Les prix du cacao ont rebondi la semaine dernière, malgré des chiffres ternes mais en ligne avec les attentes sur la demande de fèves en Europe et aux Etats-Unis, tandis que le sucre tombait au plus bas depuis deux ans à Londres, miné par la perspective d'un fort excédent mondial de production. Cacao Après une baisse presque ininterrompue depuis début septembre, les cours du cacao ont rebondi la semaine dernière, faisant fi de chiffres plus que moroses sur la consommation en Europe et en Amérique du Nord, les deux principaux marchés pour la fève brune. Les concassages de fèves, baromètre de la demande de cacao, ont ainsi chuté de 16% sur un an au troisième trimestre en Europe, à 316'676 tonnes, après un repli important le trimestre précédent, selon des chiffres publiés mardi dernier, par l'Association européenne du cacao (ECA), qui fédère négociants et confiseurs. Son homologue aux Etats-Unis, la NCA, a pour sa part fait état jeudi d'un recul plus modéré (-2,2% sur un an) des concassages en Amérique du Nord au troisième trimestre. "Alors que le moral des consommateurs reste pénalisé par les incertitudes économiques, ces chiffres moroses étaient en ligne avec les attentes des investisseurs" et avaient donc déjà été intégré dans les cours, ont expliqué les experts de Barclays Capital. Une fois ces statistiques publiées, les opérateurs pouvaient être ainsi tentés par des achats à bon compte. Par ailleurs, ajoutait-on chez Barclays, "la demande des marchés émergents continue de croître", comme en témoignent les chiffres des concassages en Asie dévoilés eux-aussi la semaine dernière, par la fédération régionale du secteur, "ce qui soutiendra les cours", tout comme le déficit de production attendu en 2012-2013, notamment en raison du phénomène climatique El Nino en Afrique de l'Ouest.Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en décembre valait 1608 livres sterling vendredi dernier, contre 1524 livres le vendredi dernier, précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en décembre valait 2483 dollars la tonne contre 2360 dollars une semaine plus tôt. Café Après le fort repli des deux semaines précédentes, les prix du café ont tenté de se stabiliser la semaine dernière, dans un marché cependant sans grand élan. Outre "les craintes économiques (qui) continuent de plomber le marché", "les perspectives de récolte en Colombie (4e pays producteur) restent encourageantes", ce qui devrait peser à court terme sur les prix, a souligné dans une note Christopher Narayanan, analyste de Société Générale. L'offre colombienne a nettement rebondi depuis six mois, les exportations du pays grimpant de 13% sur un an en septembre. De même, le marché est assombri par les prévisions d'une récolte 2012-2013 florissante au Brésil, qui viendra inonder un marché mondial déjà abondamment approvisionné. Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en novembre valait 2042 dollars vendredi dernier, vers 11H00 GMT, contre 2060 dollars le vendredi dernier, précédent. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en décembre valait 159,25 cents contre 160,70 cents sept jours auparavant. Sucre Les cours du sucre ont accentué leur repli, glissant même vendredi dernier, à Londres jusqu'à 537 dollars la tonne, un niveau plus vu depuis août 2010. "Nous prévoyons un excédent mondial de production de 4,8 millions de tonnes sur l'année 2012-13 (qui vient de commencer), une progression continue du raffinage de canne au Brésil (premier pays producteur), et un fléchissement de la demande mondiale", a résumé Kate Tang, analyste de Barclays Capital. Ces facteurs "devraient limiter toute hausse et accentuer la pression à la baisse au quatrième trimestre, même si les opérateurs garderont les yeux tournés vers les conditions météo au Brésil", a-t-elle ajouté. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en décembre valait 539,50 dollars vendredi dernier, contre 566 dollars le vendredi dernier, précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 19,76 cents contre 20,47 cents sept jours auparavant. Le blé, le maïs et le soja portés par l'espoir du regain de demande Les cours du blé, du maïs et du soja s'affichent en hausse la semaine dernière, à Chicago, profitant après un début de semaine en berne d'un regain d'optimisme sur la demande de ces produits agricoles, en particulier à l'exportation. Les prix ont pâti lundi et mardi de "liquidation de positions par des fonds d'investissement", a noté Dewey Strickler de Ag Watch Market Advisors. Ils souhaitaient "réduire leur exposition aux matières premières", notamment en raison des "incertitudes sur l'économie", a expliqué l'analyste. Mais "l'optimisme des courtiers s'est renforcé au fil de la semaine au vu de l'affaiblissement du dollar par rapport aux autres monnaies, qui est toujours considéré comme favorable aux exportations", a souligné Bill Nelson, de Doane Advisory Services. Le soja a par ailleurs été stimulé par les "inquiétudes sur la météo en Amérique du Sud", a ajouté l'expert. "Il est prévu un temps chaud et sec au Brésil dans les jours qui viennent, alors même qu'on est au début de la saison des semis et qu'il faudrait de la pluie pour apporter de l'humidité dans les sols et aider les graines à germer", a détaillé M. Nelson. Le marché du blé continue de son côté à profiter des "inquiétudes sur la baisse mondiale des réserves", selon M. Strickler, qui note toutefois que le blé américain reste "non-compétitif" par rapport aux autres pays. Mais l'annonce par l'Ukraine, grand pays exportateur de cette céréale, d'une restriction de ses exportations vendredi dernier, a dopé les prix aux Etats-Unis. "Le gouvernement a prévenu qu'il n'y aurait pas suffisamment d'offre disponible à l'exportation à partir de mi-novembre, ce qui est une bonne nouvelle pour les exportations américaines", a indiqué M. Nelson. Du côté de maïs, les cours "suivent la tendance des autres marchés", selon l'analyste. Ils sont aussi particulièrement renforcés par la baisse du dollar puisque le maïs des Etats-Unis pâtit, pour ses exportations, "de prix plus élevés qu'en Amérique du Sud", a souligné M. Strickler. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre évoluait à la mi-séance à 7,6775 dollars contre 7,5275 dollars la semaine précédente à la clôture. Le boisseau de blé à même échéance s'échangeait à 8,8275 dollars contre 8,5675 dollars. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en novembre valait 15,4250 dollars contre 15,2250 dollars en fin de semaine dernière.