Les prix du blé, montés début décembre à leur plus haut niveau en quatre mois, se sont repliés cette semaine à Chicago, les conditions météorologiques devenant moins menaçantes en Australie, tandis que les cours du soja et du maïs se sont orientés en légère hausse. Les marchés agricoles "sont calmes", observe Frank Cholly, de la maison de courtage Lind-Waldock. "On pourrait assister à une consolidation d'ici à la fin de l'année, en raison du faible volume, et aussi sur des prises de bénéfices". Les cours du blé avaient bondi fin novembre et début décembre en raison des pluies diluviennes qui s'abattaient sur l'Australie. Elles avaient provoqué des inondations et empêché les agriculteurs de moissonner. Mais "ces inquiétudes ne sont plus aussi importantes", estime M. Cholly. "L'Australie dispose d'une production importante, c'est la qualité qui pose problème". D'une part les autorités australiennes ont estimé que le pays enregistrerait une production record, et les pluies ont laissé la place à un temps plus sec. Concernant le soja et le maïs, le marché surveille toujours l'Amérique du Sud, où "l'Argentine subit un temps très sec", selon Frank Cholly. Ces deux matières premières se sont par ailleurs renchéries, les opérateurs se montrant soulagés de voir que les autorités monétaires chinoises n'avaient pas relevé leur taux d'intérêt malgré une inflation à plus de 5% en novembre. Ils craignaient de voir Pékin prendre des mesures pour éviter une surchauffe de l'économie, ce qui pourrait affecter la demande de ce gros importateur de produits agricoles américains. Vers 16H30 GMT (17H30 HEC) vendredi, sur le Chicago Board of Trade, le boisseau (environ 25 kg) de blé pour livraison en mars s'échangeait à 7,49 dollars, contre 7,7550 dollars une semaine avant. Le boisseau de soja pour livraison en janvier s'établissait à 12,9150 dollars, contre 12,73 dollars une semaine plus tôt. Le contrat de maïs à échéance mars valait 5,9350 dollars, contre 5,7425 dollars une semaine plus tôt. Le reste des matières premières alimentaires ont vu leurs cours sensiblement progresser cette semaine, nourris par des inquiétudes sur l'offre, qui ont notamment conduit les cours du café à un nouveau sommet depuis 13 ans vendredi à New York. Les cours du cacao, qui avaient atteint la semaine dernière leur plus haut niveau depuis août, sont restés suspendus à la crise politique en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, qui a connu jeudi un nouvel accès de violences. Par ailleurs, les volumes massifs livrés sur le Liffe de Londres pour le contrat de décembre, expiré cette semaine, agitaient le marché. "C'est le plus gros volume livré depuis dix ans, ce qui exacerbe les spéculations que (le fonds d'investissement britannique) Armajaro a jeté l'éponge" et qu'il "remet sur le marché les larges volumes qu'il a acquis plus tôt dans l'année", notait la revue spécialisée The Public Ledger. Armajaro avait accaparé la quasi-totalité du cacao livré en juillet sur le Liffe, faisant s'envoler les cours à un niveau record depuis 33 ans. Or, alors qu'Armajaro pariait sans doute sur des cours élevés pour rentabiliser son investissement, les prix se sont effondrés de 25% depuis fin juillet. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars cotait 1975 livres sterling vendredi vers 14H00 GMT (15H00 HEC) contre 1924 livres la tonne pour la même échéance le vendredi précédent à la même heure. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en mars valait 2965 dollars la tonne contre 2.24 dollars pour la même échéance une semaine plus tôt. Les cours du café ont conforté leurs gains, portés notamment par "les inquiétudes persistantes sur la quantité et la qualité des fèves de café venant d'Amérique centrale et de Colombie (3e exportateur mondial)", selon les experts de Macquarie Kona Haque et Alex Bos. Le cours de l'arabica est monté vendredi à New York jusqu'à 225,45 dollars la livre, son plus haut niveau depuis 13 ans, battant son précédent record enregistré le 10 novembre à 221,45 dollars. Le cours de l'arabica a atteint quant à lui vendredi 2013 dollars la tonne à Londres, au plus haut depuis cinq semaines. Par ailleurs, le marché new-yorkais ICE a annoncé que son comité dédié au café recommandait d'autoriser les fèves brésiliennes pour son contrat de référence: le Brésil devrait donc rejoindre les 19 autres pays dont la production est négociable sur l'ICE. "Le Brésil obtient satisfaction après plusieurs années de requête (...) Mais la Colombie a protesté, redoutant une détérioration de la qualité des stocks: cela pourrait conduire à une incertitude sur les prix", ont commenté les analystes de Commerzbank. Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison en mars ressortait à 1974 dollars vendredi vers 14H00 GMT contre 1895 dollars pour la même échéance le vendredi précédent à la même heure. Sur le NYBoT-ICE, la livre d'arabica pour livraison en mars s'échangeait à 219,35 cents vendredi à New York contre 203,75 cents la livre pour la même échéance une semaine auparavant. Les cours du sucre ont grimpé cette semaine, toujours alimentés par les craintes d'un rétrécissement de l'offre, les récoltes en Inde comme en Australie (2e et 8e producteurs mondiaux) étant affectées par des pluies trop abondantes, selon les analystes. La décision, mercredi, du gouvernement indien d'autoriser l'exportation de 500'000 tonnes de sucre l'année prochaine "a pris le marché par surprise et entraîné sur le coup un mouvement de vente", mais qui n'a pas duré: "une fois le tumulte retombé, les cours sont remontés", restant soutenus par l'étroitesse du marché, expliquait Nick Penney, de Sucden Financial. Signe de cette étroitesse: l'apparition de situations de pénuries et de rationnement cette semaine dans les supermarchés du Portugal, à la suite du manque de stocks des raffineries du pays, a ajouté M. Penney. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 778,90 livres vendredi vers 14H00 GMT contre 726,50 livres pour la même échéance le vendredi précédent à la même heure. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars valait 31,56 cents contre 28,44 cents pour la même échéance une semaine plus tôt.