Les deux géants publics russes de l'énergie, le pétrolier Rosneft et le gazier Gazprom, ont écrit au président Vladimir Poutine pour s'inquiéter d'une possible ouverture de l'exploration offshore à leurs concurrents privés et étrangers, a révélé, vendredi dernier, l'agence Interfax. Actuellement, les licences d'exploitation du plateau continental russe sont réservées aux sociétés détenues en majorité par l'Etat et disposant d'au moins cinq ans d'expérience dans l'offshore en Russie. De facto, seuls Rosneft et Gazprom sont donc concernés, leurs concurrents privés et étrangers n'intervenant qu'en tant que partenaires, mais le gouvernement russe réfléchit à un assouplissement de ces règles pour les prochaines licences. Dans une lettre envoyée le 18 octobre, les patrons de Rosneft et Gazprom, Igor Setchine et Alexeï Miller, demandent à M. Poutine de donner des instructions au ministère des Ressources naturelles et à l'agence fédérale des Ressources souterraines pour que les licences soient octroyées à Gazprom et Rosneft. Les deux dirigeants justifient leur requête par la complexité de ce type d'extraction qui exige la mise en œuvre de nouvelles technologies, la construction de plateformes spécifiques et l'application de mesures de protection de l'environnement. Le plateau continental russe comprend notamment les très convoitées ressources de l'Arctique, une des régions les plus inhospitalières du monde mais dont les réserves d'hydrocarbures seraient gigantesques. Signe de l'intérêt des opérateurs privés pour cette zone en cas d'assouplissement des règles d'octroi des licences, le numéro deux russe du pétrole, Loukoïl, a fait savoir au gouvernement qu'il était prêt à y investir 2,7 milliards de dollars dans l'exploration, rapportait la veille la presse officielle.