Le PIB de la zone euro a reculé de 0,2 % au deuxième trimestre. L'activité a diminué en Allemagne, en France et en Italie. La stabilisation de l'inflation, à 4 %, en juillet, fait espérer à certains économistes un retour à la croissance au troisième trimestre. Mais les indicateurs de ces dernières semaines n'incitent pas à l'optimisme. Après un hiver clément, la zone euro a connu un printemps pourri. Et l'été est bien parti pour être des plus maussades. Le PIB des quinze pays utilisant la monnaie unique a reculé de 0,2 % au deuxième trimestre par rapport aux trois mois précédents, a annoncé jeudi Eurostat. Une première depuis le lancement de l'euro le 1er janvier 1999. L'activité économique avait encore progressé de 0,7 % au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents, en raison notamment de la bonne tenue du secteur du bâtiment, du fait de conditions climatiques particulièrement favorables. Même scénario pour l'ensemble de l'Union européenne. Après une hausse de 0,7 % au premier trimestre, le PIB des Vingt-Sept s'est replié de 0,1 % au second. Cette désagréable correction était attendue. Elle est toutefois " un peu moins sévère " que ne le craignaient de nombreux experts, remarque Véronique Riches-Flores, économiste à la Société Générale. Sauf en France, où la baisse de l'activité s'est révélée plus forte que prévu (lire pages 2 et 3). Les pays de la zone euro ont, pour la plupart, limité les dégâts. Après une croissance de finalement 1,3 % au premier trimestre, le PIB de l'Allemagne n'a reculé que de 0,5 % au second, alors que certains experts évoquaient une chute de 1 %. Plus mal en point que l'Hexagone, l'Italie n'a affiché qu'un recul de 0,3 %. Les Pays-Bas ne sont pas tombés dans le rouge. L'Espagne est restée dans le vert, avec une petite hausse de 0,1 %. Quant à l'Autriche et le Portugal, ils s'en sont plutôt bien sortis avec une progression de 0,4 %. Après un premier trimestre négatif, l'économie lusitanienne a finalement échappé à une récession technique. Seuls le Danemark et l'Estonie, dans l'Union européenne, ont, pour le moment, enchaîné deux trimestres consécutifs de recul de l'activité. Flambée des prix Eurostat n'a pas dévoilé, jeudi, l'évolution des grandes composantes du PIB de la zone euro. Mais les économistes sont convaincus que la consommation et l'investissement ont diminué au deuxième trimestre. La flambée des prix des hydrocarbures et de l'alimentation, alliée à des conditions de crédit plus difficiles, a conduit de nombreux ménages à réduire leurs dépenses. Une faiblesse de la demande qui a poussé les entreprises à limiter leurs projets de développement. Et les exportations ont dû marquer le pas en raison du ralentissement de la croissance outre-Atlantique et de l'euro fort. Seule bonne nouvelle, l'inflation s'est, semble-t-il, stabilisée. Sur douze mois, elle s'est élevée à 4 % en juillet dans la zone euro, a annoncé jeudi Eurostat. Comme en juin. Les prix à la consommation ont même baissé de 0,2 point d'un mois sur l'autre. L'inflation a atteint un pic, assure Caroline Newhouse-Cohen, économiste à BNP Paribas. Elle devrait commencer à refluer d'ici à la fin de l'année, en raison d'un effet de base et du repli des cours des matières premières. " Les prix des hydrocarbures ont chuté de plus de 20 % ces dernières semaines. Un reflux qui conduit certains analystes à écarter l'hypothèse d'une récession technique sur le Vieux Continent cette année”. " Légère croissance " " En raison de la forte baisse des matières premières, il est assez peu probable que la zone euro tombe en récession au troisième trimestre ", écrivent Sylvain Broyer et Cédric Tellier, de Natixis. Un point de vue partagé par Martin Van Vliet d'ING, qui table sur une " légère croissance " entre juillet et septembre. Mais nombre d'économistes tablent désormais sur un deuxième trimestre d'affilée de baisse du PIB dans la zone euro. " Les indicateurs avancés publiés ces dernières semaines nous disent que nous sommes déjà en récession ", estime Véronique Riches-Flores. " Si un rebond est envisageable en Allemagne, il est fort probable que l'activité reculera en France, en Italie et en Espagne " entre juillet et septembre, ajoute Caroline Newhouse-Cohen. Une chose est sûre, en revanche, le cycle de resserrement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) est, lui, bel et bien terminé. Son président, Jean-Claude Trichet, l'avait laissé entendre il y a dix jours. Les chiffres publiés jeudi vont lui lier les mains. La question qui se pose maintenant pour les économistes est de savoir combien de temps durera le statu quo. Avant une baisse des taux. STÉPHANE DUPONT