L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu, avant-hier, à la baisse ses prévisions de croissance de la demande pétrolière jusqu'en 2016, ne tablant plus que sur une hausse de 1,2% par an en moyenne, au lieu de 1,3% auparavant, du fait de la dégradation de l'économie mondiale. Selon le rapport à moyen terme sur le marché pétrolier, publié par l'agence énergétique de l'OCDE, la demande d'or noir devrait passer de 89,79 millions de barils par jour cette année à 94,45 millions en 2016, soit environ un demi million de barils par jour de moins que ce qu'elle anticipait jusque-là. Ralentissement "Des révisions de données antérieures et une croissance économique inférieure à ce qui était attendu ont conduit à une réduction d'environ un demi million de barils par jour pour 2012", et d'autant sur la période 2011-2016, a souligné l'AIE dans cette étude. "Les prévisions de croissance économique tout au long de la période se sont réduites sur fond de craintes persistantes liées à la dette dans l'OCDE, en particulier, dans la zone euro", et "même la Chine, principal moteur de la hausse de la demande au cours de la décennie écoulée, donne des signes de ralentissement", ajoute-t-elle. 95,68 millions en 2017 Dans le détail, les nouvelles projections de l'AIE sont inférieures de 480 000 baril par jour (b/j) pour 2012 et 930 000 barils b/j pour 2013, par rapport à sa précédente étude prospective publiée en décembre dernier. Les révisions pour les années suivantes vont dans le même sens : -880 000 b/j pour 2014, -680 000 pour 2015, -540 000 pour 2016. Enfin, pour l'année 2017, où il s'agit d'une première estimation, l'AIE table sur une demande de 95,68 millions de barils par jour. Crise et offre aidant, l'AIE entrevoit une détente sur le marché pétrolier L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a dit, avant-hier, entrevoir un relâchement des tensions qui agitent le marché pétrolier dans les prochaines années, en raison de la crise qui freinera la demande mondiale d'or noir et de bonnes nouvelles sur le front de la production. Nous avons bonne confiance que les marchés pétroliers tendus pourraient enfin commencer à s'apaiser, a résumé la directrice générale de l'agence Maria van der Hoeven, lors d'une téléconférence consacrée à la dernière étude prospective de l'AIE, bras énergétique de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Un optimisme pas forcément de bon augure car il découle en grande partie de l'assombrissement des perspectives économiques mondiales. En effet, l'AIE a, dans son rapport à moyen terme sur le marché pétrolier, abaissé d'environ un demi-million de barils par jour la croissance de la demande mondiale d'or noir jusqu'en 2016, à cause de la dégradation de la conjoncture planétaire, couplée à des efforts d'efficacité énergétique plus importants qu'anticipé. La demande de pétrole ne devrait ainsi progresser que de 1,2% par an en moyenne, passant de 89,79 millions de barils par jour cette année à 94,45 millions en 2016. L'AIE évoque en particulier la crise lancinante de la zone euro, et même la Chine, principal moteur de la hausse de la demande au cours de la décennie écoulée, qui donne des signes de ralentissement. Parallèlement, Maria van der Hoeven a mis en avant de bonnes nouvelles du côté de la production. Essor spectaculaire Et de citer entre autres la production pétrolière libyenne, qui a redécollé beaucoup plus rapidement que prévu après le renversement du régime Kadhafi, l'Arabie saoudite qui a ouvert les vannes en grand et porté la sienne à un sommet depuis 30 ans, ainsi que l'Irak, qui pourrait doubler son offre d'ici la fin de la décennie. Mais l'AIE souligne également l'essor spectaculaire de l'extraction de pétrole non-conventionnel (sables bitumineux et autre pétrole de schiste) en Amérique du Nord, qui devrait représenter à elle seule 40% de la croissance de la production mondiale d'or noir d'ici 2017. L'agence anticipe notamment une augmentation de 2,5 millions de barils par jour (bp/j) de la production pétrolière américaine à cet horizon, à 11,4 millions de barils par jour pour une offre mondiale attendue à 102 millions bp/j. Dans l'ensemble, cela signifie qu'un équilibre entre l'offre et la demande plus confortable que prévu et que celui observé durant la majeure partie de la décennie écoulée devrait commencer à apparaître, estime la patronne de l'AIE. La capacité de production excédentaire de l'Opep (autrement dit, la marge de l'Organisation pour augmenter sa production en cas de risque de pénurie) devrait se regonfler, alors que son niveau est jugé dangereusement bas par de nombreux acteurs du marché, ce qui sous-tend en grande partie le niveau très élevé des prix du brut. L'AIE s'attend à ce que cette marge remonte de quelque 3,65 millions de barils cette année à plus de 5 millions dans cinq ans. Cela va-t-il pour autant se traduire par une chute des cours pétroliers ? Les experts de l'agence se montrent très prudents sur ce sujet, évoquant un affaiblissement graduel des prix sur la période, tout en prévenant que ceux-ci devraient se maintenir dans une fourchette toujours historiquement élevée. Ce qui donnerait, en clair un prix moyen du baril de brut importé par les principaux pays membres de l'agence (Europe, Etats-Unis, Japon...) autour de 89 dollars en 2017, contre 107 cette année. Enfin, autre conséquence de ces évolutions, l'AIE s'attend à ce que la carte du commercial mondial du pétrole soit redessinée dans les 5 ans qui viennent, avec une Amérique du Nord qui se rapprochera de plus en plus de l'auto-suffisance, et des capacités de raffinage qui continueront de basculer vers l'Asie et le Moyen-Orient.