La révolution du Premier Novembre 1954 a sauvé, par l'action directe et le soutien des masses, le courant qui était le plus incisif dans le mouvement nationaliste algérien et a permis, d'une façon particulière au nationalisme d'avant-garde, dans le cadre de l'idéologie du Parti du peuple algérien, de transcender ces contradictions et de renouveler certains de ses concepts essentiels , c'est là, l'histoire, les faits et les historiens qui en décrivent ce grand message. En effet, l'idée de la lutte armée ne tarde pas à s'imposer aux esprits et la démarcation fut rapidement faite entre les patriotes et les autres sur la base de l'adhésion dans les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN), d'une part, et le fait de demeurer en dehors, d'autre part. Ainsi, le Front de libération nationale (FLN) et l'Armée de libération nationale (ALN) sont devenus le cadre unique où versent toutes les énergies et qui rassemblent toutes les forces vives du peuple dans une organisation qui agit, sur plusieurs fronts, qui s'active sur tous les plans et qui affronte le colonialisme et ses alliés à l'intérieur et à l'extérieur par de multiples formes d'actions. L'ALN a pu réaliser une mobilisation populaire intérieure sans précédent. Le FLN a su, de son côté, mettre en place des structures civiles à l'intérieur du pays et des organes qui le représentaient à l'extérieur pour traduire cette mobilisation dans les faits, bénéficier de la solidarité arabo-musulmane, de l'élan de libération nationale et des forces éprises de liberté et de paix dans le monde, de telle manière qu'il s'est imposé à l'ennemi, contraint en fin de compte à le reconnaître et à négocier avec lui. La Révolution algérienne a pu, en s'appuyant particulièrement sur son aile militaire, l'ALN, conduire la lutte armée, affronter de nombreuses contradictions de façon à assurer sa continuité et affirmer la capacité des énergies saines et des forces vives à faire face aux secousses qui visaient à faire avorter la révolution et à la faire dévier de sa voie. Le Premier Novembre 54 a été le résultat d'une appréciation juste des capacités populaires, tout comme le 20 Août 1955 qui a été un défi relevé grâce à la saine sensibilité dont disposent les masses ainsi que leur disponibilité totale à accepter la sacrifice suprême. Les idéaux de sacrifices et d'héroïsme dont firent preuve l'ALN sur les montagnes d'Algérie et les Moussabiline et les fidaiyine dans les campagnes et les villes ne tardèrent pas à produire leurs résultats exprimés dans l'unité du peuple, la cohésion de ses rangs et la cohérence du discours qui était adressé. C'est ainsi que le Congrès de la Soummam du 20 Août 1956, à l'instar du soulèvement du 20 Août 1956, a marqué une évolution qualitative dans le mouvement de la Révolution et dans les réalisations qui se sont succédé dans tous les domaines, affirmant ainsi l'ampleur de l'adhésion des masses populaires à son appel. La création de l'UGTA, l'entrée en masse des étudiants dans la lutte, la création de l'union des commerçants, la grève des huit jours, les opérations par lesquelles la guerre s'est portée en France même, les mémorables manifestations de Décembre, la descente de la communauté algérienne émigrée dans les rues de Paris, tout cela a démontré l'importance et la nature des étapes franchies par la révolution sur le chemin de la victoire. Cependant, la plus grande réalisation accomplie par la guerre de Libération réside dans la consécration de l'unité nationale à l'intérieur de frontières établies. Après s'être psychologiquement exprimée en tant que conviction intime à travers les efforts du mouvement nationaliste dans son acceptation la plus large, cette unité s'est imposée aux plans pratiques et organisationnels, le peuple s'est alors, dans un élan unanime, rassemblé, inscrivant ainsi une incomparable épopée. Les conditions âpres de la lutte, l'ampleur de forces de destruction et du mal, mobilisées par l'ennemi, ont imposé une discipline, un type d'organisation, une vigilance et un compter sur soi qui l'ont conduit à se doter d'un instrument exceptionnel de combat. L'affrontement quotidien des dangers a, quant à lui, contribué à la formation de modèles nouveaux de comportement, de solidarité et d'entraide, provoquant de profondes transformations politiques, sociales et spirituelles, et conduisant à la destruction des structures du colonialisme avant même que ses armées ne fussent amenées à évacuer le sol algérien. De sorte que l'unité nationale s'est appuyée également sur des idéaux nouveaux de lutte qui ont renforcé les valeurs du patrimoine civilisationnel algérien. Les conditions de la lutte ont conduit les militants du FLN et les djounoud de l'ALN à mettre en place des structures nouvelles prenant en charge les problèmes des citoyens tant sur les plans alimentaire, de justice, de santé, de l'enseignement que ceux relatifs à la protection des habitants des "zones interdites" dans les campagnes et des habitants des quartiers populeux dans les grandes villes, en un mot, les structures d'un Etat dans toute l'acceptation du terme. Les assemblées populaires, dont l'instauration a été entreprise dès le Congrès de la Soummam, sont progressivement devenues des organes d'administration auxquels s'identifiait le peuple, désertant ainsi les structures de l'administration coloniale. Ces transformations ont introduit de profonds changements qui ont donné à la Révolution nationale un contenu économique, social et culturel, lui imprimant un caractère particulier, de sorte que l'exigence de recouvrement de l'indépendance s'est confondue totalement avec des contenus économiques, sociaux et culturels précis. L'œuvre grandiose qu'a réalisée le FLN de 1954 à 1962 ne consiste pas dans le seul recouvrement de l'indépendance, mais bien plutôt, et en particulier, dans la préparation de conditions nouvelles qui ont ouvert la voie à des mutations profondes, permettant aux masses populaires d'influer la conduite des événements et de forger leur devenir. La Révolution algérienne, de par la plénitude du combat mené, de son vaste déploiement à l'intérieur du pays et des implications heureuses nées de la solidarité des peuples avec l'Algérie, a forcé l'ensemble du système colonial français à abandonner l'administration directe d'un certain grand nombre de pays qu'il colonisait. L'Algérie, dont la chute de l'Etat fut le prélude de la colonisation d'un certain nombre de pays du Maghreb arabe et du continent africain, est aussi le pays qui a contribué, dans une large mesure, au renforcement du courant d'indépendance, car du fait de l'ampleur du combat qu'il menait, il a contraint le colonialisme à s'empresser de se retirer des pays qu'il occupait au Maghreb et en Afrique. Ainsi, plusieurs pays ont parachevé leur souveraineté, tandis que d'autres ont pu s'acheminer vers l'indépendance.