L'Algérie vient de faire sa commande en blé auprès des Etats Unis, le pays actuellement le mieux placé pour tirer parti de l'explosion des cours européens. La semaine dernière, les Etats-Unis ont vendu deux millions de tonnes de blé à l'export. C'est deux fois plus que ce qui était prévu. Un record absolu depuis le début de l'année et qui pourrait même être amélioré dans les prochaines semaines du moment que les récoltes de l'Hémisphère Sud n'arrivent pas sur le marché, du moins pas avant l'automne. Autrement dit, le blé américain se retrouve littéralement seul en piste. L'Ukraine, une origine souvent compétitive face aux Etats-Unis, fait défaut en raison de la sécheresse qui l'a obligée à suspendre ses exportations. Celles-ci pourraient diminuer de moitié par rapport à l'année dernière. Quant à l'Union européenne, elle aussi malmenée par la météo, elle se voit contrainte de réduire ses disponibilités à l'exportation de 17 à 15 millions de tonnes. Par ailleurs, les cours continuent à montrer sur le marché à terme parisien, la tonne de blé valant plus de 200 euros. L'Algérie devra donc se passer de son fournisseur habituel, qui est la France, et se tourner vers les Etats-Unis. Même le blé dur canadien, qui plaît bien ici chez nous pour sa couleur jaune, destiné au couscous et à la farine, a déjà pris lui aussi plus de 40 dollars à la tonne depuis le début de juillet. En d'autres termes, il ne reste que le blé américain en piste. Sur la Bourse des céréales de Chicago, le blé approche pourtant les sommets d'il y a onze ans, mais ce prix n'effraie visiblement pas les acheteurs puisqu'ailleurs c'est encore plus cher. Les pays gros consommateurs comme notre pays ou encore l'Egypte et le Maroc ont -il réellement le choix ? Sûrement pas. Pas loin que la semaine dernière, l'Egypte a déjà passé un contrat pour l'achat de 300 000 tonnes de blé américain. Ce grand pays importateur, qui a coutume d'acheter quand le marché baisse, a préféré se couvrir, de peur que la facture ne soit encore plus lourde d'ici quelques semaines. En tout cas, l'Egypte a l'habitude d'acheter le blé américain. Ce qui n'est pas le cas de l'Algérie qui a été contrainte, cette fois-ci, de passer sa commande auprès des USA. Le blé européen étant trop cher. Les donnes du commerce international obligent. Car même si l'Europe avait, aujourd'hui, suffisamment de blé pour profiter de la situation, et que même si l'Algérie préfère le blé français ou européen pour sa qualité, la robustesse de l'euro face au dollar, combinée à un cours astronomique, lui ôte toutes ses forces face au concurrent américain. Les Etats-Unis disposent ainsi d'un avantage, qui peut d'ailleurs paraître paradoxal, à savoir la faiblesse de leur monnaie. Les USA sont ,en effet , en phase de devenir le premier fournisseur mondial. Algérie, Jordanie, Corée du Sud, Taïwan, autant de pays clients qui viennent de passer des commandes de blé. Autant dire que le blé américain est seul en piste sur le marché mondial.