Les défaillances dans la lutte contre le blanchiment, qui ont obligé HSBC à passer une nouvelle provision ayant contribué à la chute de ses résultats trimestriels, pourrait lui coûter in fine beaucoup plus que les 1,5 milliard de dollars déjà mis de côté, a-t-elle prévenu, hier. La première banque britannique a enregistré une nouvelle provision de 800 millions de dollars au troisième trimestre qui s'ajoute à celle de 700 millions inscrite dans les comptes du deuxième trimestre. "Nous sommes activement engagés dans des discussions avec les autorités américaines pour essayer de parvenir à une résolution mais il n'y a pas encore eu d'accord", a déclaré le directeur général d'HSBC, Stuart Gulliver, cité dans le communiqué de la banque. Mais cette somme de 1,5 milliard de dollars (environ 1,16 milliard d'euros ou 935 millions de livres) pourrait s'avérer insuffisante. "Les autorités américaines agissent à leur discrétion pour décider exactement comment résoudre ce dossier" et "le montant total des pénalités financières pourrait être plus élevé, peut-être significativement plus élevé que le montant provisionné" jusqu'à présent, a mis en garde M. Gulliver. Outre ces pénalités, cette affaire pourrait entraîner des poursuites pénales et civiles contre la banque. A la Bourse de Londres, les investisseurs affichaient leur inquiétude et le titre HSBC lâchait 2,20% à 612,3 pence, vers la mi-séance, dans un marché en baisse de 0,67%. "La provision pour blanchiment d'argent est un facteur d'inquiétude, en particulier en raison de l'incertitude entourant le montant final" des pénalités, a souligné Richard Hunter de Hargreaves Lansdown Stockbrokers. En juillet, HSBC avait reconnu ses "défaillances" et présenté publiquement ses excuses devant une commission d'enquête du Sénat américain, pour avoir manqué de vigilance face à de possibles opérations de blanchiment d'argent. Le rapport du Sénat américain avait souligné de "graves carences" dans le système anti-blanchiment de la banque qui a fait prendre des risques au système financier du pays en l'exposant à de possibles activités de blanchiment d'argent lié au trafic de drogue ou au financement du terrorisme dans les années 2000. Selon ce rapport, HBUS --filiale américaine de HSBC-- a notamment réalisé en six ans 16 milliards de dollars de transactions secrètes avec l'Iran, tandis que sa filiale mexicaine a transféré 7 milliards de dollars vers HBUS entre 2007 et 2008 qui pourraient être de l'argent des cartels mexicains de la drogue. Sous l'effet notamment de cette nouvelle provision de 800 millions de dollars, le bénéfice net d'HSBC a été divisé par plus de deux au troisième trimestre à 2,498 milliards de dollars contre 5,222 milliards un an plus tôt.La banque a en outre été pénalisée par une lourde dépréciation de la valorisation de sa dette ainsi que par une provision de 353 millions de dollars pour faire face aux plaintes de ses clients en Grande-Bretagne, concernant en particulier les ventes forcées d'assurances-crédit PPI ("Payment Protection Insurance"). Cette affaire a coûté pour le moment 2,1 milliards de dollars à HSBC. Au total, les banques britanniques ont mis de côté plus de 11 milliards de livres pour couvrir ce scandale qui est le plus coûteux ayant entaché la finance britannique. En excluant certains éléments, dont la fluctuation de la valorisation de sa dette, le bénéfice avant impôts de HSBC a bondi en revanche à 5,043 milliards contre 2,239 milliards un an plus tôt. Un "solide trimestre" grâce à ses activités internationales, de marché et de banque commerciale, a-t-elle noté. Au chapitre des perspectives, HSBC, très implantée en Asie, continue d'afficher sa "confiance" dans la croissance des pays émergents et de la Chine en particulier mais prévient que les conditions resteront "sombres" en Europe.