Le taux de chômage est légèrement remonté aux Etats-Unis en octobre, en dépit d'une accélération des embauches dans le pays, selon le rapport officiel sur l'emploi publié, avant-hier, à Washington, à quatre jours de l'élection présidentielle américaine. Le taux de chômage officiel est remonté de 0,1 point pour s'établir à 7,9%, après une chute totalement inattendue en septembre, qui l'avait fait tomber à son niveau le plus faible depuis l'arrivée du président Barack Obama à la Maison Blanche en janvier 2009. Cette remontée du chômage est conforme à la prévision médiane des analystes. Les chiffres, publiés par le département du Travail, sont meilleurs en ce qui concerne les embauches. Selon le ministère, l'économie américaine a créé en effet 171 000 emplois de plus qu'elle n'en détruisait en octobre. Le solde net des embauches apparaît ainsi en hausse de 16% par rapport à septembre, et nettement supérieur à la prévision médiane des analystes, qui donnait 125 000 créations de postes nettes. D'autre part, le ministère a revu en hausse de 33% son estimation des embauches pour août et septembre, ce qui tend à expliquer a posteriori la forte baisse du taux de chômage relevée en septembre (-0,3 point). Le solde des créations d'emplois nettes du secteur privé en octobre (184 000), en hausse 44% sur un mois, est à son plus haut niveau depuis février et nettement supérieur à ce sur quoi tablaient les analystes (130 000). Le gouvernement précise que l'ouragan Sandy n'a eu aucun effet sur ses chiffres. En théorie, le nombre des embauches annoncé par le ministère aurait dû être suffisant pour empêcher une remontée du chômage, mais celle-ci a résulté d'une hausse du taux d'activité (mesurant le nombre des personnes employées ou cherchant activement du travail par rapport à l'ensemble de la population) de 0,2 point en octobre, à 63,8%. C'est une nouvelle encourageante pour l'économie américaine dans la mesure où cet indicateur avait touché en août son niveau le plus faible depuis 1981 (63,5%) et où la baisse du taux de chômage officiel observée depuis son pic de 10,0% touché en octobre 2009 a été provoqué jusque-là essentiellement par l'occultation d'un nombre croissant de chômeurs découragés ou ayant cessé de chercher du travail pour diverses autres raisons. Le pays comptait en octobre 12,3 millions de chômeurs officiellement recensés comme tels, auxquels ils conviendraient d'ajouter, selon les données du ministère, près de 3,5 millions de personnes qui voudraient un emploi mais ne sont pas recensées dans la population active. En tenant compte de ces personnes et de celles qui sont contraintes de travailler à temps partiel faut de pouvoir trouver le poste à plein temps qu'elles désirent, le taux de chômage et de sous-emploi des Etats-Unis a baissé de 0,1 point par rapport à septembre, pour s'établir à 14,7%, indique le ministère. Le gouvernement indique d'autre part que le salaire hebdomadaire moyen des salariés du privé a reculé en octobre de 0,1% par rapport au mois précédent, sous l'effet d'une baisse du salaire horaire, le temps de travail hebdomadaire moyen étant resté stable, à 34,4 heures par semaine. En glissement annuel, le salaire hebdomadaire moyen a augmenté de 1,5%, soit plus que l'inflation telle qu'elle a été mesurée pour la dernière fois par le ministère (2,0% en septembre). Recul continu des nouvelles inscriptions au chômage Les nouvelles inscriptions au chômage ont poursuivi leur décrue pendant la quatrième semaine d'octobre, selon des chiffres publiés la veille par le département du Travail à Washington. Le ministère a recensé le dépôt de 363 000 demandes d'allocations de chômage dans le pays du 20 au 27 octobre, soit 2,4% de moins que la semaine précédente où cet indicateur avait reculé de 5,1%. Les analystes étaient bien plus pessimistes et s'attendaient à voir 375 000 nouvelles personnes s'incrire au chômage aux Etats-Unis pendant la dernière semaine d'octobre. "Il n'y a aucune indication que