Les cours du pétrole ont terminé la semaine dans le rouge, pâtissant, avant-hier, de la révision à la baisse par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) de ses prévisions de croissance pour la demande pétrolière. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre a perdu 21 cents à 91,86 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 114,62 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en recul de 1,09 dollars par rapport à la clôture de la veille. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a diminué ses prévisions de croissance de la demande de brut jusqu'en 2016, ne tablant plus que sur une hausse de 1,2% par an en moyenne, au lieu de 1,3% auparavant, du fait de la dégradation de l'économie mondiale. Les nouvelles projections de l'AIE sont inférieures de 480 000 barils par jour (b/j) pour 2012 et de 930 000 b/j pour 2013 à ses précédentes estimations publiées en décembre dernier, des abaissements significatifs qui sont de nature à aviver les inquiétudes du marché. L'AIE rejoint ainsi l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et l'Administration américaine de l'Energie pour dire que l'offre augmente et la demande baisse, a souligné Phil Flynn, de Price Futures Group. En l'absence d'autres nouvelles majeures, le fait que les tensions géopolitiques entre la Turquie et la Syrie, qui ont soutenu les prix du brut ces deux derniers jours, ne se soient pas concrétisées a aussi fait redescendre un peu la pression, a souligné Bill Baruch, de iiTrader. Les rapports entre la Turquie et la Syrie sont exécrables depuis que cinq civils turcs ont été tués le 3 octobre par un obus syrien à la frontière et la situation restait tendue, avant-hier, après l'interception cette semaine en Turquie d'un avion syrien venant de Moscou. Les opérateurs ont par ailleurs profité de l'écart important entre les prix du Brent à Londres et ceux du WTI à New York, qui a dépassé les 23 dollars au cours de la séance, soit son plus haut niveau depuis fin octobre 2011 selon les experts de Barclays, pour opérer des prises de bénéfices en revendant du pétrole européen. Cette liquidation massive du Brent a mis beaucoup de pression sur le WTI, a remarqué M. Baruch. Les prix ont aussi reculé dans le sillage des marchés financiers, qui ont terminé en baisse en Europe et se dirigeaient à New York vers une clôture dans le rouge, a ajouté l'expert. Le brut en hausse en Asie En Asie, les cours du pétrole étaient en hausse sous l'effet de bons chiffres sur l'emploi aux Etats-Unis et des tensions géopolitiques au Moyen-Orient qui font craindre des perturbations dans l'approvisionnement en provenance de la région. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en novembre progressait de 28 cents, à 92,36 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance progressait de 10 cents à 115,81 dollars. L'annonce d'une baisse des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis lors de la première semaine d'octobre, à leur niveau le plus bas depuis la mi-février 2008, rassérénait le marché en mal de bonnes nouvelles, a relevé Jason Hughes, chargé de clientèle chez le courtier IG Markets à Singapour. "L'amélioration des données sur les premières inscriptions au chômage a soutenu les actifs à risque" dont fait partie le pétrole, et "l'escalade des tensions entre la Turquie et la Syrie ont permis au pétrole de regagner toutes les pertes des jours précédents", a-t-il observé. De plus, le fléchissement du dollar face à l'euro contribuait à rendre encore plus attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises.