Les embauches aux Etats-Unis se sont accélérées à un rythme beaucoup plus soutenu que prévu en juillet, sans toutefois empêcher une légère hausse du taux de chômage, qui s'établit à 8,3%, selon des chiffres publiés, avant-hier, à Washington par le département du Travail. L'économie américaine a créé ce mois-là 163 000 emplois de plus qu'elle n'en détruisait, sa plus forte progression depuis février, indique le ministère dans son rapport mensuel sur le marché du Travail. Le solde net des embauches dans le pays apparaît ainsi en très nette hausse par rapport à juin (64 000), surclassant la prévision médiane des analystes qui tablaient sur 100 000. Les créations d'emplois en juin avaient initialement été estimées à 80 000. Les économistes s'attendaient par ailleurs au maintien à 8,2% du taux de chômage, qui est calculé sur une base différente de celle des créations d'emplois. A trois mois de la présidentielle américaine, dominée par l'emploi et l'économie, les Etats-Unis comptent officiellement 12,8 millions de personnes au chômage, soit 100 000 de plus que le mois précédent. Depuis le début de l'année, le nombre d'emplois créés aux Etats-Unis a atteint chaque mois en moyenne 151 000, s'inscrivant en légère baisse par rapport à la moyenne mensuelle de 2011, selon les chiffres du ministère. Selon le gouvernement, les créations d'emplois en juillet ont été notamment tirées vers le haut dans "le secteur alimentaire, les débits de boisson et la production industrielle". Le ministère indique que le taux de participation à la population active, mesurant la part des personnes en âge de travailler qui occupent un emploi ou en recherchent un activement, est resté stable à 63,8% en juillet, ce qui correspond à un niveau historiquement faible. Le taux de chômage et de sous-emploi, qui tient compte entre autres des salariés travaillant à temps partiel faute de pouvoir trouver un plein temps, ou des personnes ayant cessé de rechercher activement un emploi, est remonté de 0,1 point, à 15%, son niveau le plus élevé en cinq mois. Selon les chiffres du gouvernement, l'emploi privé a augmenté en juillet dans la plupart des grands secteurs d'activité, notamment dans les services, à l'exception de suppressions de postes limitées dans le secteur de la construction et plus marquées dans l'énergie. Le secteur public, qui supprime des postes de manière quasi continue, en a détruit 9 000 en juillet, soit le même niveau qu'en juin. Les données du ministère montrent d'autre part que le salaire hebdomadaire moyen en juillet est resté quasi stable par rapport au mois précédent. En glissement annuel, le salaire hebdomadaire moyen a progressé de près de 2%, soit un rythme supérieur à la dernière mesure de l'inflation réalisée par le ministère (1,5% sur un an en juin). L'indice ISM en hausse L'activité dans les services aux Etats-Unis a accéléré sa progression en juillet, selon l'indice des directeurs des achats de ce secteur publié, avant-hier, par l'association professionnelle ISM. L'ISM "non-manufacturier" a gagné 0,5 point par rapport à juin, pour s'établir à 52,6%. La prévision médiane des analystes donnait une progression moins marquée de l'indice, à 52,3%. L'ISM mesure la perception que les directeurs d'achats ont de la conjoncture dans leur secteur. L'association écrit dans un communiqué que son indice traduit le fait que l'activité économique dans le secteur non-manufacturier a continué à progresser à un rythme légèrement plus rapide que le secteur manufacturier. Elle ajoute que les commentaires des responsables interrogés pour son enquête sont "contrastés et varient d'un secteur ou d'une entreprise à l'autre". La hausse de l'indice a été notamment tirée en juillet par celle de ses composantes mesurant la production, et dans une moindre mesure par celle mesurant les commandes nouvelles. En revanche, la composante mesurant l'emploi a perdu 3 points à 49,3%, indiquant une contraction de l'emploi pour la première fois depuis décembre 2011. L'indicateur de l'ISM englobe les services au sens large puisqu'il prend en compte, en plus du secteur tertiaire, l'agriculture, la construction et les services d'utilité publique comme l'eau et l'électricité, soit plus des trois quarts de l'activité économique américaine. Selon l'indice ISM manufacturier publié mercredi, l'activité des industries manufacturières aux Etats-Unis a continué à se contracter en juillet pour le deuxième mois consécutif, après près de trois ans de progression. Baisse surprise des commandes industrielles Les commandes aux industries manufacturières ont enregistré une baisse surprise aux Etats-Unis en juin après un rebond au mois précédent, selon des chiffres publiés à Washington par le département du Commerce. Elles se sont repliées de 0,5%, en données corrigées des variations saisonnières, effaçant le gain observé le mois dernier, selon les chiffres du ministère. Sur un an, l'indicateur du ministère apparaissait toutefois en hausse de 5,2%. Cette contraction a pris par surprise les analystes dont la prévision médiane tablait sur une progression de 0,6%. En excluant les dépenses de transports, la baisse des nouvelles commandes passées à l'industrie est plus marquée et atteint 1,8%. Par rapport à mai, le repli est notamment lié aux commandes de biens non durables qui ont cédé 2% après avoir déjà baissé au mois précédent de -0,4%. Les commandes de biens durables ont, elles, bien résisté en juin et s'affichaient en territoire positif (+1,3%), enregistrant toutefois une légère décélération par rapport au mois dernier où elles avaient gagné 1,5% grâce à un net rebond des commandes au secteur de l'aéronautique civile et militaire. Les dépenses de construction ont continué d'augmenter en juin Les dépenses de construction aux Etats-Unis ont continué d'augmenter en juin, mais à un rythme légèrement inférieur aux attentes, selon des chiffres publiés par le département du Commerce mercredi à Washington. Elles ont augmenté de 0,4% par rapport à mai, en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières, pour atteindre 842 milliards de dollars, leur niveau le plus élevé depuis novembre 2009, indique le ministère. Susceptible d'être réajusté fortement dans les mois qui viennent, le chiffre du gouvernement est légèrement inférieur aux prévisions des analystes dont l'estimation médiane donnait les dépenses de construction en hausse de 0,5%. Cependant, le ministère a revu en hausse de 0,7 point son estimation de la hausse des dépenses de mai, à 1,6%, et de 0,3 point celle d'avril, à 0,9%. En glissement annuel, son indice des dépenses de construction a progressé de 7,0% en juin. Selon les chiffres du gouvernement, la hausse des dépenses par rapport à mai a été tirée par celles du secteur privé (+0,7%), en particulier celles consacrées à la construction de logements, qui ont augmenté de 1,3%. Le secteur privé représente un peu plus des deux tiers des dépenses de construction. Les statistiques officielles indiquent à l'inverse que les dépenses publiques sont restées stables après cinq mois de baisse, sous l'effet des restrictions budgétaires persistantes au niveau des Etats fédérés et des collectivités locales. Elles étaient tombées en mai à leur niveau le plus faible depuis novembre 2006.