l'ouragan Sandy ait eu le moindre impact sur cet indicateur. S'il y en a un, nous le verrons dans les prochaines semaines", a commenté un représentant du ministère du Travail, qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat. En raison de la fermeture des administrations pendant les intempéries, deux régions de l'est du pays, le District de Columbia et le New Jersey, n'ont toutefois pas pu fournir leurs données au ministère, a ajouté ce représentant. L'ouragan Sandy, qui a commencé à frapper les Etats-Unis lundi, a paralysé une large partie de l'activité économique dans le nord-est du pays. En moyenne sur un mois, l'indicateur des nouveaux chômeurs s'est lui aussi affiché en légère baisse, de 0,4%, et s'est établi à 367.250 demandes d'allocations hebdomadaires. Gains de productivité plus élevés que prévu (+1,9%) au 3e trimestre La productivité des entreprises aux Etats-Unis a poursuivi sur sa lancée au troisième trimestre, selon les premières estimations publiées par le département du Travail à Washington. La productivité (hors secteur agricole) a progressé de 1,9% en rythme annualisé par rapport au deuxième trimestre, où elle avait déjà gagné 1,9% (chiffre révisé à la baisse) après s'être tassée pendant les trois premiers mois de l'année, indique le ministère. Ce chiffre dépasse les attentes des analystes dont l'estimation médiane tablait sur un gain de 1,6% de la productivité, qui mesure le rapport de la production au nombre d'heures travaillées. La progression observée au troisième trimestre résulte d'une hausse de la production (+3,2%) plus forte que celle des heures travaillées (+1,3%), un phénomène qui avait déjà été constaté sur les trois mois précédents. Le gouvernement indique d'autre part que le coût unitaire de la main-d'oeuvre a encore ralenti entre juillet et septembre sa progression, qui s'est établie à 1,1% en rythme annualisé contre 1,7% pendant les trois mois précédents. Le coût unitaire de la main-d'oeuvre est le rapport du coût de l'emploi (rémunération et charges diverses) à la productivité horaire du travail. Hausse des embauches (158 000) dans le secteur privé en octobre Les embauches du secteur privé se sont accélérées aux Etats-Unis en octobre, selon l'enquête mensuelle sur l'emploi publiée par la société de services informatiques ADP. Les entreprises privées ont créé ce mois-là dans le pays 158 000 emplois de plus qu'elles n'en détruisaient, soit 39% de plus que le mois précédent, en données corrigées des variations saisonnières, indiquent les chiffres d'ADP. Le solde net de leurs embauches apparaît ainsi en hausse de 39% par rapport au mois de septembre, et supérieur à la prévision médiane des analystes, qui donnait 143 000 créations d'emploi nettes. L'enquête ADP a changé sa méthodologie par rapport au mois précédent et est désormais établie à partir d'un échantillon d'entreprises élargi. Ces modifications ont conduit ADP, société spécialisée dans les solutions de gestion de la paye et des ressources humaines, à publier dans le courant du mois d'octobre une révision de tous ses chiffres antérieurs pour tenir compte de sa nouvelle méthode. ADP a néanmoins annoncé avoir revu en hausse de 30% son estimation des créations d'emplois du privé en septembre, à 114 000 embauches nettes. La société indique dans un communiqué que "les entreprises embauchent de façon régulière" et que les "créations d'emplois d'octobre sont conforment à leur moyenne sur les deux dernières années". Accélération de l'activité manufacturière en octobre L'activité des industries manufacturières s'est accélérée en octobre aux Etats-Unis, selon l'indice des directeurs des achats de ce secteur publié par l'association professionnelle ISM. L'ISM manufacturier a progressé de 0,2 point par rapport à septembre pour s'établir à 51,7%, son plus haut niveau depuis le mois de mai, alors que la prévision médiane des analystes le donnait en baisse, à 51,0%, ce qui aurait témoigné d'un léger ralentissement de