La Haute cour administrative du Caire a renvoyé devant la Cour suprême constitutionnelle égyptienne, avant-hier, la question d'une possible dissolution de l'Assemblée constituante, ce qui pourrait donner suffisamment de temps aux islamistes pour achever l'élaboration du projet de Constitution. Les islamistes, qui dominent l'Assemblée constituante de 100 membres et s'opposent aux laïcs, espèrent pouvoir soumettre le projet à un référendum avant que la décision ne tombe. Le débat s'est surtout concentré sur un renforcement potentiel du poids de la loi islamique, la charia, et des pouvoirs du clergé, considérés par les libéraux comme un premier pas vers la mise en place d'un régime théocratique à l'iranienne. Islamistes et libéraux s'opposent aussi sur les questions des droits des femmes, de la liberté de culte, des pouvoirs présidentiels, de l'immunité de l'armée et de la limitation des pouvoirs de la Cour suprême constitutionnelle. Les partisans de l'Assemblée constituante soulignent qu'elle a été composée à l'issue des élections législatives et estiment qu'elle représente largement le paysage politique. Ses détracteurs lui reprochent d'être dominée par les islamistes, principalement les Frères musulmans dont est issu le président, Mohammed Morsi, ainsi que des groupes plus radicaux. Une nouvelle Constitution représenterait une étape majeure dans l'établissement de la démocratie en Egypte, après la chute du régime autoritaire du président Hosni Moubarak, qui a régné avec l'armée sur le pays pendant 29 ans. Le mouvement du Printemps égyptien a été mené par des militants réformateurs exigeant plus de démocratie mais ce sont les islamistes qui ont remporté les élections. La décision de s'en remettre à la Cour suprême constitutionnelle annonce un nouveau bras de fer entre cette instance dominée par des juges laïques et la Fraternité. C'est la même Cour qui a dissout le Parlement dominé par les Frères musulmans, déclaré la loi électorale inconstitutionnelle et empêché le président Morsi de la rétablir après son élection en juin. Aucune date n'a été fixée pour l'examen de la légitimité de l'Assemblée constituante mais la décision pourrait tomber après une consultation populaire sur la Loi fondamentale.