La zone euro est entrée officiellement en récession au troisième trimestre 2012, pour la deuxième fois en trois ans, selon une première estimation, avant-hier, de l'office européen de statistiques Eurostat. Le Produit intérieur brut a reculé de 0,1% au 3e trimestre, après s'être déjà replié de 0,2% au trimestre précédent. Une période de récession est constatée lorsque le PIB se contracte pendant deux trimestres consécutifs. Après la crise financière de 2008, la zone euro était tombée en récession et avait renoué avec la croissance au troisième trimestre 2009. L'activité économique de la zone euro est désormais à environ -2,5% de son niveau d'avant crise, estime Martin Van Vliet, de la banque ING. Les chiffres publiés confirment, selon lui, le scénario de récession en double creux (double dip recession) que craignaient les marchés depuis des mois. L'économiste ne voit pas l'horizon s'éclaircir et table sur une récession plus profonde au quatrième trimestre 2012. Ces chiffres confirment que l'économie de la zone euro a un besoin criant de relance macroéconomique. Les responsables politiques semblant peu enclins à envisager une approche coordonnée pour revenir sur l'austérité budgétaire, la relance monétaire et une monnaie plus faible pourraient être nécessaires pour remettre la zone euro sur la voie d'une croissance durable, souligne-t-il. Sur un an, le PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une baisse de 0,6% au troisième trimestre 2012, contre -0,4% au trimestre précédent. Cet indicateur a été publié après les chiffres de croissance de plusieurs pays de la zone euro: en Allemagne, le PIB a progressé de seulement 0,2%, marquant un nouveau léger ralentissement de la première économie européenne. Deuxième économie de la zone euro, la France a elle surpris positivement en voyant sa croissance légèrement rebondir de 0,2% au troisième trimestre. L'Italie et l'Espagne sont-elles restées en récession, avec respectivement un recul du PIB de 0,2% et de 0,3%. La vague de récession qui touche les pays du Sud commence à contaminer ceux du noyau dur (les plus solides de la zone euro), souligne M. Van Vliet, rappelant que l'activité s'est contractée de 0,1% en Autriche et de 1,1% aux Pays-Bas. A l'échelle de l'Union européenne, le PIB a progressé de 0,1% après une baisse de 0,2% au trimestre précédent, ce qui veut dire que les 27 pays européens pris dans leur ensemble ne sont pas entrés en récession. Le Vieux continent n'en reste pas moins sévèrement à la traîne face aux Etats-Unis et au Japon, qui ont respectivement enregistré des PIB en hausse de 2,3% et de 0,2% au troisième trimestre. Croissance 2012 et 2013 plus mauvaise qu'attendu, selon la BCE La croissance en zone euro sera plus mauvaise qu'attendu en 2012 et 2013, selon les prévisionnistes interrogés régulièrement par la Banque centrale européenne (BCE), dont les anticipations sont publiées dans son rapport mensuel rendu public, avant-hier. Pour 2012, ces prévisionnistes prévoient un recul du Produit intérieur brut de 0,5% contre -0,3% attendu il y a trois mois. Pour 2013, ils attendent une croissance de 0,3% contre +0,6% auparavant. Ces attentes "se situent à l'intérieur des fourchettes publiées dans les projections macroéconomiques de septembre établies par les services de la BE, mais se sont rapprochées de la fourchette basse pour 2012", note la BCE. Quant aux anticipations pour 2014, elles ressortent à 1,3% contre 1,4% auparavant. Selon experts sondés, la principale cause de la révision à la baisse pour 2012 est "l'incertitude prolongée dans la zone euro, également attestée par la faiblesse des indicateurs économiques durant l'été et au début de l'automne". "Les exportations nettes continuent d'apporter une contribution positive à la croissance, mais moindre qu'on ne l'escomptait précédemment, en raison d'un ralentissement de la croissance en Chine et aux Etats-Unis", notent-ils. Quant à 2013 et 2014, la révision à la baisse reflète "une incertitude plus durable que prévu, ainsi que la poursuite des mesures d'assainissement budgétaire associées à la crise de la dette souveraine dans certains pays de la zone euro et leur incidence négative sur la consommation et l'investissement" Concernant l'inflation, ces experts attendent une hausse de 2,5% en 2012 et de 1,9% en 2013, soit 0,2 point de plus qu'auparavant, reflétant principalement un "renchérissement des matières premières et des relèvements de la fiscalité indirecte plus importants que prévu". Les anticipations d'inflation pour 2014 restent inchangées à +1,9%. Quant au chômage, qui frappe durement plusieurs pays de la zone euro, leurs prévisions sont plus mauvaises aussi : ils s'attendent désormais à ce qu'il atteigne un taux de 11,3% en zone euro en 2012, 11,6% en 2013 avant une décrue à 11,2% en 2014 contre 10,8% attendu jusqu'ici. La BCE doit réviser en décembre ses propres prévisions de croissance et d'inflation pour la zone euro en 2012 et 2013, et annoncer ses premières projections pour 2014. En septembre, elle avait annoncé attendre un repli du PIB zone euro de 0,4% en 2012 et une croissance de 0,5% en 2013, des chiffres tous deux revus en baisse. Ralentissement de l'inflation confirmé en octobre à 2,5% L'inflation a ralenti en octobre sur un an, à 2,5% contre 2,6% en septembre, a confirmé l'office européen de statistiques Eurostat dans sa deuxième estimation de cet indicateur. L'inflation continue de dépasser pour le 23e mois consécutif le seuil de 2% établi par la Banque centrale européenne, mais elle s'en rapproche alors qu'elle était de 3% il y a un an. La BCE maintient depuis l'été son taux directeur inchangé à 0,75%, un niveau historiquement bas, preuve qu'elle ne craint pas le retour à une hausse des prix et que sa priorité est plutôt la relance de l'économie. L'institut monétaire prévoit une hausse des prix de 2,5% en 2012 (contre 2,4% dans sa précédente évaluation) et de 1,9% en 2013 (contre 1,6% auparavant). L'inflation a été alimentée en octobre par les transports (4,1%), les boissons alcoolisées et le tabac, ainsi que le logement (4% chacun). A l'inverse, les communications (-3,5%), les loisirs et la culture (1,0%), l'habillement et l'équipement électroménager (1,2% chacun) ont vu leurs prix baisser ou peu augmenter. Par pays, le taux annuel le plus faible a été observé en Grèce (0,9%). Au sein de la zone euro, l'Allemagne, l'Irlande, la France et le Portugal enregistrent un taux inférieur à la moyenne, avec 2,1% chacun. C'est en Estonie que l'inflation est la plus élevée (4,2%), suivie par la Finlande et l'Espagne (3,5% chacune). Dans l'ensemble de l'Union européenne, le taux d'inflation a été de 2,6% en octobre contre 2,7% en septembre. Il était de 3,4% en octobre 2011.