l'activité. L'indice ISM mesure la perception que les directeurs des achats ont de la conjoncture dans leur secteur. Sa progression d'octobre a été tirée par une nette progression de ses composantes mesurant les commandes nouvelles et la production. L'ISM indique néanmoins dans un communiqué que les commentaires de directeurs des achats sondés pour son étude témoignent d'une "inquiétude persistante relative à la fragilité de l'économie mondiale", et de "commandes légères dans plusieurs secteurs" de l'industrie. Le secteur manufacturier a été le fer de lance des trois premières années de la reprise économique américaine mais il s'est retrouvé à la peine pendant l'été, du fait, entre autres, du ralentissement de l'économie mondiale.L'ISM indique dans un communiqué que le niveau de son indice pour octobre témoigne de la poursuite de la croissance économique aux Etats-Unis, pour le 41e mois d'affilée. Nouvelle hausse du moral des ménages (Conference Board) Le moral des ménages s'est encore amélioré aux Etats-Unis en octobre, pour s'établir à son niveau le plus élevé de l'année, selon l'indice de confiance des consommateurs américains publié par le Conference Board. Cet indice a gagné 3,8 points par rapport au mois précédent, pour s'établir à 72,2 alors que la prévision médiane des analystes le donnait à 72,0. Le chiffre de septembre a été légèrement révisé à la baisse pour s'établir à 68,4 (contre 70,3 estimé précédemment). Les Américains sont "considérablement plus positifs dans leur évaluation de la conjoncture, en particulier en ce qui concerne le marché de l'emploi", a indiqué dans un communiqué le Conference Board, commentant cet indice établi à partir de données recueillies avant le passage de l'ouragan Sandy, qui a frappé le nord-est des Etats-Unis lundi soir. Les consommateurs américains "sont modestement beaucoup plus optimistes à propos de leur situation financière à venir et des perspectives économiques à court terme, et apparaissent dans un meilleur état d'esprit à l'approche de la saison des fêtes", conclut le Conférence Board qui avait dû reporter de deux jours la publication de cet indicateur, initialement prévue mardi. Rebond plus fort que prévu des commandes à l'industrie Les commandes reçues par les entreprises manufacturières aux Etats-Unis ont rebondi en septembre sans parvenir à effacer complètement leur chute du mois précédent, selon des chiffres publiés, avant-hier, à Washington par le département du Commerce. Elles ont augmenté de 4,8% en données corrigées des variations saisonnières par rapport à août, a indiqué le ministère, alors que la prévision médiane des analystes les donnait en hausse de 4,5%. Le gouvernement a revu en baisse de 0,1 point son estimation du recul du mois d'août, à 5,1%, et indique que les commandes industrielles ont progressé en septembre de 0,3% en glissement annuel. Par rapport au mois d'août, la hausse de l'indicateur a été provoquée par un rebond des commandes aux industries de transports de 31,3%. Sujettes à des fluctuations fortes d'un mois sur l'autre, celles-ci avaient chuté de 33,7% en août. Hors secteur des transports, les commandes ont progressé officiellement pour le troisième mois d'affilée en septembre, de 1,4% par rapport au mois précédent, soit deux fois plus qu'en août et qu'en juillet. Confirmant son estimation publiée le 27 septembre, le gouvernement indique que les commandes de biens durables ont chuté au total de 13,2% en août. Celles de biens non durables ont progressé dans le même temps pour le deuxième mois d'affilée, de 2,2%, soit plus rapidement qu'en juillet, où leur hausse avait atteint 1,9%, ajoute le ministère. Le gouvernement a revu en baisse de 0,1 point, à 9,8%, son estimation du rebond des commandes de biens durables en septembre publiée le 25 octobre. Selon le ministère, le reste des commandes (celles de biens non durables) a progressé de 1,0% par rapport à août, ce qui correspond à sa progression la plus lente en trois mois.