la condamnation de Saddam Hussein et pour le moment rien ne s'est produit, mais cela ne veut pas dire que qu'il n'y a pas de risque de regain de violence", a-t-il observé. Les analystes craignent en effet que la condamnation à mort prononcée dimanche à l'encontre de l'ex-président irakien Saddam Hussein n'exacerbe les tensions confessionnelles en Irak. Le Nigeria et l'Irak sont de très gros producteurs de pétrole et membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). "Dans les jours qui viennent, les situations dans ces deux pays vont être surveillées de près, et toute nouvelle attaque au Nigeria ou agravation des problèmes en Irak pourrait faire progresser les cours du brut", a prévenu Simon Wardell. "Mais cela ne vas pas faire bondir les prix de 5 ou 10 dollars le baril, car il y a plein de brut sur le marché, suffisamment pour répondre à la demande, et beaucoup de stocks", a-t-il jugé. "Les menaces sont, dans l'ensemble, déjà prises en compte dans le niveau des prix". Un avis partagé par Michael Davies, analyste à la maison de courtage Sucden, pour qui toute hausse des prix devrait être limitée par le haut niveau des stocks pétroliers et les doutes sur la mise en œuvre par l'Opep de la baisse promise de sa production. "Même si l'Opep réduit sa production, et beaucoup pensent qu'elle ne le fera pas, cela ne devrait pas avoir d'impact sur les stocks avant décembre", a-t-il remarqué. Selon des estimations rapportées par M. Davies, la production de brut de l'Opep a en réalité progressé de 70 000 barils par jour en octobre, en raison d'une hausse des extractions au large du Nigeria, ce qui illustre le scepticisme du marché envers la crédibilité du cartel.