L'Ouganda a menacé, avant-hier, de retirer ses troupes de Somalie, où elles forment l'ossature de la force de l'Union africaine, et des autres opérations de paix auxquelles elles participent, si l'ONU ne revient pas sur ses accusations concernant son rôle dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Nous disons que si ces accusations, qui sont malveillantes et infondées, ne sont pas retirées, alors nous allons envisager de nous retirer, non seulement de Somalie, mais de toutes les opérations de paix dans lesquelles nous sommes impliqués, a déclaré le secrétaire d'Etat à la coopération régionale, Asuman Kiyingi. Kampala, qui assure une médiation entre Kinshasa et les rebelles congolais du M23, a été accusé dans un rapport d'experts de l'ONU ayant fuité mi-octobre de soutenir - de même que le Rwanda, déjà mis en cause auparavant - cette rébellion qui affronte l'armée congolaise depuis plusieurs mois dans la région du Nord-Kivu. Les autorités ougandaises avaient balayé ces accusations, affirmant se préparer à y répondre point par point. M. Kiyingi a démenti que la décision de retrait du contingent ougandais de l'Amisom ait d'ores et déjà été prise, comme l'affirmait ,avant-hier, le quotidien ougandais Daily Monitor, citant des propos du Premier ministre Amama Mbabazi devant le Parlement. Environ 6.500 soldats ougandais sont déployés en Somalie au sein de la Force de l'Union africaine (Amisom), dont les quelque 17 000 hommes épaulent le faible embryon d'armée nationale somalienne, et qui a depuis un an accumulé les succès militaires contre les insurgés islamistes shebab. Ceux-ci ont été chassés en août 2011 de Mogadiscio par l'Amisom et ont depuis perdu la quasi-totalité de leurs bastions du sud et du centre de la Somalie. Les succès militaires face aux shebab ont dopé un processus politique parrainé par la communauté internationale censé doter enfin la Somalie d'institutions pérennes, après plus de 20 ans de guerre civile et de chaos, et qui a abouti cet été à la désignation d'un nouveau Parlement et d'un nouveau président. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait exprimé mi-octobre son soutien sans réserve aux experts auteurs du rapport et avait menacé implicitement de prendre des sanctions contre de hauts responsables d'Ouganda et du Rwanda.