Toyota a relevé ses prévisions annuelles de bénéfices grâce à de réductions de coût supplémentaires, mais a reconnu des difficultés en Europe et en Chine qui l'ont obligé à sabrer ses objectifs de ventes. Ses résultats du premier semestre (avril-septembre) annoncés, hier, ont confirmé le rapide rétablissement du constructeur d'automobiles japonais, qui a multiplié par sept son bénéfice net lors des six premiers mois de son exercice 2012-2013, un an après les problèmes subis à cause d'un séisme majeur dans le nord-est du Japon. Pour l'ensemble de l'exercice qui sera clos le 31 mars, le premier groupe nippon du secteur espère désormais dégager un profit net de 780 milliards de yens (7,8 milliards d'euros au taux de change retenu par ses soins), 20 milliards de plus qu'envisagé jusque-là. Ceci représenterait quasiment le triple de celui de 2011-2012, année gâchée par la paralysie presque complète de la production de Toyota pendant plusieurs semaines, au Japon mais aussi ailleurs dans le monde, à cause du tremblement de terre du 11 mars 2011. L'ex-numéro un mondial du secteur, qui pourrait retrouver son trône en 2012, a aussi relevé de 50 milliards de yens sa prévision de bénéfice opérationnel, à 1.050 milliards de yens (10,5 milliards d'euros), qu'il espère tripler sur un an. Il table sur des compressions de coûts plus importantes qu'envisagées au départ, sans plus de précision, qui compenseront largement des pertes supplémentaires causées par la vigueur du yen. Le groupe a en revanche diminué de 50 000 unités son objectif de ventes mondiales, mettant en avant des conditions du marché pires qu'anticipé en Europe, région frappée par la crise d'endettement et l'austérité, et en Chine, à cause d'un conflit diplomatique sino-japonais. "Nous estimons l'impact (du différend) à 200 000 véhicules" lors du deuxième semestre, a déclaré, hier, le vice-président de Toyota Satoshi Ozawa, lors d'une conférence de presse. Ses ventes chinoises ont plongé de moitié en septembre, à cause d'un conflit de souveraineté sur des îles de mer de Chine orientale. D'importantes manifestations antinippones, parfois violentes, ont eu lieu en Chine à la mi-septembre. Toyota a abaissé de 3,2% sa prévision annuelle de chiffre d'affaires, à 21 300 milliards de yens -ce qui constituerait néanmoins encore un progrès de presque 15%. Le groupe a en effet fait le plein lors des six premiers mois, avec un bénéfice net de 548,3 milliards de yens (5,5 milliards d'euros) et un gain opérationnel de 693,7 milliards de yens (contre un léger déficit d'exploitation l'an passé). Son chiffre d'affaires s'est envolé de plus d'un tiers, à 10 908,4 milliards de yens. "La production a fortement augmenté dans toutes les régions, comparé à l'an passé où nous avions souffert d'une pénurie de pièces détachées à cause du séisme au Japon", s'est félicité le vice-président de Toyota Satoshi Ozawa, lors d'une conférence de presse. Les ventes mondiales de véhicules de Toyota ont rebondi de 50%. Au Japon, elles ont crû de moitié, aidées par le versement de subventions gouvernementales pour l'achat de véhicules peu gourmands en énergie, dont le pionnier des voitures hybrides (à motorisation à essence et électricité) a largement profité. En Amérique du Nord, Toyota a écoulé 83% de véhicules supplémentaires, l'image de la marque ayant retrouvé une bonne partie de son lustre deux ans après un rappel massif de véhicules à cause de problèmes techniques. Toyota procède encore à des rappels de temps en temps -encore 7,43 millions de voitures dans le monde en octobre pour un risque d'incendie sur plusieurs modèles-, mais ceux-ci sont organisés de façon préventive et ne semblent pas trop nuire à la réputation du groupe. Au premier semestre, sa berline Camry et son 4X4 Rav4 ont été particulièrement prisés en terre américaine. Les ventes de Toyota ont aussi été dynamiques en Indonésie et en Thaïlande, deux marchés d'Asie du sud-est en plein développement. Elles ont progressé aussi en Europe, grâce à la Russie, malgré un repli dans les pays du sud du continent frappé par l'austérité.