Les cours du cacao sont tombés, la semaine dernière, à leur plus bas niveau depuis fin juillet, dans un marché pénalisé par l'arrivée des fèves de Côte d'Ivoire où la récolte bat son plein. Il en va de même pour ceux du café et du sucre les quels ont eux aussi pâti d'une production abondante, notamment au Brésil. Cacao Les cours de la fève brune, après un bref rebond fin octobre, sont repartis à la baisse la semaine dernière, sombrant à 1513 dollars la tonne à Londres et 2327 dollars à New York, des niveaux plus vus depuis respectivement les 20 et 31 juillet. Les prix ont abandonné environ 13% au cours des deux derniers mois. "Les opérateurs attendent d'en savoir davantage sur les récoltes en cours en Afrique de l'Ouest", mais la production en Côte d'Ivoire (35% de l'offre mondiale) "s'annonce bonne" et l'arrivée d'un temps plus sec dans la région "pourrait favoriser la suite de la récolte", a estimé dans une note Jack Scoville, analyste du courtier Price Futures Group. Sur le front de la demande, un regain d'inquiétudes sur la zone euro, exacerbé la semaine dernière par un abaissement des prévisions de croissance de la Commission européenne, a contribué à assombrir le moral des investisseurs, ajoutaient les analystes de Barclays Capital. L'Europe reste en effet la principale région consommatrice de cacao dans le monde. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars valait 1524 livres sterling vendredi dernier, contre 1573 livres pour le contrat de décembre le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en mars valait 2340 dollars la tonne contre 2435 dollars une semaine plus tôt pour le contrat de décembre. Café Le robusta a reculé mercredi dernier, à 1906 dollars la tonne, un plus bas depuis 9 mois, et l'arabica est tombé jeudi à 149,90 cents la livre, au plus bas depuis fin juin, avant de limiter tous deux leurs pertes en fin de semaine. La perspective d'une offre abondante continue de peser: "Les premières indications sur la récolte 2012-2013 (débutée en octobre) montrent que l'offre mondiale devrait continuer de croître", a expliqué l'Organisation internationale du café (ICO) qui a publié la semaine dernière sa première estimation pour la saison. Selon elle, la production caféière 2012-13 devrait ainsi atteindre 147 millions de sacs (de 60 kg), un niveau record, contre 134,5 millions de sacs pour l'année 2011-2012, provoquant un excédent sur le marché mondial. Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en janvier valait 1971 dollars, contre 1973 dollars une semaine auparavant. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en décembre valait 151,45 cents contre 154,10 cents sept jours auparavant. Sucre Les cours du sucre ont accentué leurs pertes la semaine dernière, tombant à 18,69 cents la livre à New York et 505,60 dollars la tonne à Londres, des niveaux plus vus depuis mi-août 2010, toujours plombés par la vigueur de la production au Brésil, premier exportateur mondial. L'UNICA, fédération du secteur sucrier brésilien, a nettement accru la pression sur le marché en indiquant jeudi que les volumes de sucre raffinés lors de la deuxième quinzaine d'octobre dans le centre-sud du pays (où est concentré l'essentiel de la production) avaient bondi de 73% par rapport à la même période un an auparavant, à 2,55 millions de tonnes. Alors que l'activité de raffinage de canne à sucre s'accélère au Brésil, "l'excédent de l'offre de sucre arrivant sur le marché mondial devrait continuer de peser sur les prix", ont souligné les experts de Morgan Stanley, pointant également "les récoltes en hausse en Thaïlande et en Russie", respectivement 5e et 10e pays producteurs. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 505,60 dollars vendredi dernier, contre 520,60 dollars le vendredi précédent pour le contrat de décembre. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 18,83 cents contre 19,41 cents sept jours auparavant. Le blé en hausse, le maïs stable, le soja en baisse Les cours du blé se sont appréciés la semaine dernière à Chicago, portés par des craintes sur l'offre mondiale, tandis que le maïs s'est stabilisé et le soja a reculé, les courtiers revoyant à la baisse leurs inquiétudes au sujet de la production de l'oléagineux. Tout au long de la semaine, les courtiers ont tenté de se positionner sur le marché agricole en fonction de la publication du rapport mensuel sur l'offre et la demande mondiales par le ministère de l'Agriculture américain (USDA), vendredi dernier. Au cœur des préoccupations des courtiers, la production de blé dans le monde menaçait d'être sévèrement revue à la baisse en raison de conditions défavorables à la culture de cette céréale en Australie et Argentine, en passant par l'Europe de l'Est et les Etats-Unis. En conséquence, les prix du contrat à terme de référence pour le blé, pour livraison en décembre, se sont nettement appréciés sur les bourses européenne et américaine, "dépassant le seuil de 9 dollars le boisseau pour la première fois depuis la fin septembre" à Chicago, ont relevé les analystes de Commerzbank. Mais le rapport de l'USDA de vendredi a finalement fait état de prévisions meilleures qu'attendu par les analystes. Dans le monde, les stocks mondiaux en fin de campagne atteindraient 174 millions de tonnes (Mt) contre 173 Mt le mois dernier, malgré un recul de 2 Mt environ de la production mondiale - à 651 Mt contre 653 Mt en octobre. "Les craintes restent cependant toujours fortes", a noté Frank Cholly, de RJO Futures, en raison d'une météo défavorable dans l'hémisphère sud. En effet, le recul des réserves est notamment attribuable à la révision en baisse de la production australienne, à 21 Mt contre 23 Mt: la récolte a débuté et confirme de mauvais rendements, qu'explique la sécheresse désormais installée sur l'île-continent. "Une nouvelle révision à la baisse des prévisions de récolte pour l'Australie et l'Argentine devrait continuer à soutenir les prix" à plus long terme, ont estimé les experts de Commerzbank. "D'autant que les craintes sur des conditions très sèches dans les régions productrices de blé d'hiver aux Etats-Unis" devraient accentuer l'étranglement anticipé de l'offre sur cette céréale, selon eux. En revanche, alors que les courtiers avaient prévu une révision à la hausse des prévisions de production de maïs, selon la maison de courtage Allendale, celles-ci sont finalement ressorties stables par rapport au mois dernier, les déficits liés à la forte sécheresse qui a frappé les Etats-Unis cet été étant déjà connus. "La surprise vendredi était du côté du soja", a noté M. Cholly. En effet, les prévisions attendues en hausse sont dépassées, passant en un mois de 77 à 80 Mt pour la production américaine, soit un stock mondial de fin de campagne estimé à 60 Mt contre 57,5 le mois dernier. "Mais nous ne devrions toujours pas avoir assez de stocks pour satisfaire la demande", a anticipé M. Cholly, ce qui devrait limiter le recul des prix, a-t-il estimé. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre évoluait, en cours d'échanges vendredi, à 7,5350 dollars contre 7,3950 dollars vendredi dernier. Le boisseau de blé à même échéance s'échangeait à 9,1600 dollars vendredi dernier , contre 8,6450 dollars. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en janvier valait 14,7000 dollars contre 15,2675 dollars.