Plus de 90 000 tonnes de marchandises diverses entreposées au port de Béjaïa souffrent sur les quais, attendant d'être enlevées par la corporation des camionneurs, en grève depuis trois jours, selon la direction de l'Entreprise du port de Béjaïa (EPB). Ces camionneurs, qui n'en sont pas à leurs première grève, revendiquent l'ouverture des portes du port dès 6 heures du matin contre 7 heures actuellement, et le dégagement d'une assiette foncière pour le stationnement des camions sur un rayon de 15 km, selon le conseil communal de l'Union générale des commerçants et artisans de Béjaïa à laquelle sont affiliés les transporteurs. Ce qui ne peut être concrétisé, selon M. Achour, directeur du domaine et du développement de l'EPB, en raison d'une contrainte liée à l'espace du port, mais surtout à cause des dispositions réglementaires qui régissent la sécurité, l'entreposage et le mouvement des personnes et des biens dans l'enceinte portuaire. Cependant, ce débrayage n'a épargné aucun fret, y compris celui des produits sensibles comme des tonnes de viandes, convoyées dans des conteneurs, mais se pose avec acuité pour le bois, et les produits sidérurgiques, a-t-on signalé. La situation risque d'avoir des tournures graves dans les prochains jours qui viennent si une solution n'est pas trouvée entre les deux parties. Une réunion de conciliation s'est même tenue samedi afin de sensibiliser les camionneurs sur les conséquences d'une telle situation, mais qui visiblement n'a pas donné les résultats escomptés. Ceux-ci continuent d'exiger un parc au port. En attendant, le port est en état de saturation et sept autres navires sont en rade en attente de se faire décharger mais contraints à mouiller sur place, faute d'espace d'entreposage. Par ailleurs, le port de Béjaïa connaît quelques travaux de réalignement de ses quais. En effet, après plusieurs reports, les travaux de rempiétement et de réalignement de certains quais du port marchand de Béjaïa, engagés en mars dernier, seront achevés à la fin de l'année en cours, selon la direction des travaux publics qui fait état d'une progression du chantier de l'ordre de 55%. Ces travaux, confiés à l'entreprise Cosider et estimés à 600 millions de dinars, et qui avaient été décidés en juin 2006, consistent en le dragage du bassin accueillant les quais 6 et 7, traditionnellement réservés au trafic passager, et leur consolidation en béton du fait d'un affaissement important subi en novembre 2005, souligne l'Entreprise du port de Béjaïa. Désaffectés pour le lancement du chantier, leur trafic a été décalé temporairement vers les quais 12 et 13, entraînant par là même des désagréments pour les voyageurs, en raison de leur éloignement relatif de la gare maritime, a-t-on précisé. L'opération de dragage a été achevée et menée par voie terrestre, grâce à "l'utilisation de bassins de décantation sur lesquels on a utilisé des grues et bennes preneuses pour évacuer la vase", a expliqué la même source qui précise que ce moyen a été utilisé pour suppléer à l'absence de drague localement et pour écourter les temps d'attente. L'action s'est soldée par le renforcement du tirant d'eau du bassin, porté désormais à 9,50 mètres, profondeur jugée suffisante pour accueillir à terme dans des conditions de sécurité maximale, des navires de plus de 15 000 tonnes. En 2005, tout le reste du port avait subi une opération similaire, à l'issue de laquelle son tirant d'eau a été porté à plus de 12 mètres, améliorant de façon sensible l'accueil de gros navires. Le dernier en date étant un porte-conteneur strans-océanique de l'armateur Suisse MSC (Méditerranéen Shipping Company) qui y a transité avec à son bord 11 000 boîtes EVP (Equivalent vingt pieds). Les travaux d'infrastructure (purge et purge des pieux) sont également achevés, a-t-on signalé, soulignant qu'"il ne reste à réaliser que les écrans de dalles et la construction du nez de quai, d'un distance linéaire de 240 mètres".