Le président de la commission de coordination des institutions nationales des droits de l'homme, M. Moussa Brizet, a estimé, jeudi dernier, à Alger que la participation du citoyen arabe aux décisions politiques et économiques de son pays restait, à des différences prés, "en deçà des normes mondiales". Les institutions nationales des droits de l'homme dans les pays arabes doivent organiser des campagnes de sensibilisation en direction des citoyens pour leur faire connaître leurs droits car la participation publique aux décisions de souveraineté est encore très faible dans la majorité des pays arabes, a-t-il soutenu dans une conférence de presse animée avec les membres du comité du programme du dialogue arabo-européen. Pour M. Brizet qui préside le centre national jordanien des droits de l'homme, les citoyens arabes, à l'exception de la catégorie des intellectuels, méconnaissent leurs droits et ceux en faveur desquels l'Etat s'est engagé dans le cadre de conventions internationales. Il a cité entre autres le droit à la libre expression, à la formation d'association et à la participation à la gestion des affaires publiques. Le degré de participation diffère d'un pays à l'autre, a soutenu M. Brizete expliquant qu'en Algérie par exemple cette participation était plus importante en ce sens que le peuple est associé à de nombreuses décisions. Il a toutefois considéré que "quel que soit le degré de participation dans les pays arabes ces derniers accusent encore des insuffisances en la matière". De son côté la sous- directrice exécutive et directrice du département internationale de l'institut danois des droits de l'homme a affirmé que la problématique de la participation publique se posait encore dans les pays européens. L'intervenante qui est également membre du comité du dialogue a fait savoir que des décisions étaient prises dans les pays européens sans consultation des citoyens. "La création de l'Union européenne a été décidée sans que les peuples européens soient consultés", a-t-elle rappelé. S'agissant du bilan du dialogue depuis son institution en 2006, M. Brizet a affirmé qu'il était "important" pour ce qui est de la mise en œuvre des recommandations des rencontres des institutions nationales. L'institution mauritanienne a convaincu le gouvernement de son pays de signer la convention contre la torture en Mauritanie après la rencontre organisée par le programme en Allemagne en 2011 sur cette question, a-t-il dit. Le gouvernement qatari a également signé la convention contre toute forme de discrimination contre la femme juste après la rencontre sur les droits de la femme en 2009. La 7ème rencontre du dialogue qui s'est tenue à Alger en présence de 9 pays s'est articulée autour de la participation publique. La déclaration d'Alger adoptée au terme des travaux comporte une série de recommandations liées notamment à la nécessité de renforcer le partenariat et la coopération entre les institutions de droits de l'homme, la société civile et toutes les forces sociales et autres parties concernées par les droits de l'homme en faveur de l'élargissement de la participation populaires aux affaires publiques. Les participants ont préconisé la définition des carences enregistrées au niveau des législations relatives à la participation publique et exhorté les gouvernements à les réviser.