La récession s'est prolongée en Espagne au troisième trimestre, mais a été un peu moins forte, avec un recul du PIB de 0,3% contre -0,4% au trimestre précédent, selon les chiffres officiels provisoires publiés, hier. Ce chiffre est également un peu meilleur que la prévision de la Banque d'Espagne, qui tablait sur un repli de 0,4%. Mais en rythme annuel, le PIB a reculé de 1,6% au troisième trimestre, alors que le gouvernement vise -1,5% à la fin de l'année. La publication de ces chiffres par l'Institut national de la statistique (Ine) a été bien accueillie par la Bourse de Madrid, qui gagnait 0,83% peu après l'ouverture. C'est toutefois le cinquième trimestre négatif de suite pour l'économie espagnole, qui a renoué fin 2011 avec la récession, moins de deux ans après en être sortie. Le pays, quatrième économie de la zone euro où un actif sur quatre est au chômage, a enregistré au premier trimestre un recul du PIB de 0,3%, puis de 0,4% au deuxième. Afin de réduire son lourd déficit public, l'Espagne a lancé un vaste programme de rigueur visant à récupérer 150 milliards d'euros entre 2012 et 2014, dont 39 milliards en 2013, mais selon les économistes, cette cure d'austérité repousse un peu plus la reprise économique du pays, fragilisé depuis l'éclatement de sa bulle immobilière en 2008. Les efforts d'assainissement budgétaire du secteur public ont eu un clair impact sur le repli de l'économie au milieu de l'année, soulignait récemment la Banque d'Espagne. Le gouvernement espagnol s'est déjà résigné à une nouvelle année de récession en 2013, où il table sur un recul du PIB de 0,5%. Une prévision optimiste en comparaison avec celles, par exemple, du Fonds monétaire international (FMI) qui attend -1,3%, de l'agence de notation financière Standard & Poor's qui prédit -1,4% ou encore de la banque Natixis, qui annonce -2,2%. L'inflation toujours forte en octobre, à 3,5% Le rythme de l'inflation espagnole est resté élevé en octobre, à 3,5% sur un an, le même niveau qu'en septembre, quand est entrée en vigueur une hausse de la TVA, selon les chiffres provisoires publiés, hier, par l'Institut national de la statistique (Ine). L'Ine ne détaille pas ces statistiques, calculées en données harmonisées avec celles de l'Union européenne, alors que l'inflation du pays a renoué avec le pic atteint en avril 2011, qui constituait un plus haut depuis octobre 2008. Elle avait ensuite enchaîné plusieurs mois de recul mais depuis le début de l'été 2012, elle est repartie à la hausse. L'inflation avait atteint 2,7% en août, après 2,2% en juillet. Engagé dans un effort historique pour réduire son déficit public, qui a atteint 9,4% du PIB en 2011, le gouvernement espagnol a augmenté la TVA de 18% à 21% le 1er septembre, le taux réduit sur certains produits passant de 8% à 10%. En augmentant l'inflation, cette mesure a aussi un effet pervers: selon la loi, le gouvernement doit revaloriser les pensions de retraite en novembre en fonction justement de l'inflation, ce qui pourrait lui coûter quelque 3,5 milliards d'euros et menacer l'objectif de réduction du déficit, selon les économistes. Enfoncé dans la crise depuis 2008, le pays a obtenu en juillet des objectifs de déficit plus souples de Bruxelles, de 6,3% du PIB cette année contre 5,3% annoncé par le gouvernement espagnol, puis de 4,5% en 2013 et 2,8% du PIB en 2014. En échange, il a dû annoncer un nouveau plan de rigueur draconien (dans lequel s'inscrit la hausse de la TVA), qui a provoqué un fort mouvement de grogne sociale.