Les prix du cacao sont tombés la semaine dernière, à leurs plus bas niveaux depuis plus de deux mois, minés par les inquiétudes sur la vigueur de la consommation des pays occidentaux, alors que les prochaines récoltes en Afrique de l'Ouest s'annoncent meilleures qu'initialement prévu. Cacao Les cours de la fève brune continuent de s'enfoncer, tombant à 1513 livres la tonne jeudi à Londres et 2360 dollars la tonne vendredi dernier, à New York, des niveaux plus vus depuis fin juillet. "Le prix du cacao avait été dopé cet été par la crainte que la sécheresse en Afrique de l'Ouest nuirait aux récoltes et les inquiétudes sur le nouveau système officiel" de vente aux enchères des fèves en Côte d'Ivoire (un tiers de l'offre mondiale de cacao), a rappelé Edward Meir, du courtier INTL FCStone. "Cependant, ces préoccupations se sont atténuées ces dernières semaines: les autorités ivoiriennes ont annoncé de meilleures compensations pour les cultivateurs", qui menaçaient de perturber les approvisionnements, et une amélioration des conditions météorologiques dans la région a permis de relever les prévisions pour la récolte 2012-13 juste commencée, a poursuivi M. Meir. Mais le marché est surtout "assombri par la crainte que les chiffres sur les concassages de cacao en Europe pour le troisième trimestre, publiés la semaine prochaine, seront mauvais", a indiqué de son côté dans une note Sudakshina Unnikrishnan, analyste de Barclays Capital. Le volume concassé en Europe, baromètre de la demande de cacao de la principale région consommatrice dans le monde, s'était effondré de près de 18% au cours du deuxième trimestre, en raison de la dégradation de l'économie. Sur le Liffe de Londres, la tonne de fèves brunes pour livraison en décembre valait 1524 livres sterling vendredi dernier, contre 1533 livres le vendredi précédent vers la même heure.Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en décembre valait 2360 dollars la tonne contre 2406 dollars une semaine plus tôt. Café Les cours du café ont accentué le fort repli de la semaine précédente. Le prix de l'arabica s'est effondré de 13% depuis début octobre, celui du robusta abandonnant 7%."Le marché reste miné par les perspectives florissantes de la récolte au Brésil (premier pays exportateur)", pour la période d'avril 2012 à mars 2013, "qui représente une année faste dans le cycle biennal de la culture caféière" dans la région, ont expliqué les experts de Barclays Capital. De même, après une longue période de repli de sa production (en raison du vieillissement des plants et de mauvaises conditions météo), la Colombie s'attend à voir son offre de café augmenter cette saison d'un million de sacs (de 60 kg) par rapport à la moyenne des quatre années précédentes, selon le gouvernement. La production colombienne a déjà rebondi depuis six mois et le pays (4e pays producteur) a exporté en septembre quelque 531'000 sacs, un bond de 13% sur un an.Or, le marché mondial est déjà abondamment approvisionné. Selon la Fédération européenne du café (regroupant torréfacteurs et négociants), les stocks entreposés dans les ports européens ont ainsi grimpé de 3% au cours du mois d'août.Et pour l'année caféière 2012-2013, qui vient de débuter, "la production d'arabica devrait dépasser la consommation mondiale d'environ 5,6 millions de sacs", un excédent susceptible de plomber davantage les cours, a estimé M. Meir.Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en novembre valait 2060 dollars vendredi dernier, contre 2140 dollars le vendredi précédent.Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en décembre valait 160,70 cents contre 173,90 cents sept jours auparavant. Sucre Après s'être hissés début octobre à des sommets plus vus depuis le début d'août, les cours du sucre ont perdu du terrain cette semaine, pénalisés par un désengagement des fonds spéculatifs, "ce repli technique s'expliquant aussi par des craintes sur une demande mondiale médiocre", selon la revue spécialisée Public Ledger.Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en décembre valait 566 dollars vendredi dernier, contre 595,70 dollars le vendredi précédent.Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 20,47 cents contre 21,37 cents sept jours auparavant. Le soja perd du terrain, blé et maïs se stabilisent Les cours des maïs et du blé se stabilisaient et le soja reculait vendredi dernier, pénalisés par un mouvement de correction après un net rebond la veille, qui avait été provoqué par un rapport de l'USDA plus haussier que prévu pour les produits agricoles. Les prix des céréales et du soja ont en effet été portés jeudi par le document sur l'offre et la demande mondiale du ministère de l'Agriculture, l'USDA, qui a "nettement revu à la baisse les estimations des réserves de maïs et de blé", à l'échelle mondiale, ont noté les experts de Commerzbank. La situation du maïs aux Etats-Unis, premier producteur mondial, reste la plus préoccupante avec un stock de fin de campagne évalué à moins de 15,8 millions de tonnes (Mt) et une production revue à nouveau à la baisse (271,9 millions de tonnes), soit à son plus bas depuis le début de la décennie. Après la sortie de ces chiffres, considérés très haussiers pour le maïs par les experts, les prix de cette céréale restaient en légère hausse pour la semaine. Mais, les cours du maïs limitaient leurs gains en fin de semaine, "car il s'agit d'un actif " suiveur "dépendant souvent des évolutions du blé et du soja", à la baisse vendredi, a estimé Michael Zuzolo. Les prix du blé ont également bénéficié des chiffres de l'USDA selon lesquels les réserves devraient reculer à 173 millions de tonnes, soit 4 millions de tonnes en dessous des estimations, selon Commerzbank. Ce recul des stocks est également dû, selon Dewey Stricklern, de Agwatch Market Advisors, "à la baisse de récolte de blé en Australie (à la suite d'une forte sécheresse) et dans la région de la Mer Noire", a-t-il estimé. Les experts américains ont revu la production australienne de blé en recul de 3 Mt à 23 Mt. Mais "des chiffres d'exportations de blé américain décevants ont limité la hausse des cours de la céréale, tout comme l'intensification des précipitations dans des régions clé des plaines du sud (des Etats-Unis)", a noté Michael Zuzolo de Global Commodity Analytics and Consulting. Les "données de base pour le blé sont moins haussières que prévu", a-t-il ajouté. Pour ce qui est du soja, "les réserves de fin de campagne ont été révisées à la hausse de 4,5 millions à 57,6 millions de tonnes, dans le monde, tout comme les réserves de début de campagne aux Etats-Unis", ont noté les experts de Commerzbank. Après une réaction initialement haussière au rapport, qui montre que la demande en soja reste toujours très importante, notamment en Chine, les prix se sont tassés vendredi, a noté Dewey Strickler. En effet, "les semis (de graines de soja) ont bien commencé en Amérique du Sud et on pourrait s'acheminer vers des récoltes record, même s'il est encore tôt et que les conditions météorologiques restent incertaines", a-t-il détaillé. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre évoluait à 7,6250 dollars en mi-séance contre 7,4800 dollars la semaine précédente à la clôture. Le boisseau de blé à même échéance s'échangeait à 8,65 dollars contre 8,5750 dollars. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en novembre valait 15,28 dollars contre 15,5150 dollars en fin de semaine dernière.