Au moins 146 personnes ont péri avant-hier, dans des violences en Syrie, au premier jour d'une trêve mort-née, âprement négociée par l'émissaire international Lakhdar Brahimi, a rapporté, hier, l'Observatoire syrien des droits des l'Homme (OSDH). L'ONG, qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales dans des hôpitaux militaires et civils à travers le pays, a recensé 53 civils, 50 rebelles et 43 soldats tués le jour de l'Aïd, soit un bilan qui dépasse la centaine de morts, comme chaque jour depuis que la révolte contre le régime s'est transformée en conflit armé au cours des derniers mois. A l'occasion de la fête de l'Aïd Al-Adha, qui dure quatre jours, rebelles et forces régulières s'étaient engagés à faire taire leurs armes, mais les deux parties avaient dit se réserver le droit de riposter en cas de violations du cessez-le-feu par la partie adverse. Le commandement de l'armée a ainsi annoncé tard dans la soirée d'avant-hier, que les forces du régime de Bachar Al-Assad continuaient de faire leur devoir en luttant contre les groupes terroristes armés, en référence aux rebelles, selon les médias officiels. Hier, quatre civils dont un enfant ont à nouveau péri dans plusieurs régions bombardées par l'armée au deuxième jour de la trêve, selon l'OSDH. Un homme a été abattu par un tireur embusqué et un enfant a été tué par des tirs des forces loyalistes dans la province de Deraa, berceau de la révolte dans le sud du pays. Dans la région d'Alep (nord), les avions militaires du régime ont survolé pour la première fois depuis le début de la trêve théorique plusieurs villages de cette province et l'artillerie a bombardé la localité de Maaret al-Artik. La ville même d'Alep a été la cible de roquettes, et des combats intermittents ont éclaté dans le secteur de Sayyed Ali. Et dans la province de Damas, deux civils ont été tués dans des bombardements et par des tireurs embusqués. L'artillerie du régime a bombardé la ville rebelle de Douma et d'autres localités proches, faisant plusieurs blessés. En avril, une trêve négociée par Kofi Annan, le prédécesseur de M. Brahimi, avait déjà volé en éclats au bout de quelques heures. La télévision a montré Assad priant dans une mosquée de Damas La télévision officielle syrienne a montré le président Bachar Al-Assad priant avant-hier,dans une mosquée de Damas à l'occasion de l'Aïd al-Adha, au moment où entrait en vigueur une trêve initiée par le médiateur international Lakhdar Brahimi. Le chef de l'Etat, assis en tailleur, est apparu souriant et décontracté, alors qu'il fait face à un violent mouvement de contestation sans précédent depuis mars 2011. Dans son prêche, cheikh Walid Abdel Haq a appelé les Syriens à cesser de se quereller car vous êtes tous frères. Ne voyez-vous pas ce qui se passe depuis deux ans dans le pays, les destructions et la mort? Arrêtons ceci, a dit l'imam qui menait la prière. Les Syriens doivent revenir à Dieu pour faire échouer la discorde confessionnelle qu'ils essaient de susciter en Syrie. Il faut que nous mêmes, nous crééions un nouveau Moyen-Orient et pas celui qu'essaient de nous imposer les ennemis de l'islam et de la Syrie, a-t-il ajouté. Après la prière, Bachar Al-Assad a pris le temps de parler dans la mosquée avec des fidèles, triés sur le volet, embrassant certains et plaisantant avec d'autres. Attentat à la voiture piégée devant une église Un attentat terroriste à la voiture piégée a visé, hier, une église de la ville de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, a indiqué la télévision d'Etat syrienne, dénonçant une nouvelle violation de la trêve, entrée théoriquement en vigueur vendredi, par les rebelles. Les bandes terroristes armées ont une nouvelle fois violé la trêve, en faisant exploser une voiture piégée devant l'église syriaque de Deir Ezzor, causant d'importants dégâts matériels, notamment à la façade de l'église, a précisé la chaîne. La trêve est un échec, selon un commandant de l'ASL La trêve instaurée en Syrie par le médiateur international Lakhdar Brahimi est mort-née, a affirmé aux médias, hier, un commandant rebelle à Alep, qualifiant le plan de l'émissaire d'échec. Quelle trêve? Cette trêve est un mensonge. Comment un régime criminel peut-il respecter une trêve? C'est un échec de Brahimi, cette initiative est mort-née, a affirmé le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire rebelle d'Alep (nord). J'étais sur plusieurs fronts hier (vendredi) et l'armée n'arrêtait pas de bombarder, a-t-il ajouté, en référence au premier jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu temporaire. Le peuple syrien est devenu un cobaye, à chaque fois, il y a un émissaire qui tente un plan, alors que nous savons que ce régime ne le respectera pas, a-t-il poursuivi, soulignant que ce n'était pas les rebelles qui avaient rompu la trêve. Notre mission est de défendre le peuple, ce n'est pas nous qui attaquons, a-t-il assuré.