L'économie du Brésil, la sixième économie du monde, a progressé d'un modeste 0,6% au troisième trimestre par rapport au deuxième, donnant des signes de relance mais en deçà des attentes du gouvernement, a indiqué, avant-hier, l'Institut brésilien de géographie et statistiques (Ibge, public). "Ce résultat représente une amélioration. Nous sommes sur la voie de la relance de l'économie, de la croissance. Elle n'a pas été aussi forte que nous et les analystes l'espérions, mais l'économie a accéléré", a déclaré le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, après la diffusion du PIB. "C'est le meilleur taux par rapport aux trimestres précédents. Nous devrions enregistrer une croissance de +4% en 2013", a ajouté M. Mantega, lors d'une conférence de presse à Sao Paulo, soulignant que, la semaine prochaine, le gouvernement prendra "de nouvelles mesures" pour le crédit et les investissements. Le PIB brésilien a progressé de 0,9% de juillet à septembre par rapport à la même période de 2011 et, sur l'ensemble des trois premiers trimestres de 2012, il accumule une hausse de 0,7%, a précisé l'Ibge. Ce résultat a frustré les attentes des marchés financiers et du gouvernement qui tablaient sur une hausse du PIB de 1% au troisième trimestre. Néanmoins, la hausse du PIB au troisième trimestre est la plus forte de l'année: au premier trimestre elle a été de 0,1% et au deuxième de 0,2% par rapport au trimestre précédent, selon des chiffres révisés par l'Ibge , avant-hier. "Le résultat du troisième trimestre n'est pas le 1% que nous attendions. Cela va tirer à la baisse le résultat annuel du PIB qui devrait s'établir autour de 1%", a dit l'économiste de l'Institut brésilien d'économie (IBRE) de la Fondation Getulio Vargas, Silvia Matos. La Banque centrale du Brésil (BCB) s'est félicitée du résultat du troisième trimestre "qui indique la poursuite de la reprise économique". "La demande interne reste le principal support de l'économie, avec la consommation des familles stimulée par l'expansion du crédit, la création d'emplois et de revenus", souligne la BCB dans un communiqué. "En revanche, la lente récupération de la confiance contribue au fait que les investissements n'ont pas montré de réactions aux encouragements dans l'économie", analyse la BCB pour qui "les solides fondamentaux et un marché interne robuste font la différence de l'économie brésilienne" qui s'améliorera l'année prochaine malgré la conjoncture internationale. Lanterne rouge des pays émergents Les marchés prévoyaient une croissance du PIB de 1,5% pour 2012, le même chiffre que celui avancé par le FMI dans son rapport semestriel d'octobre et qui est bien inférieur à d'autres grands pays émergents: 7,8% prévus par l'organisme international pour la Chine, 4,9% pour l'Inde et 3,7% pour la Russie. Le FMI prévoit une hausse du PIB de 3,2% pour l'Amérique latine, supérieure aussi à celle du Brésil. De juillet à septembre, le secteur agroalimentaire du Brésil a augmenté de 2,5% et l'industrie a donné des signes de relance en progressant de 1,1%. La consommation des familles a augmenté de 0,9% "mais à la surprise générale les services qui avaient beaucoup progressé au cours des dernières années ont stagné", a dit Mme Matos. Le rythme de croissance de l'économie brésilienne a ralenti en 2011 en raison de la crise internationale: le PIB avait progressé de 2,7% contre 7,5% en 2010. La timide relance du Brésil répond aux mesures d'encouragement à l'économie mises en place par le gouvernement et survient après une baisse record du taux d'intérêt directeur de la Banque centrale à 7,5% aujourd'hui. L'analyste Roberto Troster, ex-économiste de la Fédération brésilienne des banques, a estimé toutefois que le gouvernement "devrait changer sa politique économique et moins regarder la demande et la consommation pour donner plus d'attention à l'offre en faisant les réformes structurelles dont le pays à besoin". Pour lui, le Brésil a été frappé par la crise internationale mais paie aussi ses problèmes internes avec son manque de politiques visant à promouvoir la production et la compétitivité.